C. SERVICE COMMISSARIAT D'AVARIE
0. Introduction
Dans le commerce international, les marchandises sont
transportées d'un pays à un autre souvent des longues distances
et par divers moyens. De telles marchandises sont exposées à des
intempéries de toutes natures. C'est pourquoi la nécessité
qu'il y a pour les importateurs et exportateurs de souscrire une assurance en
vue de couvrir les risques éventuels.
En cas de survenance des dommages, un intermédiaire neutre
et impartial est appelé à déterminer et évaluer les
dommages pour permettre à l'assureur d'indemniser son assuré. Le
domaine du commissariat d'avaries est donc intimement lié à celui
des assurances.
1. Quelques concepts
1. L'Assurance
L'assurance est un contrat par lequel l'assureur s'oblige
moyennant une prime, à indemniser l'assuré des pertes ou dommage
qu'éprouverait celui-ci par suite de certains événements
fortuits ou de forces majeures.
La volonté de l'assureur et de l'assuré est donc
coulée dans un document appelé « Police d'assurance
» ou « certificat d'assurance ».
Exemple : - Assurance des
choses
Assurance garantissant l'assuré contre les dommages
causés à ses biens.
Ex : assurance de la marchandise transportée.
2. Le Commissariat d'avaries
Le Commissariat d'avaries est une structure administrative et
technique qui se charge d'organiser des expertises.
Les expertises sont réalisées soit à la
suite de la survenance effective d'un sinistre soit à titre
préventif. Il s'agit dans ce deux cas du constat d'avaries
et de la surveillance et
prévention.
Dans ce domaine, l'OCC apporte aux assureurs les
éléments d'appréciation relatifs aux dommages ou avaries
survenus aux marchandises par :
Ø La constatation des pertes, dommages ou avaries, des
missions de surveillance pour compte de divers donneurs d'ordre ;
Ø Des recours pour la préservation et la poursuite
des assureurs contre les tiers responsables ;
Ø Des enquêtes et contre expertises au profit des
assureurs étrangers pour leurs assurés installés en RDC.
3. L'avarie : On entend par avarie, tout
dommage, survenu et/ou à une cargaison.
Ø Sortes d'avaries
On distingue 2 principales sortes d'avaries : les avaries
communes et les avaries particulières :
a. Avaries communes
Les avaries communes sont des dommages volontaires et
dépenses extraordinaires exposés pour le bien et le salut commun
du navire et de la cargaison. Dans ce sas, le transporteur et chacun des
propriétaires des marchandises sauvées sont dans l'obligation de
supporter une part équitable du dommage causé.
b. Avaries particulières
Les avaries particulières sont des dommages accidentels
causés soit au navire, soit aux marchandises. Ces avaries restent
définitivement à charge de celui dont la chose est atteinte.
Quand un sinistre est survenu aux marchandises assurées,
la réceptionnaire doit :
Ø Prendre des mesures destinées à
éviter l'extension ou l'aggravation de l'avarie.
Ø Veiller à la conservation des recours contre les
tiers responsables.
4. Le constat d'avaries est
l'opération menée par l'expert (Commissaire d'avaries), à
la requête des assurances ou des réceptionnaires qui consiste
à déterminer la réalité, la hauteur, la nature et
la cause du dommage survenus à une marchandise.
5. La surveillance est un ensemble de
dispositions, des mesures mécanisme intellectuels et techniques
destinés à prévenir ou à devancer la survenance des
dommages prévisibles ou imprévisibles afin d'en contenir ou d'en
minimiser les effets, les pertes ou les dégâts au cas où
ils pourraient ou venaient quand même à se produire.
2. Historique
Le commissariat d'avaries est un réseau qui prend ses
origines en France depuis 1836.
C'est un réseau des commissaires d'avaries du
comité d'études et des services des assurances maritimes et
transport de France « SESAM » en sigle, c'est-à-dire que la
notion de commissariat d'avaries est une émanation des
«assureurs».
Bénéficiant d'une connaissance de
leur environnement immédiat et spécifique, ces
spécialistes apportent toute information indispensable sur la zone
où ils exercent : règles d'importation des produits, risques
encours, autorités portuaires gouvernementales, bancaires, situation
portuaires qualité des services et des équipements portuaires
transports locaux etc.
1. Mission du service commissariat d'avaries
Sa mission consiste à :
Ø Constater les dommages ;
Ø Déterminer la nature de l'avarie, son importance,
sa cause, son origine ;
Ø Préconiser les mesures conservatoires ;
Ø Préserver le droit de recours des assureurs
contre les tiers responsables ;
Ø Prévenir des sinistres.
