3.2. PRESENTATION ET JUSTIFICATION DES VARIABLES DU
MODELE
3.2.1. Variable dépendante
Le choix des variables découle
à la fois de la littérature empirique et théorique sur les
déterminants de la dégradation du portefeuille des institutions
commerciales, et de la disponibilité de données.
Considérant la question de recherche de ce travail, et
compte tenu des données disponibles, nous spécifions comme
variable dépendante, le taux de recouvrement des créances
commerciales au sein de la SNEL.
Les valeurs de cette variable sont obtenues en faisant le
rapport entre le montant des créances commerciales recouvrées et
le montant total facturé. Ainsi, plus ce rapport est
élevé, moins les créances commerciales sont
impayées, et inversement. Cette variable dépendante permet de
mesurer la performance de l'entreprise dans le recouvrement de ses
créances. Elle prend des valeurs comprises entre 0 et 1 dans la mesure
où l'on ne peut recouvrer plus que le montant facturé.
La variable dépendante ainsi obtenue est donc
censurée en ce sens qu'un taux de recouvrement de 0% recèle une
diversité de situations allant des recouvrements nuls (traduisant des
difficultés de trésorerie pouvant conduire à la
disparition irrémédiable de l'entreprise) au recouvrement
intégral à 100% avec des retards (Maddala,1983 cité par
Honlonkou et al., 2001).
Quant aux variables indépendantes, elles ont
été sélectionnées en tenant compte à la fois
de l'hypothèse de base, de la disponibilité des données et
de la revue empirique. En particulier ; les variables suivantes ont
été préalablement retenues comme ayant une
corrélation avec le taux de recouvrement des créances
commerciales de la SNEL et parallèlement avec la hausse des
créances commerciales impayées : le nombre d'agents
recouvreurs, la rémunération d'agents recouvreurs, le taux de
facturation, la Régularité dans la fourniture
d'électricité, la facturation forfaitaire, le nombre et la
catégorisation des abonnés.
Ces variables qui relèvent de la théorie
originale des créances commerciales sont justifiées comme
suivant pour les variables explicatives (la variable expliquée
étant la hausse des créances commerciales non recouvrées
au sein de la SNEL).
3.2.2. Les variables explicatives
a) Le nombre d'agents Recouvreurs
(NOMBAGRE)
Les effectifs d'agents affectés au recouvrement des
factures par la SNEL peuvent être un élément non
négligeable dans l'explication de la hausse du niveau des
créances non recouvrées.
Moins ils sont nombreux, moins ils vont recouvrer vu
l'incapacité d'atteindre tous les coins de la ville. Ainsi, nous
attendons de cette variable un signe positif dans la mesure où
l'augmentation d'agents recouvreurs entraîne une réduction de la
probabilité d'insolvabilité de la clientèle, car
incitée à payer sous peine de se voir coupés de tout
accès à la fourniture d'électricité de la SNEL.
Nous faisons l'hypothèse que ce sont des agents
recouvreurs qui oeuvrent pour la bonne marche de l'entreprise et qu'ils ne se
livrent pas à des pratiques de corruption. Cette hypothèse peut
ne pas être vraie compte tenu de la situation socioéconomique en
RD Congo où la corruption demeure la règle.
b) La rémunération des agents
recouvreurs(REMAGRECOUV) exprimée en dollars
américains.
Le choix de cette variable tient à la
corrélation (positive) théorique validée dans la
plupart des travaux empiriques entre la productivité et la
rémunération. En effet, l'agent le mieux payé serait le
plus concentré à son travail et par conséquent le plus
productif. Cela prend tout son sens lorsque l'on songe à la
théorie du salaire d'efficience.
Une bonne rémunération pourrait ainsi constituer
un remède à la situation précédemment
décrite, s'agissant notamment des pratiques de corruption auxquelles se
livreraient les agents recouvreurs rendant toute chance d'optimiser le
recouvrement des créances commerciales impossible. Cependant,
étant donné que l'homme n'est pas un automate, il n'est pas
toujours nécessaire de rehausser le niveau de salaire.
Ce dernier développera, une fois le niveau optimal du
salaire atteint, des activités de consommation et de loisir en lieu et
place de la concentration au travail entraînant par là des
coûts incommensurables pour l'entreprise (Igalens et alii, 2007).
Cela évoque donc la nécessité
d'introduire une variable quadratique qui nous permettra de déterminer
s'il existe un niveau optimal de rémunération d'agents
recouvreurs que devrait adopter la SNEL afin d'optimiser la gestion de ses
créances commerciales. La réflexion ainsi
développée nous amène à attendre un signe positif
de la variable rémunération d'agents recouvreurs et un signe
négatif de la variable quadratique associée.
c)Le taux de facturation (TAUXFACTU).
