CHAPITRE IV : LES PROBLEMES ET LES PERSPECTIVES DU
CONFLIT UKRAINIEN DANS LA RELANCE DE LA GUERRE FROIDE.
Dans ce chapitre 4 dernier de notre travail, il sera question
de donner les problèmes et perspectives que peuvent être
soulevés par le conflit Ukrainien dans les jours avenirs. De ce qui
précède, l'accent sera mis sur le problème historique,
problème de la Crimée et Donetsk et le problème
économique. Et en termes de perspectives, l'accent sera mis sur
l'association de l'Ukraine à l'union européenne, de l'ampleur de
la réaction Russe, de l'irrationalité de ce conflit et l'Ukraine
pourra devenir une zone grise de l'Europe de l'Est.
SECTION I : LES PROBLEMES SOULEVES PAR LE CONFLIT
UKRAINIEN
Dans cette section, il sera question des problèmes de
l'unité, le problème de la Crimée et Dobbas et les
problèmes économiques qu'ont soulevés le conflit
Ukrainien
§1. Problème historique
Avant 1991, l'Ukraine n'avait jamais existé en tant
qu'État, sujet reconnu de droit international. Sur l'isthme Baltique -
mer Noire, il n'y avait pas eu d'État avant la formation de la Rous en
856. Elle comprenait seulement l'ouest de l'Ukraine actuelle et la
région de Kiev à l'exclusion du sud et de l'est. Elle
s'étendait principalement sur les territoires actuels de la
Biélorussie et de la Russie. Abattue par les Tatars en 1240, elle se
fragmenta en principautés. Dans l'empire constitué par Moscou sur
cet espace, la place de l'Ukraine actuelle était occupée par
plusieurs provinces, dont aucune ne portait ce nom1.
1 Channon, J., op.cit., p. 144
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Lors de l'éclatement de l'empire en 1917, deux
gouvernements locaux, non reconnus, se sont formés sur le territoire de
l'actuelle Ukraine : l'un, nationaliste, à Kiev, l'autre,
bolchévik, à Kharkov. Ce dernier a pris Kiev en février
1918 puis les forces allemandes l'en ont chassé en mars, y installant un
gouvernement à leur solde. La république d'Ukraine occidentale
fondée à Lviv en Galicie par les nationalistes en novembre 1918 a
repris le contrôle de Kiev en janvier 1919, mais l'armée polonaise
avait entrepris dès novembre 1918 la conquête de la Galicie, dont
elle reste maîtresse en juin 1919. Elle prend Kiev en mai 1920 et combat
le pouvoir de Kharkov, devenu République Soviétique d'Ukraine
depuis mars 1919, qui la repousse. Par la paix de 1921, la Pologne garde la
Galicie et la Volhynie, fiefs des nationalistes. Les bolchéviks
constituent une RSS d'Ukraine, simple subdivision administrative de
l'URSS.1
L'Ukraine indépendante de 1991 est cette
République Socialiste Soviétique d'Ukraine, restructurée
par Staline en 1945. Elle regroupe des régions qui depuis des
siècles ont connu des histoires différentes :
Trois régions sont issues de la Rous du Xe-XIIe
siècle, dont la capitale fut successivement Novgorod (856), Kiev (882),
Vladimir (1169) : le Dniepr moyen et Kiev, berceau de la christianisation de la
Rous, rallié à Moscou après sa révolte contre
l'occupant catholique polonais, en 1654 ; l'Ukraine du centre-ouest et la
Volhynie, davantage polonisées, intégrées à
l'empire russe depuis 1793 ; laGalicie, encore plus occidentale, qui n'avait
jamais été dirigée par Moscou avant 1945, puisque sous
contrôle polonais depuis 1347, Autrichien de 1772 à 1919, puis de
nouveau polonais de 1921 à 1939 ;
? deux régions n'ont jamais fait partie de la Rous du
Xe-XIIe siècle et ont toujours été
dirigées par un pouvoir cis à Moscou avant 1991, jamais à
Kiev : l'Ukraine-Sloboda, à l'est, autour de Kharkov, ville
fondée en 1503 ; la Nouvelle Russie, au sud (provinces
1 Boyko, N., op.cit., p. 88
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russes d'Ekaterinoslav et de Kherson), conquise seulement par
la Russie de Catherine II à la fin du XVIIIe siècle et
peuplée de colons russes, ukrainiens et allemands au XIXe siècle
;
o 2 Le reste de la Bessarabie, annexée par
Staline, est devenue la RSS de Moldavie.
Enfin, trois régions sont annexées par Staline
en 1945 : la Ruthénie subcarpatique, qui en 1919 avait
préféré se rallier à la Tchécoslovaquie
plutôt que de passer sous le contrôle du gouvernement ukrainien de
Galicie ; la Bucovine (oblast de Tchernovtsy), partie septentrionale de la
Moldavie historique, intégrée à l'Autriche au XVIIIe
siècle, puis à la Roumanie, de 1918 à 1945 ; le Budjak,
façade maritime de la Bessarabie1.
La Crimée, conquise par Catherine II, qui constituait
la province russe de Tauride, lui a été rattachée par
décision de Khrouchtchev (d'origine ukrainienne), en 1954.
La RSS d'Ukraine a en revanche été
amputée de la Transnistrie. Cette zone, peuplée d'Ukrainiens et
de Russes, a été rattachée en 1945 à la RSS de
Moldavie, alors qu'elle ne faisait pourtant pas partie de la Bessarabie.
L'unité de régions historiquement aussi diverses
ne va pas de soi. Surtout que leur situation géographique en font depuis
cinq siècles un enjeu entre deux messianismes inspirés par deux
Églises chrétiennes, ceux de Varsovie et de Moscou, pour ne rien
dire des influences occasionnelles de Berlin, Vienne et Bucarest. En 1991, le
nouvel État était donc en quête d'éléments
d'identité partagée mais dès ce moment, d'anciens clivages
ont rejoué2.
1 Jean-B.D., et André, K., Histoire des relations
internationales : De 1945 à nos jours, Paris, éd. Armand
Colin, 2009, p. 717
2 Grosser, P., Les Temps de la guerre froide, Paris,
Editions Complexe, 1995, p. 465
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