La coopération policière dans la zone CEMAC.( Télécharger le fichier original )par Platon Papin DONGMO TIODON Université de Dschang- CAMEROUN - Master 2 en Droit 2013 |
CONCLUSION GENERALEAu final, cette étude de la coopération policière dans la CEMAC nous donne de faire certains constats et d'en tirer des leçons. La vue d'ensemble nous a montré une coopération variée bien qu'encore en construction, tandis qu'au détail nous étions face à une coopération qui malgré son dynamisme était entravée par de graves lacunes dues à un certain nombre de facteurs dont le principal est le souci de préserver à tout prix la souveraineté des Etats. Nous conviendrons de ce fait que la réponse à la question centrale de départ sur la construction et le développement de la coopération policière CEMAC soit nuancée, idem pour toutes les autres qu'elle a engendrées332(*). La lutte contre la criminalité transnationale qui sévit gravement de nos jours, passe par un effort concerté des nations, une mutualisation des forces, les Etats de la CEMAC l'ont bien compris. Seulement la souveraineté des Etats, les égoïsmes nationaux injustifiés, la corruption et bien d'autres éléments constituent autant d'obstacles pour une coopération policière à plein régime dans la CEMAC. Nous avons certes parlé d'une coopération policière en construction, mais plus d'une dizaine d'année après, il serait bon de franchir une étape supplémentaire dans la construction et non pas demeurer au niveau des fondations, la coopération policière et même judiciaire telle qu'elle est menée actuellement dans la CEMAC n'est pas à même de juguler efficacement le fléau de la criminalité transnationale et de garantir la paix et la stabilité voulue dans cet espace. L'on tient certes quelques résultats positifs mais qui ne changent rien au fait que l'on ressente un goût d'inachevé. La pose des fondations de la coopération policière est une étape normale et incontournable, il fallait bien que les Etats de la CEMAC s'appuient sur quelque chose, en l'occurrence les instruments de l'OIPC/INTERPOL. De nos jours cependant, les Etats de la CEMAC devraient déjà pouvoir définir leur propre politique de coopération policière adaptée à leurs besoins propres, et non plus seulement s'adosser presqu'essentiellement sur les instruments d'INTERPOL, qui bien que fondamentaux et très importants ne semblent pas être les plus adéquats. D'ailleurs ils devraient réfléchir au fait que même les européens créateurs d'INTERPOL aient réussi à mettre sur pied EUROPOL333(*), un système de coopération policière distinct de celui-ci pour plus d'efficacité. Il ne s'agit pas de se passer d'INTERPOL, mais de pouvoir compléter son système avec des mesures de coopération policière originale qui tiennent compte du contexte CEMAC. Nous souhaitons vivement que la coopération policière CEMAC revête le caractère opérationnel dans les brefs délais, qu'elle passe du type I au type III. Sur une échelle de 5, il s'agit à notre humble avis d'une mesure objective et possible. Pour le moment envisager directement le passage aux types IV (coordination) ou V (fédération)334(*) relèverait quelque peu de l'utopie. Non seulement la plus part des polices nationales souffre d'un manque d'effectifs pour que l'on puisse penser à la création d'une police communautaire CEMAC (type IV), mais en plus la CEMAC n'est pas « encore » une fédération pour que l'on puisse songer à la création d'une police fédérale à l'instar du célèbre Fédéral Bureau of Investigation (FBI) aux Etats Unis d'Amérique. Il s'agit là des formes de coopérations qui dépendent presqu'exclusivement de l'évolution politique et sociale de la communauté. Au quotidien ce sont les populations qui subissent directement les affres de l'insécurité engendrée par la criminalité transnationale dans la sous-région. Pourtant ce sont elles qui du fait de leur épanouissement sont à la base et au sommet du développement recherché. Vivement une coopération policière CEMAC efficace, garante de la paix, la sécurité et la protection des droits de l'Homme dans l'espace communautaire, car il n'est jamais inutile de rappeler que la paix, la sécurité, la stabilité sont les préalables essentiels à l'intégration économique et au développement. * 332 Voir supra, introduction. * 333 EUROPOL a été créée par la convention de l'UE du 26 juin 1995, et ambitionne d'être à terme l'unité communautaire de police européenne. Voir SABATIER (M.), op. cit., pp. 336-414. * 334 Voir supra, 1ère Partie, Chapitre I, Section 2. |
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