Le recours à cette variable se justifie par
l'idée selon laquelle il existerait un taux optimal de facturation;
c'est-à-dire un taux optimisant le recouvrement des créances
commerciales. Le raisonnement est simple ; il découle même
de la réflexion de Laffer sur le taux optimal de taxation (Muhinduka,
2011)
En effet, bien que l'on admette que le prix est la seule
variable du Marketing mix qui n'engendre pas de coût et qui procure des
recettes à l'entreprise, il est évident que toute hausse
exagérée de ce dernier peut entrainer l'insatisfaction de la
clientèle et par là leur insolvabilité. Là encore
se pose un autre problème : celui relatif à la position de
monopole dont jouit la SNEL ; situation susceptible de la conduire
à fixer le prix écrasant pour autant que cela lui permette de
réaliser un chiffre d'affaires important. Cependant, il est aussi
admis théoriquement que le monopoleur se heurte à une contrainte
du pouvoir d'achat de ses clients dans la fixation du prix.
Il convient alors de tenir compte de
l'élasticité-prix de la demande dans la fixation du prix. En
particulier, plus la demande est sensible aux variations du prix (ce qui peut
éventuellement être le cas de la clientèle de la SNEL),
plus importante est la perte qui découlerait de la hausse du prix et
inversement. Cette variable est mesurée par le prix moyen
(exprimé en Francs Congolais) d'un Kw appliqué par la SNEL sur
ses factures.
Ainsi, plus le taux de facturation de
l'électricité est élevé, plus les abonnés
peuvent se résigner à payer leurs factures et par
conséquent le signe espéré de cette variable est
négatif dans la mesure où il est attendu qu'une hausse du taux de
facturation s'accompagne d'une baisse du taux de recouvrement des
créances commerciales, toutes choses étant égales par
ailleurs.
d) La régularité dans la fourniture
d'électricité (REGFOELEC)
Cette variable est de nature à rendre compte de la
satisfaction de la clientèle. Notons à ce niveau qu'elle est
sujette à de discussions s'agissant notamment de son
appréhension. D'abord qui de deux intervenants (la SNEL et la
clientèle) est habilité à fournir des informations sur
cette variable ?
Dans le contexte d'un modèle spécifié en
coupes instantanées, il est bien évident que ce soient les
clients qui répondent le mieux à cette question lorsque l'on sait
qu'il y va de l'intérêt de la SNEL d'affirmer que la fourniture
d'électricité est régulière. Il devient alors
intéressant que ce soit les clients de la SNEL qui répondent,
pour avoir des réponses sans biais.
Ainsi, cette variable sera DUMMY pour autant qu'elle prendra
deux valeurs : la valeur 1 lorsque le client juge que la fourniture
électrique a été plus ou moins régulière au
cours d'une année et 0 dans le cas contraire.
Puisque un ménage qui est fourni
régulièrement en électricité, va aussi s'acquitter
de manière régulière de ses obligations en payant ses
factures de consommation d'électricité ; cette variable est
déterminante à cause du mode de recouvrement de la SNEL, qui est
ex post et aurait un signe positif.
e) La facturation forfaitaire (FACTUFOR)
La facturation forfaitaire est le résultat d'un manque
de compteur de prélèvement des consommations. Un nombre
élevé d'abonnés sans compteurs peut être à la
base de la hausse des créances non recouvrées et/ou difficiles
à recouvrer étant donné que la facturation ne correspond
plus dans ce cas aux services fournis.
Cela a pour conséquence l'insatisfaction de la
clientèle conduisant le cas échéant au refus par ces
derniers d'acquitter ses factures entraînant par là des
difficultés de trésorerie à l'entreprise. Ainsi cette
variable contient des valeurs relatives à l'évolution du nombre
d'abonnés sans compteurs au cours de notre horizon temporel. Nous
faisons l'hypothèse d'une relation négative entre cette variable
et la variable endogène.
f) Effectif des abonnés (NOMBRABO)
Lorsque les effectifs d'abonnés augmentent et que celui
des agents recouvreurs ne suit pas, le risque est grand pour la SNEL de se
retrouver avec un nombre important des créances non recouvrées.
En effet, un nombre important d'abonnés entraîne une
complexité en matière de gestion et oblige des mesures
sérieuses de contrôle de la clientèle pouvant engendrer des
coûts importants pour l'entreprise lorsque le chiffre d'affaires ne suit
pas le même rythme. Cela étant, nous faisons l'hypothèse
que la SNEL n'adapte pas le nombre d'agents recouvreurs ni les moyens
financiers à l'évolution des effectifs d'abonnés et
attendons un signe négatif de cette variable dans le modèle.
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