1.2. Limites et difficultés
La recherche scientifique comporte des normes qu'il faut
suivre pour produire un travail de qualité. Dans toute production en
recherche, qu'elle soit scientifique ou non, l'auteur ou le chercheur est
confronté à des limites ou au moins à des
difficultés dans son travail. La recherche de l'information ou la
collecte des données reste le point crucial dans une étude
scientifique où le chercheur, dans la quête de la
vérité, doit dire le vrai, le décrire, le comprendre,
expliquer cette réalité (de terrain) et la modéliser. Le
chercheur, dans son travail, dépasse celui du journaliste, notamment
pour des questions de
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temporalité (le chercheur ne travaille pas dans
l'urgence) et de validité (la preuve est fondamentale dans la recherche)
(Talbot, 2004).
Cette étude a été riche en enseignement
et en apprentissage au regard du travail effectué et des rencontres
réalisées durant la recherche. La contextualisation de notre
problématique de recherche nous a permis de mesurer et de comprendre le
niveau dans lequel s'inscrit la notion d'évaluation préalable
dans un projet culturel. L'appropriation de notre thématique nous a
aidés à identifier les forces et les faiblesses que rencontrent
les porteurs de projet dans la conception d'un projet ou d'une action. Notre
méthodologie de recherche et de travail, nous a conduits à saisir
les relations qui s'établissent entre les porteurs de projet et les
évaluateurs dans le cadre du dispositif les liants et à nous
pencher sur un ensemble de dimensions théoriques passionnantes. Durant
la construction de notre raisonnement pour ce mémoire, nous avons eu le
sentiment d'aller à la limite de nos efforts de recherche. L'objectif
était de réaliser un travail de qualité et de
découvrir toute la richesse qui entoure la recherche, ainsi que les
difficultés qui l'accompagnent.
Cette étude nous a permis de constater également
que la prise en compte des données d'un dispositif favorise la
compréhension de ses règles et de ses normes. Un porteur de
projet qui s'approprierait le dispositif en respectant ou en suivant le cadre
théorique et logique ne s'exposerait pas au rejet de sa proposition lors
de l'évaluation pour l'obtention d'une subvention. Il est
nécessaire de prendre en compte toutes les données
présentes, d'analyser les discours et les documents mis à
disposition pour ne pas être surpris. C'est dans cette perspective du
respect du cadre logique seulement que le porteur de projet trouverait un
écho à sa demande.
Durant ce travail, les limites et les difficultés ont
été au coeur de la recherche, entre autres des contraintes
d'ordre temporel, des problèmes dans l'accès aux données,
le refus de communiquer de la part de certains acteurs. Du point de vue de ces
limites et difficultés, nous allons partir sur trois bases de
raisonnement.
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Le premier raisonnement concerne la méthode que nous
avons employée pour traiter le sujet de notre étude. Il
était nécessaire en effet de choisir une méthode
spécifique pour aborder notre sujet de recherche : l'analyse qualitative
et quantitative des documents de travail formant notre corpus et la
réalisation des entretiens semi-directifs. C'était une
étape importante qui nous a poussés à beaucoup lire en
tenant compte des représentations et de l'interprétation des
entretiens, une contribution utile et rationnelle à cette étude.
Certes, d'autres méthodes de recherche auraient été utiles
durant notre étude, mais le choix de celles cités en amont nous a
aidés à mieux aborder notre travail et nous en sommes
satisfaits.
Deuxièmement, la réflexion menée dans
notre étude est le résultat à un moment donné de
l'écriture et d'une méthode choisie en amont. Pour s'approprier
la thématique de l'étude, nous avons lu des ouvrages choisis soit
par nous-mêmes en bibliothèque, soit selon les propositions de
l'encadreur, de collègues et amis, ou bien des articles parus dans des
revues spécialisées ou repérés au hasard de nos
lectures. Un travail heuristique et scientifique dont l'objectif était
de prouver les résultats obtenus. Certes, notre étude a connu des
tâtonnements, des blocages, des modifications, des lectures et relectures
avec pour finalité la quête d'une vérité
scientifique. Un travail scientifique de qualité repose sur des preuves
et des témoignages des pairs de la recherche et des acteurs de terrain.
Cela a été un plaisir de lire et d'analyser les travaux de ces
auteurs pour notre mémoire. Mais il ne saurait confirmer ou affirmer une
vérité réelle, car la recherche est une science sur le
long terme.
Le troisième et dernier raisonnement sur les limites et
les difficultés concerne la question de la temporalité qui a
beaucoup joué sur notre travail. Il est certain que l'accès au
terrain a été favorisé par les responsables du programme
ACP Cultures+, mais la rencontre avec des évaluateurs de projets
soumissionnés n'a pas été autorisée. En revanche,
nous avons pu échanger avec les techniciens (Cf. le point 1.3.3 Les
entretiens semi-directifs du premier chapitre de la troisième
partie).
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Parler de l'appel à propositions, c'est résumer
les résultats par les projets reçus, soit les projets
acceptés pour subvention soit les projets rejetés ne
répondant pas aux normes du dispositif. Ainsi, pour mieux mener notre
enquête et produire des résultats, il nous fallait obtenir un
projet accepté, support que nous avons reçu, et un projet
rejeté, support qui nous a été refusé en raison de
la règle de protection des données. Il faut savoir que l'analyse
d'un seul projet culturel ne suffisait pas à évaluer le travail
de tous les porteurs de projet soumissionnant leurs propositions. La
confrontation de deux projets ou propositions, à savoir l'un
accepté et l'autre rejeté, devait nous aider à saisir le
degré de la compréhension des normes et règles du
dispositif par les porteurs de projet. L'analyse d'un seul projet biaisait
notre démarche de recherche. Nous avons heureusement analysé
également le dispositif principal afin de nuancer les
résultats.
Nous avons évoqué la question de la
temporalité. Traiter un tel sujet de recherche en moins de douze mois
n'était pas chose facile pour produire un travail de qualité.
Nous nous sommes cependant efforcés de faire de notre mieux avec les
matériaux disponibles. L'objectif était d'aller au plus
près des porteurs de projet, sur le terrain en Afrique pour une valeur
ajoutée, car la recherche signifie des données fiables ou des
preuves. À défaut du terrain en Afrique, nous nous sommes
contentés des questionnaires, des entretiens et des interviews qui nous
ont fourni des éléments d'analyse.
Du côté de Bruxelles, la rencontre avec certains
techniciens du programme n'a pu avoir lieu faute de temps et de calendrier.
Mais l'accès au terrain nous été facilité et nous
avons pu rencontrer quelques techniciens avec qui nous avons
échangé. Le problème dans cette démarche a
été l'impossibilité de rencontrer les évaluateurs
ayant pour mission d'évaluer les propositions des porteurs de projet
dans le cadre de l'appel à propositions. Concernant les porteurs de
projet africains, c'est par l'entremise des institutions du programme à
Bruxelles que nous les avons rencontrés lors des journées de
formation dédiées aux bénéficiaires du programme.
Par manque de financement, nous ne sommes pas allés en Afrique au plus
près d'eux. Mais les échanges ont été fructueux et
encourageants.
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