II. LES INONDATIONS
II.1. DÉFINITIONS
C'est l'invasion d'un territoire ou mieux encore d'un espace
géographique par les eaux. (George, 2009). On peut en
outre la définir comme la submersion d'un terrain résultant du
débordement des eaux. Par débordement, les eaux de la
rivière ou d'un cours d'eau envahissent le lit majeur où elles
déposent par décantation des alluvions généralement
fines. Lorsque le débit et le volume d'eau entrainent un
débordement par rapport au lieu habituel d'écoulement (lit
mineur) et que la crue est susceptible d'affecter les installations humaines on
parle d'inondation. L'eau se répand dans les zones
d'expansion des crues, qui correspondent au lit majeur du cours d'eau et qui
sont souvent occupées par les populations.
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II.2. TYPES D'INONDATIONS
Par essence, on distingue plusieurs types d'inondations en
fonction du paramètre considéré. Selon la rapidité
de submersion du lit majeur du cours d'eau, on distingue deux principaux types
d'inondations :
.. les inondations dites «
lentes » qui sont provoquées par des crues
progressives (l'eau monte de quelques centimètres par heure). Celles-ci
surviennent généralement lors des épisodes orageux de
faible intensité mais sur une longue durée.
.. Les inondations dites «
brutales » ou « rapides » qui sont des crues
soudaines induites par une montée brusque et rapide des eaux (plusieurs
mètres par heure). Elles sont dans la plupart des cas causées par
des précipitations de faible durée et d'intensité
élevée ou très élevée. Ce sont par nature
des inondations dangereuses et dévastatrices à cause de leur
caractère brusque et rapide, empêchant ainsi, les populations
soumises à cet aléa à un faible temps de réponse,
surtout si elles surviennent de nuit.
II.3. LES CAUSES DES INONDATIONS DANS LA ZONE
D'ÉTUDE
Celles-ci sont à la fois humaines et physiques.
II.3.1. LES CAUSES PHYSIQUES
Les inondations dans la zone d'étude sont principalement
dues à 4 facteurs d'ordre naturel:
V' La densité du réseau hydrographique
V' La platitude du fond des vallées
V' L'importante pluviométrie
V' Les fortes pentes des versants
II.2.1.1. La densité du réseau
hydrographique
Ce facteur est une cause importante de la survenance des
inondations. Il est tout à fait clair que lorsque le réseau
hydrographique d'un espace géographique est dense, celui-ci est
susceptible d'être facilement inondé si les fonds des
vallées sont plats et les précipitations parfois
importantes. Lorsqu'on observe le réseau hydrographique
de notre matrice spatiale, qui est de type dentritique
(Fig.15) on se rend compte que celui-ci est dominé par
les affluents du Mfoundi tels que le Mingosso et d'autres
rivières dont le débit d'écoulement n'est pas
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négligeable surtout lors de la survenance des
épisodes orageux importants de la saison des pluies.
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde21.png)
Figure 15: Réseau hydrographique de la
CUY VI
Source : Plan-guide de Yaoundé (2008)
et enquête de terrain(2013)
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II.2.1.2. Un relief collinaire parsemé de
bas-fonds plats et marécageux
Il faut certes le préciser, notre matrice spatiale se
situe sur un site collinaire, mais dans cet espace, on rencontre bon nombre de
fonds de vallées qui sont quasiment plats. Le site de la ville de
Yaoundé est "tout en collines et en larges vallées
marécageuses" (Franqueville, 1984). Sur le
prolongement Sud-ouest de ces collines, on retrouve les monts Akok-Ndoué
d'une altitude de 957 m et Mvog-Betsi dont le pic est à 902 m. Ces
collines, dont les versants ont des pentes abruptes et fortes (20-50%),
surplombent des vallées dont quelques-unes sont grandement inondables et
sont aujourd'hui très humanisées, du fait de la forte
poussée démographique que connaît cette métropole
depuis plusieurs décennies.
II.2.1.3. L'importante pluviométrie
C'est le facteur déterminant à l'origine de la
survenance des inondations dans la plupart des cas et dans notre matrice
spatiale. La ville de Yaoundé où se situe notre espace
d'étude, enregistre des précipitations importantes tout au long
de l'année, en l'occurrence de l'ordre de 1600mm par an en moyenne.
(Cf. tableau 7) Toutefois, la récurrence des
épisodes orageux de grande importance (c'est-à-dire des
précipitations d'une forte intensité et de faible durée ;
réduisant ainsi les capacités de réponse du bassin versant
par ralentissement de l'infiltration, etc.) en début de saison de pluies
(Septembre-Novembre) dans la ville de Yaoundé et
spécifiquement dans l'espace à l'étude. Ceci justifie de
la prépondérance de la susceptibilité des populations de
ce secteur aux risques d'inondations.
II.2.1.4. Les fortes pentes des versants
C'est également un facteur de grande importance
influant sur la survenance des inondations dans l'espace étudié.
L'observation de la carte des pentes de cet espace (Fig.24) et
du modèle numérique de terrain dudit espace (Fig.25),
permet de s'apercevoir de prime abord que les pentes variant entre
14 et 45°, sont significatives. Ce qui constitue dans la
pratique, un espace dont les pentes sont relativement importantes,
influençant de ce fait la rapidité de l'écoulement
superficiel et subsuperficiel.
Cela contribue en aval de ces versants pentus, à
stocker, l'eau issue de ces 2 écoulements, dans les bas-fonds plats, et
à rapidement saturer les couches superficielles de ces bas-fonds, tout
en prédisposant ces espaces marécageux, densément
habités, en cas de survenance d'épisodes orageux importants, aux
risques d'inondation. Aussi, le lit mineur des cours d'eau se trouve être
dans bien de cas, le lieu de déversement des ordures de toute nature.
Aussi, la CUY a également défini une typologie
d'espaces ou de zones qualifiées de zones «non aedificandi
». Lesquelles sont présentées dans le tableau
8. Toutefois, c'est avec
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Ce qui contribue souvent à bloquer le
ruissèlement et à précipiter la sortie de l'eau de son
lit. (Cf. planche 4)
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