Ø En République Démocratique du Congo (RDC),
l'Office Congolais de Contrôle « OCC » s'était vu seul
confié par le législateur le monopole de cette intervention,
d'où il était toujours indiqué ou désigné
par l'assureur sur la police d'assurance pour toute marchandise assurée
et exportée vers la République Démocratique du Congo.
Ø Aujourd'hui, il y a plusieurs assureurs privés
qui ont le mandat des assureurs.
Ø Chaque commissaire d'avaries, fonction libérale,
exercée presque exclusivement par le secteur privé dans le monde
à cause des exigences de spontanéité et de rapidité
dans ses interventions, reçoit un mandat de l'assureur, ce qui constitue
un gage de la qualité pour les autorités du pays où il se
trouve.
2. Nature d'avaries
La nature d'avaries est intimement liée à la cause.
Nous pouvons citer:
le manquant
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la bosselure
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la souillure
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le coulage
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la griffe
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la mouille
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la casse
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le bosselage
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la rouille
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le pliage
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la brûlure
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la crevace
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la moisissure
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la torsion
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la détérioration
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la coagulation
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la déchirure
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la détérioration
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la fente
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le trou
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l'enfoncement
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l'enfoncement...
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3. Causes d'avaries
Les avaries résultent de plusieurs causes que nous pouvons
regrouper en deux catégories : les risques ordinaires
de transport et les risques exceptionnelles.
Ø Risques ordinaires de transport
Causes directes :
Sont les risques qui touchent les marchandises elles-mêmes.
Nous citons :
- Le vol en cours de transport ou pendant l'entreposage
- Mauvaise manutention due soit au manque de moyen
approprié de manutention, soit à l'inconscience des
manutentionnaires.
- Défaut d'arrimage
- Mauvais chargement
Causes indirectes :
-Multiplicité des procédures et formalités
qui font prolonger le séjour des marchandises en magasins ou
entrepôts.
-Encombrement des ports et des
entrepôts et rend plus difficile le traitement du fret, laissant parfois
les marchandises exposées aux intempéries (pluie, chaleur,
humidité).
-Insuffisance des engins de manutention
qui handicape la fluidité des livraisons.
Ø Risques exceptionnels :
- Guerre étrangère ou civile
- Terrorisme
- Grève
- Émeutes
- Pillage
3. Conduite d'une expertise
L'expertise doit être sanctionnée par un
rapport d'expertise qui doit contenir les
éléments ci-après :
Ø la requête
Ø les informations générales
Ø le voyage d la marchandise (rooting)
Ø constatations
Ø la perte : l'origine, la nature, la cause,
l'étendue de la perte
Ø signer le rapport, le cacheter, le facturer et l'envoyer
rapidement aux donneurs d'ordre(ou requérant)
1. Déchargement du container
Lors du déchargement d'un container, l'Expert doit
mentionner les éléments ci-après :
- L'heure du début et de la fin du déchargement
- Le numéro et l'état du plomb
- Le numéro et l'état du container
- Le type du container (20' ou 40') et préciser le genre
du container (dry, ventilé, flat...) et pour plus de précision,
- Signer le rapport
- Contresigner le rapport par toutes les parties qui ont
assistées au dépotage.
2. Qu'est-ce qu'un emballage
- Crête en bois
- Sacs
- Sachets
- Cartons
- Caisses
- Bidons
N.B : Les containers et les
citernes ne sont pas des emballages mais des
éléments de la chaîne de transport des marchandises qui
peuvent- tenir lieu de conditionnement, d'auxiliaires de manutention et de
transport.
3. Zone d'intervention d'un Commissaire
d'avaries
L'Expert est appelé à prester en RDC et en dehors
du territoire national moyennant une requête du requérant. Dans le
cas d'AIS, l'Expert peut intervenir dans les pays où il n'y a pas son
bureau de représentation. Dans ce cas, l'Expert transmet le projet de
coût du travail à AIS pour approbation. Il n'agit qu'après
l'aval écrit.
4. Rapidité dans l'exécution du
travail
Quand on confie un dossier à un Expert, ce dernier a
l'obligation d'accuser la réception du dit dossier et d'établir
un rapport préliminaire dans un bref délai, soit le même
jour, soit le jour suivant.
5. Différence entre une mission de surveillance et
un constat d'avaries
- Pour qu'il y ait un constat d'avaries, il faut au
préalable qu'il y ait sinistre
- Pour une prévention ou surveillance, il n'y a pas
sinistre au départ.
6. Freinte de route
- Ce sont des produits qui absorbent l'humidité par
conséquent perdent leurs qualité et peuvent devenir
non-conformes.
- Sur le plan international, on connaît la freinte de route
de chaque produit type de produit.
