1.3. Présentation du terrain de recherche
Les enquêtes quantitatives et qualitatives,
l'observation directe et ethnographique (Wahnich, 2006) permettent à un
chercheur d'analyser une situation dans l'objectif d'un recueil de
données vérifiables et quantifiables. Le terrain est loin
d'être un simple support et champ de recherche, il est à la fois
le point de départ et l'objectif final de tout processus de
connaissance, et module les résultats de la recherche (Belhedi, 1998).
Il ouvre la porte à une réflexion méthodique,
organisée, normée et réglementée du chercheur
à la recherche d'éléments nouveaux. Dans cette
démarche, le chercheur, par sa stratégie de travail, recueille
des données légitimes à son étude et pose les bases
de la fiabilité de la collecte. Les données recueillies et
observées vont lui permettre de construire un raisonnement ou
d'améliorer une situation observée. Afin de cerner notre terrain
de recherche, il était question de déterminer sur quoi nous
allions baser notre étude et de quelle manière nous allons
procéder dans la collecte des informations. Ainsi, notre démarche
nous a conduits à identifier l'environnement ou le terrain sur lequel
nous allions devoir recueillir les données qui nous permettraient de
vérifier notre problématique de départ.
Le terrain constitue un maillon incontournable dans la
recherche, même la plus théorique qui soit. En effet, le terrain
constitue le point de départ et le point de chute de toute recherche, il
est le champ d'application, d'expérimentation et d'initiation de la
recherche. Même les spéculations les plus théoriques ont
toujours une retombée sur le terrain qui prend des formes
différentes (Belhedi, 1998). Le choix d'un terrain de recherche doit
être fait selon la problématique d'étude et la
finalité des travaux à conduire. C'est le maillon incontournable
de la recherche, la colonne vertébrale de l'étude et le fondement
des résultats attendus ou fixés.
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Notre étude est axée sur les enjeux de
l'évaluation préalable d'un projet culturel, en amont de la
conception des outils évaluatifs et avant sa soumission pour une
subvention. Cette démarche s'est effectuée dans le cadre du
programme ACP Cultures+ via le financement de l'Union européenne. Une
question a été le point de départ de la
problématique : Pourquoi les porteurs de projet doutent-ils du
système d'évaluation des projets soumissionnés dans le
cadre du programme ACP Cultures+, craignant que leur projet soit rejeté
? De cette question, nous allons nous pencher dans ce mémoire sur les
enjeux de l'évaluation préalable et notamment le fait que les
logiques de l'évaluation amènent le porteur de projet a raisonner
selon ces logiques à adhérer aux principes de l'évaluation
et à devenir lui-même le premier évaluateur de son projet.
Une fois que l'on met en place une logique d'évaluation, le sujet
évalué ne peut plus échapper à des règles de
l'évaluation et est obligé à les intégrer
même dans la phase de conception de son projet.
Afin de construire notre cadre théorique,
vérifier notre problématique et nos hypothèses, le recueil
des données nécessitait l'accès au terrain afin de
légitimer la construction de notre raisonnement. À cet effet,
nous avons défini et délimité notre terrain de recherche,
tout en divisant la stratégie de travail en deux parties :
premièrement, oeuvrer avec les acteurs de terrain (les porteurs de
projet), tous basés en Afrique, dans l'objectif de comprendre leurs
méthodes de fonctionnement et comment ils saisissent la notion
d'évaluation préalable lors de la conception des projets
culturels ; deuxièmement, connaître comment fonctionne l'organisme
de financement de projets (programme ACP Cultures+ via l'Union
européenne) basé à Bruxelles, en Belgique, pour l'octroi
de la subvention selon le dispositif et suite à l'appel à
propositions, ainsi que les finalités des projets
subventionnés.
1.3.1. Analyse et délimitation du terrain
Analyser un terrain dans le cadre d'une recherche revient
premièrement à le délimiter du fait qu'il est à la
fois un milieu physique et un champ spatial, une technique d'approche du
réel (Belhedi, 1998) pour un chercheur qui doit mesurer l'ampleur de son
travail, déchiffrer les codes d'accès et s'approprier le milieu
pour le recueil d'informations. L'accès au terrain n'est pas toujours
facile au regard des procédures à mettre en place et des
processus à respecter, du fait qu'il est le point de départ d'une
étude qui devra permettre de mieux cadrer une démarche
scientifique avec un objectif pratique et pragmatique. Dans le cadre de notre
étude sur l'analyse des enjeux de l'évaluation préalable
en amont d'un projet culturel et avant
67
soumission pour une subvention, il était question de
rencontrer les acteurs culturels pour connaître entre autres leur niveau
professionnel et de rencontrer les institutions de financement par le biais des
administrés pour comprendre leurs modes de fonctionnement et les
démarches de l'octroi des financements.
Nous avions décidé de faire de l'observation
directe pour ne pas être le chercheur-spectateur mais le
chercheur-observateur recueillant des informations, des matériaux
à la source dans le cadre conceptuel de notre recherche. Nicolas Flamant
(2005) professionnel des ressources humaines à écrit, le parcours
de la situation observée jusqu'à la restitution de contenus est
une enquête à part entière. Elle contribue à la fois
à l'analyse des conditions de production des sources et à la
construction de l'objet même de la recherche. Notre étude nous a
amené à rencontrer les porteurs de projet (les soumissionnaires),
l'organisme d'octroi des subventions et les experts (consultants) pour
l'analyse de terrain.
Une fois atteinte une certaine étape d'avancement de sa
recherche, le chercheur va concrétiser pleinement son rapport au terrain
: il prend des contacts et "descend" sur son terrain (Raoul, 2002) afin de
pouvoir se l'approprier et prendre le contrôle dès que possible de
l'environnement de l'étude. Il n'est pas toujours facile de s'approprier
un terrain dont nous ne connaissons pas les règles de fonctionnement,
les obligations qui s'imposent et les critères d'utilisation des
données qui doivent être recueillies. Philippe Quinton (2009),
enseignant-chercheur voit le terrain comme un texte à exploiter, un
prétexte à partir duquel un éclairage va être
donné à un phénomène que le chercheur, dans sa
démarche de conquête de terrain, doit exploiter et expliquer.
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