II.2.2. LES CAUSES HUMAINES
Plusieurs facteurs humains sont à l'origine de la
survenance des inondations en milieu périurbain, particulièrement
dans les secteurs d'Akok-Ndoué et Mvog-Betsi. Ce sont :
V' Le clientélisme
V' L'incohérence urbanistique
V' La pauvreté
V' L'imperméabilisation croissante des
bas-fonds
V' L'encombrement du lit des cours par les
ordures de tout genre
II.2.2.1. Le clientélisme et l'incohérence
urbanistique
Ce sont là deux facteurs importants qui accroissent la
vulnérabilité des populations de l'espace à l'étude
aux risques d'inondation.
Selon la loi N° 2004/003 du 21 avril 2004
régissant l'urbanisme au Cameroun en son article 9
alinéa 1 : « Sont inconstructibles, sauf
prescriptions spéciales, les terrains exposés à un risque
naturel (inondation, érosion, éboulement, séisme, etc.);
les parties du domaine public classées comme telles et les aires
écologiquement protégées telles que définies par la
législation relative à la gestion de l'environnement
».
Les zones marécageuses sont à cet égard
des espaces écologiques sensibles et donc interdits de constructions et
de vente ; car ils font partie du domaine public de l'État. Le constat
sur le terrain est tout le contraire, car lorsqu'on observe l'image satellite
Google Earth du 27/02/2010 du Sud et Sud-est de l'espace
d'étude, on se rend compte que les espaces de bas-fonds
(marécageux), sont quasiment bâtis. Ceci montre que les
autochtones véreux, sans prise en compte des textes en vigueur, ont
commercialisés ces espaces, qui devraient rester dans leur état
naturel. Ce constat corrobore le postulat de Tchotsoua(2007),
lorsqu'il précise que le système foncier dans bien de quartiers
de la ville de Yaoundé particulièrement les quartiers
spontanés est ambigu et de nature à favoriser la
susceptibilité des populations aux risques morpho-hydrologiques.
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde22.png)
Figure 16: Image satellite du mont
Akok-Ndoué et ses versants le 27/02/2010 Source :
Google Earth
Zone
marécageuse bâtie
N
62
pertinence que nous remarquons que ces zones, loin d'être
vides et vacantes, sont des espaces de prédilection l'extension de
l'habitat humain.
Tableau 8: Zones inconstructibles
définies par la CUY
ZONES INCONSTRUCTIBLES DÉFINIES PAR LA
CUY
|
CATÉGORIES
|
CARACTÉRISTIQUES
|
TYPE A
|
Rivières et bas-fonds marécageux ou
non
|
TYPE B
|
Espaces routiers futurs ou existants
|
TYPE C
|
Espaces ayant un statut de zone industrielle
|
TYPE D
|
Hauts reliefs et les espaces ayant le statut «
d'espaces verts »
|
Source : Communauté urbaine de
Yaoundé
63
Cette image satellite Google Earth du 27/02/2010,
on voit des bas-fonds qui sont densément humanisées,
obstruant le lit majeur du cours d'eau. De même, on s'aperçoit
également sur cette image, une mauvaise organisation de l'habitat, qui
est sans plan et ne respecte aucune règle d'urbanisme.
Cette image démontre à pertinence le
postulat selon lequel les zones définies comme inconstructibles,
particulièrement les bas-fonds marécageux, ont presque disparues
à cause de l'anthropisation exponentielle de ces zones.
On se rend compte dans bien de cas que les bas-fonds
marécageux à l'état naturel n'existent presque plus dans
la zone du fait de la poussée démographique qui entraine une
extension spatiale conséquente de la ville dans la zone
Sud-ouest.
D'autre part, cette image de la zone Sud et Sud-est de
l'espace étudié, présente également une des
caractéristiques propres aux villes tropicales : l'incohérence
urbanistique. Ce dernier est un facteur de
vulnérabilité non pas de seconde importance. Cette
incohérence urbanistique se traduit par l'absence des réseaux de
drainage et de collecte de l'eau de ruissèlement. Cette situation
contribue à prédisposer de façon croissante les
populations de ces secteurs aux risques d'inondation.