6. Transmission des rapports d'expertises
Commissariat d'avaries
Courtier d'assurance
Assureurs
Examen de recours
Dispacheur
Payement
8. Cause du sinistre
- Lors de la présentation de la cause du sinistre, il faut
être très précis car cette dernière allège la
tâche de ceux qui vont établir les responsabilités ;
- Nous vous informons qu'il y a un tribunal international
à Londres en matière d'assurance ;
- Les rapports que nous établissons vont jusqu'au
tribunal, c'est d'ailleurs la base de chaque jugement en matière
d'assurance lors d'un sinistre.
9. Que faire en cas de pertes et dommages ?
Le réceptionnaire de la marchandise a 3 obligations :
- Prendre les mesures nécessaires pour éviter
l'aggravation des dommages;
- Faire établir un constat dans le délai imparti
dans la police;
- Veiller à la conservation des recours contre tous les
tiers éventuellement responsables.
a. Mesures à prendre pour éviter
l'aggravation des dommages
- La plupart du temps, il s'agit des précautions
élémentaires que le réceptionnaire ou son
représentant doivent prendre et qui relèvent du simple bon sens.
Par ex. protéger contre la pluie des
marchandises qui s'y trouvent exposées par suite d'ouverture
accidentelle de l'emballage. S'il ne le faisait pas, le réceptionnaire
engagerait sa responsabilité.
- Le réceptionnaire ou son représentant doit agir
spontanément sans qu'il ne soit nécessaire de prendre l'avis du
commissaire d'avaries ou de l'Expert.
- Toutefois, dans certains cas d'avaries graves
ou étendues à des lots très importants ou
nécessitants des mesures d'ordre technique, le réceptionnaire
doit, avant de prendre toutes mesures conservatoires, consulter le commissaire
d'avaries ou l'expert. Celui-ci ne se substitue pas au réceptionnaire,
mais, le cas échéant, lui donne des conseils.
- Le bénéficiaire de l'assurance ne doit pas rester
passif dans l'événement; il doit apporter les soins raisonnables
à tout ce qui est relatif à la marchandise. Il doit prendre
l'initiative de requérir l'intervention du commissaire d'avaries ou de
l'expert mentionné sur le certificat d'assurance et, en liaison avec
lui, assumer les dispositions à prendre dans l'intérêt de
la marchandise.
- Assureurs et assurés sont associés quant aux
mesures à diligenter pour la protection et la conservation de la
marchandise faisant l'objet d'une couverture d'assurance. Leur action doit
être conjointe, dans l'intérêt même de la
marchandise.
b. Constat des dommages
- Lorsqu'un sinistre quelconque (perte, vol, incendie,
détérioration, etc....) survient aux marchandises
assurées, l'assuré doit faire établir, dans le
délai fixé par la police, un constat
qui lui permettra de justifier de la réalité, de la
nature, de l'origine, de la cause et de l'importance des pertes et
des dommages.
- Le document établissant objectivement ces
renseignements est donc indispensable à l'assureur pour
déterminer si le dommage est garanti et calculer le montant de
l'indemnité en fonction des conditions de la police.
c. Qui doit faire le constat ?
- C'est le commissaire d'avaries ou
l'Expert désigné sur le contrat d'assurance.
- Si la nature ou la cause du dommage exige des connaissances
techniques qui ne sont pas
de sa compétence, le commissaire d'avaries ou l'Expert
fera alors appel à un expert spécialisé
(un sapiteur) qui intervient d'un commun accord entre lui et le
réceptionnaire.
d. Qui doit requérir le commissaire d'avaries ou
l'expert ?
- C'est le réceptionnaire de la marchandise,
c.à.d. celui qui en prend livraison à destination; il
est généralement le destinataire de la marchandise et le
bénéficiaire de l'assurance.
- S'il ne prend pas livraison personnellement de la marchandise,
il en charge un mandataire (représentant ou
transitaire), celui-ci étant naturellement tenu aux mêmes
obligations que son mandant.
- Il doit requérir le commissaire d'avaries ou l'expert
lorsqu'il constate ou craint des dommages ou des manquants.
- Quand l'assuré n'est pas en position de prendre
l'initiative de la constatation des dommages-par ex. lorsqu'il a conclu une
vente CIF (Coût-Assurance-Fret), il est bon qu'il attire l'attention de
son client à destination sur les mesures à prendre en cas de
sinistres: un simple papillon sur une lettre est suffisant. Ce dernier pourrait
lui reprocher de ne pas l'avoir fait.
A. Dans quel délai faut-il requérir le
commissaire d'avaries ou l'expert ?
- Le commissaire d'avaries ou l'expert doit être requis
sans attendre, au plus tard dans les 3 jours de la cessation de la garantie,
jours fériés non compris. Ceci parce qu'il faut s'assurer que les
dommages sont bien survenus pendant la période de garantie.
