La coopération policière dans la zone CEMAC.( Télécharger le fichier original )par Platon Papin DONGMO TIODON Université de Dschang- CAMEROUN - Master 2 en Droit 2013 |
Section 2 : Les perspectives d'éclaircissement en vue d'une amélioration de la coopération policière dans la CEMACL'amélioration de la coopération policière CEMAC passe par un réaménagement profond des choses préalablement sur le plan politique (paragraphe 1), ensuite sur le plan juridique (paragraphe 2). Paragraphe 1 : Sur le plan politiqueIl s'agit pour les dirigeants politiques de la CEMAC non seulement de s'approprier véritablement des questions sécuritaires concernant la communauté (A), mais aussi de financer la coopération policière (B). A. L'appropriation véritable par les dirigeants politiques des questions sécuritaires communautairesL'appel pour une véritable appropriation par les dirigeants politiques de la CEMAC des questions sécuritaires communautaires est plus qu'urgent. On le sait déjà, l'obstacle majeur à la coopération policière c'est la souveraineté nationale des Etats307(*), or un sacrifice de cette souveraineté est nécessaire comme préalable pour une bonne coopération. Le sacrifice est d'autant plus nécessaire du fait que les criminels internationaux ignorent et piétinent quotidiennement cette souveraineté que les dirigeants croient protéger jalousement. La remarque paradoxale est que certains Etats supporteraient aisément la présence de malfaiteurs internationaux sur leur territoire plutôt que celles des forces de l'ordre venues des pays voisins pour combattre ceux-ci. Ces dirigeants ne posent aucunement la question de savoir si leur souveraineté nationale est toujours réelle, et si la criminalité internationale n'a pas plus porté atteinte à celle-ci que ne le ferait la coopération policière308(*). En outre, cette appropriation doit se traduire par l'érection de la coopération policière et judiciaire en objectifs prioritaires de la CEMAC. Concrètement il s'agira de faire expressément mention de la coopération policière et judiciaire CEMAC dans les traités, ou encore dans les conventions régissant l'UEAC ou l'UMAC, pour en faire des secteurs prioritaires de coopération. La coopération policière ainsi prise en compte par les dirigeants doit être financée. B. Le financement de la coopération policière CEMACComme tout projet que l'on veut voir aboutir avec grand succès, la coopération policière CEMAC nécessite la mise en jeu de moyens financiers conséquents. Malheureusement la réalité de la coopération policière dans la CEMAC est toute autre, dans le cadre des deux structures principales de coopération existant dans la région (l'OIPC/INTERPOL et le CCPAC), les contributions financières des Etats de la CEMAC sont quasi inexistantes309(*), la plupart des ressources venant des financements extérieurs. Cette situation fort regrettable conduit à émettre des doutes sur l'avenir d'une coopération policière ainsi assistée et dépendante310(*). La pauvreté ne justifie pas tout, dans l'intérêt de la communauté, ses dirigeant devraient fournir beaucoup plus d'efforts pour le financement de la coopération policière, ne fusse ce que pour une question d'orgueil et de fierté, car comment s'imaginer le fait que jusqu'à notre propre sécurité dépende de la charité extérieure. Il faudrait pour se faire doter en amont les polices nationales de moyens humains et logistiques adéquats, au lieu de militariser systématiquement la répression en pourvoyant d'autres forces de l'ordre311(*). Engagée ainsi sur le plan politique, cette révolution de la coopération policière CEMAC doit être parachevée sur le plan juridique. * 307 Voir supra, 1ère Partie, Chapitre I, section 1. * 308 SABATIER (M.), op. cit., p. 235. * 309 KAMDEM (G.E.), Pour une coopération policière efficace en Afrique Centrale, Mémoire en vue de l'obtention du diplôme de commissaire de police, ENSP, promotion 2001-2003, pp. 24-25. * 310 MBEYAP KUTNJEM (A.), op cit, p. 5. * 311 L'exemple du Bataillon d'Intervention Rapide (BIR) au Cameroun. |
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