Alphabétisation pour le développement de la santé communautaire en milieu rural. Cas de za-kpota.( Télécharger le fichier original )par G. Prince ALAVO Univetsité dà¢â‚¬â„¢Abomey- calavi - Maîtrise 2015 |
1.4-Revue de littératureLe domaine de l'alphabétisation revêt d'une importance indéniable dans tout processus du développement. L'alphabétisation et l'éducation des adultes constituent donc le baromètre du progrès. Bon nombre des auteurs que nous avons cités ont traité la question de l'alphabétisation et du développement sous un angle réduit. Par contre d'autres ont focalisé leur attention sur l'amélioration des conditions des femmes. La question spécifique de la relation entre alphabétisation et développement de la santé communautaire n'a pas été explicitement étudiée dans les documents que nous avons consultés. o Conception et but du programme -Dans le rapport de la CONFINTEA VI tenue en 2009 au Brésil, l'UNESCO précise que dans les débats sur les programmes d'alphabétisation pour adultes, il est nécessaire de clarifier si l'objet est de transférer des compétences techniques, c'est-à-dire la capacité de coder et de décoder la relation entre signe et son, ou d'aborder des notions plus profondes sur la personnalité, l'identité et la nature du savoir10(*). L'éducation des adultes à l'adresse des adultes, à savoir les programmes d'alphabétisation, stage de compétence pratique ou projets de participation communautaire, peut jouer un rôle important pour rendre les populations conscientes des nombreuses formes de préjudices qu'elles subissent, en les informant de leurs droits et en les encourageant à se prendre en charge véritablement. L'éducation des adultes ne poursuit pas le seul objectif de transmettre des compétences, mais aussi de permettre aux peuples d'utiliser leurs compétences pour mieux trouver de solutions à leurs besoins de subsistance. Lors de la conception des programmes éducatifs, il est nécessaire de mettre l'accent sur la méthodologie active et sur l'environnement offert. -C'est dans cette perspective que BERNARDO B (1999)11(*) affirmait que l'objectif des programmes d'alphabétisation devrait être l'intégration progressive de la pratique de la lecture et de l'écriture dans le plus grand nombre d'activités communautaires possibles. Ceci devra induire des changements dans les habitudes des membres de la communauté alphabètes ou non. En outre, l'évolution d'une communauté par l'intégration d'un plus grand nombre de pratiques fondées sur l'écrit transforme la façon dont les membres conçoivent leur vie par l'intermédiaire de ces pratiques. Enfin pour concrétiser les effets de l'alphabétisation en ce qui concerne la façon dont les individus considèrent leur vie, il ne suffit plus d'alphabétiser les individus, il faut alphabétiser les communautés. -C'est pourquoi, HAMADACHE A. et MARTIN D. (1988)12(*), dans leurs analyses sur les contenus des programmes d'alphabétisation, dénonçaient le fait que les contenus des activités de post-alphabétisation, dernière étape du processus d'alphabétisation, sont souvent envisagés presque exclusivement sous la forme de matériel imprimé, bien connu sous le nom de « matériels de lecture pour adultes néo-alphabètes». Au regard des stratégies mises en oeuvre, il est à constater qu'elles visent entre autres la nécessité d'une participation des intéressés à la définition et à la mise en pratique des éléments de la stratégie, l'importance des motivations des publics concernés à s'engager dans ce processus d'auto-éducation, la nécessité d'une diversification des activités et des institutions de post-alphabétisation adaptées aux besoins des publics spécifiques ; l'adulte doit trouver les moyens de répondre à ces problèmes sociaux. -Touchée dans son estime personnelle, la DAEA à travers le plan de vulgarisation de la DEPOLINA montre que l'objectif général de la politique est l'élimination progressive et durable de l'analphabétisme. Ainsi, les objectifs spécifiques y afférents sont entre autres : réduire de 68% à 50% au moins le taux d'analphabétisme à l'horizon 2010 ; favoriser l'émergence d'un environnement lettré ; réduire de 50% l'analphabétisme des femmes ; intensifier la recherche linguistique appliquée sur les langues nationales en rapport avec les exigences de la nouvelle Politique Nationale d'Alphabétisation et d'Education des Adultes. La DEPOLINA prévoit au nombre de ces stratégies l'adéquation entre offres différenciées et demandes diversifiées. Elle concerne la diversité et la multiplicité des demandes/besoins de formation dans le domaine de l'alphabétisation et de l'éducation des adultes qui reflètent très souvent les réalités socio-économique et culturelle spécifiques. Dans ce cas, l'Etat et les autres acteurs en tenant compte des spécificités élaborent des offres qui permettent aux populations de faire de l'alphabétisation un outil d'accompagnement et de renforcement dont les acquis sont réinvestis dans leurs activités sociales, culturelles, économiques et politiques. Par ailleurs, les programmes doivent répondre aux besoins spécifiques des groupes qui demandent l'alphabétisation et l'éducation pour leur épanouissement. A chaque situation spécifique, on élaborera un programme spécifique. o Exécution du programme - AFRIK T. (1993) 13(*) montrait que de nouvelles idées sur l'alphabétisation ont été avancées dans les années 70 par Paulo Freire qui affirmait que l'alphabétisation « fait partie du processus grâce auquel les personnes alphabétisées prennent conscience de leur situation personnelle (conscientisation) et s'instruisent afin de l'améliorer ». Selon Freire, l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul sont une étape vers la réalisation des droits politiques, économiques et culturels de l'homme. Il doit permettre aux néo-alphabètes de jouer un rôle dans les efforts