- Ce délai doit être scrupuleusement
respecté sous peine d'irrecevabilité de la
réclamation.
- Ce délai peut exceptionnellement être
prolongé d'un commun accord entre assureur et assuré
mais il peut aussi être réduit pour certaines
marchandises (denrées périssables, par ex.).
f. Comment requérir le commissaire d'avaries ou
l'expert ?
- Le réceptionnaire doit pouvoir justifier auprès
des assureurs qu'il a effectivement requis le commissaire d'avaries ou
l'expert.
- Il n'y a cependant pas de forme spéciale; une
requête verbale ou téléphonique
suffit, mais il est recommandé de la confirmer ensuite
par écrit.
- Le commissaire d'avaries ou l'expert indique au
requérant le jour et l'heure auxquels il se propose d'effectuer le
constat.
- Dans son rapport, le commissaire d'avaries ou l'expert indique
toujours la date à laquelle il a été requis.
g. Le constat est-elle contradictoire ? Oui
!
- Les constatations effectuées par le commissaire
d'avaries ou par l'expert, en accord avec le réceptionnaire, ou par
l'expert spécialisé désigné par eux doivent
être faites en présence de toutes les parties
intéressées, notamment le transporteur et/ou l'entrepositaire.
Ces constatations ont, entre les parties, la portée d'une
expertise amiable contradictoire.
- Cela signifie que les parties qui n'ont pas protesté
sont considérées comme ayant approuvé les conclusions du
constat d'avaries ou du rapport d'expertise: la réalité,
la nature, l'importance, la cause et l'origine des
dommages ne peuvent plus, en principe, être discutées.
h. Que doit faire le requérant s'il n'est pas
d'accord avec les conclusions du commissaire d'avaries ou de l'expert amiable
désigné ?
- Le requérant doit provoquer une contre-expertise amiable
ou judiciaire dans les 15 jours.
Cette contre-expertise ne doit pas être unilatérale
pour être opposable aux assureurs; le réceptionnaire doit se
mettre en accord avec le commissaire d'avaries ou l'expert pour désigner
un contre-expert à l'amiable ou procéder par voie judiciaire.
i. A qui incombent les frais de constatation et
d'expertise des dommages ?
- Ces frais sont avancés par le requérant au moment
où le commissaire d'avaries ou l'expert lui remet le rapport d'expertise
ou certificat d'avaries.
- Ils sont ensuite remboursés par les assureurs, à
la condition que les dommages ou pertes constatés proviennent d'un
risque couvert.
- Les frais de constatation et d'expertise ne sont jamais
imputés sur le montant de l'indemnité c.à.d. que ces frais
sont remboursés même si les assureurs paient, de ce fait, une
somme supérieure à la valeur assurée.
j. Conservation des recours contre les tiers
responsables
- La conservation des recours est une des conditions du contrat
d'assurance :
- L'assureur attend de l'assuré (du réceptionnaire
en pratique) qu'il prenne les mesures nécessaires pour
sauvegarder son droit de poursuivre les responsables.
- C'est d'ailleurs l'intérêt de l'assuré, car
les sommes ainsi récupérées influencent la fixation des
taux de primes appliqués à cet assuré.
- Il n'est pas demandé à l'assuré de suivre
ces recours; son seul devoir est d'envoyer des réserves aux tiers
responsables de façon à ce que l'assureur puisse effectuer
valablement les poursuites le moment venu.
- L'obligation de conserver le recours est absolue, mais la
charge matérielle qui en résulte est réduite au
minimum.
- En cours de transport, c'est aux mandataires successifs qu'il
revient de penser, en cas d'avaries apparentes, à se prémunir
contre un recours éventuel, leur diligence contribuant à situer
les responsabilités.
k. Lettre de réserve et convocation à
l'expertise
- Les réserves doivent être
circonstanciées. Des réserves
systématiques et faites en termes généraux ne sont pas
reconnues valables par les tribunaux.
- Il est important que le transporteur (compagnie de navigation
ou le dernier transporteur) soit convoqué à assister à
l'expertise pour qu'il n'en nie pas les conclusions tant sur le
quantum des dommages que sur leur nature et
leur cause.
l. Délais
- En application des dispositions réglementaires sur le
plan national et international, des délais doivent être
généralement respectés.
- En ce qui concerne les réserves à adresser au
transporteur ou à son représentant, la plupart des assureurs
joignent à la police ou au certificat d'assurance un papillon
précisant ce que doivent faire les réceptionnaires s'ils
constatent des avaries à destination.
- S'ils hésitent sur ce qu'ils doivent faire, les
réceptionnaires peuvent toujours interroger le commissaire d'avaries ou
l'expert dont le rôle est de les guider et de les conseiller.
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