visant à transformer leur univers en un endroit où il fera bon vivre. A cet effet, l'alphabétisation moderne se réfère à l'utilisation pratique, dans la vie de tous les jours, de l'aptitude à lire, écrire et compter. Même si les analphabètes peuvent apprendre l'hygiène ou le commerce par des explications orales et des démonstrations, il n'en demeure pas moins que les connaissances à enregistrer sont trop nombreuses pour que leur esprit les retienne. En d'autres termes, un important capital de connaissance se perd du fait des oublis. En conséquence, il convient de recueillir ces informations dans des manuels auxquels il sera possible de se référer en cas de nécessité. L'alphabétisation permet à l'individu ou à une société de passer d'une culture d'oralité à une culture d'écriture. Car l'analphabétisme ne s'applique pas uniquement à l'incapacité de lire, d'écrire et de calculer. Il s'agit aussi d'une sorte de discrimination et de handicap (les analphabètes étant abusés ou se considérant comme des aveugles). L'analphabétisme est «une culture de la pauvreté» et, de plus, la pauvreté représente plus qu'une simple pénurie de biens et services, de nourriture, de vêtements et de logement, elle est également associée à une «pénurie de compétences». -Dans la même optique, MEYER B14(*), entrevoyait que la signification accordée à l'alphabétisation dans la rhétorique officielle n'est qu'apparente car la négligence du secteur saute aux yeux. Ceci est également valable pour le secteur de la formation des adultes en général. Pour la lutte contre l'analphabétisme, il ne peut seulement s'agir d'apprendre une technique de lecture et d'écriture, il faut apprendre en même temps une nouvelle mentalité qui se pose des questions sur les structures hiérarchiques. Dans l'esprit de Paulo FREIRE, il s'agit d'une question relative à l'apprentissage d'une lecture critique du monde. Pour les femmes, cela signifie la rupture avec une culture monologue dans laquelle s'exprime un ordre de société défini par les hommes. -ABALOT E. J. (2002)15(*) dans sa tentative d'établir la dialectique entre alphabétisation et développement montre qu'au-delà des objectifs traditionnels de l'alphabétisation que sont la lecture, l'écriture et le calcul, elle se doit d'être perçue comme faisant partie intégrante d'une éducation globale au développement. Ainsi, lorsque l'alphabétisation devient fonctionnelle, elle représente le mécanisme de base, le levier fondamental pour la maîtrise des innovations technologiques ; l'utilisation optimale des ressources financières et enfin une gestion optimale du capital humain, de la faune et de la flore. A cet effet, l'alphabétisation qui se trouve à la fois en amont et en aval de toutes actions éducatives et du développement doit évoluer de pair et être en interaction constante avec les changements sociaux opérés dans notre monde contemporain. En effet, un investissement dans l'éducation des adultes en général et plus particulièrement dans celle des femmes est directement rentable sur les plans de soins de santé primaire, d'habitat, de nutrition et réduction de la pauvreté humaine et monétaire. o Actions pour l'amélioration de la santé -Pour MBOW P., dans son article « Analphabétisme, pauvreté des femmes : cas du Sénégal »16(*), l'alphabétisation trouve sa raison d'être dans l'amélioration du niveau de vie : le taux de mortalité d'enfants de 0 à 5 ans baisse au fur et à mesure que le taux d'alphabétisation augmente. Egalement, la longévité et le revenu national brut augmentent en fonction du nombre d'habitants alphabétisés et inscrits aux enseignements. L'accès aux informations et aux systèmes de communication prennent de l'ampleur dans un contexte alphabétisé : une mère incapable de lire la notice d'un médicament pour la réhydratation par voie orale (RVO) perd plus facilement son enfant. L'échec du planning familial au Sénégal est à chercher du côté de l'analphabétisme des femmes. Rapportant une enquête menée auprès des grandes commerçantes de Dakar, MBOW affirme que les femmes, bien qu'elles se rendent dans les contrées lointaines (France, Turquie, Inde, etc.) et gèrent des millions, elles rencontrent d'énormes difficultés pour tenir leur compte. Cette situation réduit leur autonomie et les expose à certaines déconvenues. L'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS)17(*) révèle, en outre, que l'éducation en général et celle des filles en particulier joue un rôle primordial dans la recherche de solutions à des problèmes comme la réduction de la pauvreté qui mettent en péril leur existence. En effet, les problèmes courants chez les jeunes filles au Bénin sont essentiellement : l'analphabétisme, la maltraitance, l'exploitation sexuelle, les formes de discrimination et de violence. Il faut y ajouter les questions cruciales de santé liées à la malnutrition, aux IST, aux maladies parasitaires et d'origine hydrique, aux traumatismes et autres invalidités relatives à certains risques. * 10 CONFINTEA VI, UNESCO, Rapport général , Brésil, 2009 * 11 BERNADO A.B. I, L'alphabétisation et la pensée, Paris, l'harmattan, 1999. * 12HAMADACHE A. et Martin D., Théorie et pratique de l'alphabétisation, Ottawa, UNESCO-1988. * 13 AFRIK T., Femmes alphabétisées et pauvreté extrême, UNESCO- AFRIQUE, N°6, mars 1993, Dakar. * 14 MEYER B., L'alphabétisation de la femme et les valeurs sociales en Algérie, développement +coopération, 1990, N°1, pp 11-14. * 15 ABALOT E. J., alphabétisation fonctionnelle et développement humain au Bénin : Une contribution sexo-spécifique, revue scientifique, Université de Lomé. 2002. * 16Mbow P. Analphabétisme, pauvreté des femmes : cas du Sénégal, UNESCO-AFRIQUE, Mars 1993, N°6 ; Dakar. * 17 OMS, Santé et scolarisation des enfants in Trait d'union, n°3, Janvier-juin 2002. |
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