On s'aperçoit également que même les
versants pentus ont presque partout dans la zone d'étude subi la loi de
la pression humaine.
II.2.2.2. L'imperméabilisation croissante des
bas-fonds
Les bas-fonds de la zone sont aujourd'hui dans la plupart des
cas, largement humanisés. Au regard de l'image Google earth ci-dessus,
on peut affirmer que les bas-fonds de la zone ont déjà fait
l'objet d'une quasi-mise en valeur, soit pour la culture de légumes, ou
pour l'extension de l'habitat. Ce qui cause une imperméabilisation
conséquente de ces bas-fonds, rendant ainsi difficile l'infiltration de
l'eau des précipitations, facilitant ainsi la survenance des
inondations.
II.2.2.3. L'Encombrement du lit des cours par les
ordures de tout genre
L'autre facteur aggravant les inondations dans la zone, est
l'encombrement quasi-permanent des lits des rivières et des cours d'eau
par les ordures de toute sorte. Les populations de la zone, à cet
égard font preuve d'incivisme urbain, en déversant
quotidiennement leurs ordures dans les cours d'eau. Sans conscience que cette
activité participe à la récurrence de
64
débordement des cours d'eau qui causent les inondations
dans la zone. La photo 2 illustre parfaitement ce
déversement des ordures dans les cours d'eau de la zone.
La planche photographique 4 présente
un tronçon d'un cours d'eau entre 2 dates. L'une en saison sèche
et l'autre pendant la saison des pluies.
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde23.png)
Sur cette image, on observe l'incivisme des populations
des quartiers suscités. Ces derniers ont pour déversoirs
d'ordures les cours d'eau. Or ces ordures qui obstruent le lit des cours d'eau,
restreignent l'écoulement et sont à l'origine de la sortie de
cours de son lit, causant ainsi les inondations.
Ordures ménagères
déversées dans un cours d'eau au quartier EBA II
(Mvog-Betsi)
Photo 2: Encombrement des cours d'eau par les
ordures (Cliché Fofack Georges, Juillet
2013)
65
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde24.png)
Sur cette planche photographique, on aperçoit un
même tronçon de la Mingosso, affluent du Mfoundi qui coule
à Akok-Ndoué, entre 2 périodes : en saison sèche
(photo A) et en saison de pluie (photo B).
Cette comparaison diachronique, nous permet d'observer l'incidence du
déversement des déchets de tout type dans le lit du cours d'eau :
Les inondations se produisent parce que le lit du cours d'eau a
été obstrué par les ordures, ce qui entraine donc la
sortie du cours d'eau de son lit et d'envahir les zones d'habitation
avoisinantes qui sont installées sur le lit majeur du cours
d'eau.
Photo A : Tronçon de la Mingosso
(Affluent du Mfoundi) au niveau d'Akok-Ndoué le 31 juillet 2013.
Sens d'écoulement du cours d'eau
Photo B : Tronçon de la Mingosso
(Affluent du Mfoundi) au niveau d'Akok-Ndoué le 29 Septembre
2013
Planche photo 4: Comparaison d'un tronçon
de la Mingosso en saison sèche et en saison de pluie (Clichés
Fofack Georges, Juillet et Septembre 2013)
66
La figure 17 le rapport systémique
existant entre les causes des inondations suscitées et la
prédisposition des populations de notre espace à l'étude
à ce type de risque.
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde25.png)
Figure 17 : Schéma systémique
risque d'inondation en milieu urbain
Source : Mesmin Tchindjang, Cours Master
EDMR Université Paris Diderot Paris 7
Au regard de ce qui vient d'être analysé, il
convient de préciser que le schéma qui suit, illustre, la
combinaison relationnelle des facteurs à l'origine du risque
d'inondation dans l'espace à l'étude.
67
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde26.png)
6,006 km2 de superficie pour
51 761 habitants en 2007, soit plus de 8 620 hbts au
km2 Densité très élevée =
Imperméabilisation croissante
Encombrement des cours d'eau par les
ordures
1600 mm en moyenne/an Pluviométrie
importante
Facteurs naturels
Facteurs aggravants
Facteurs de vulnérabilité
3 structures sanitaires dans une superficie de 600 ha, soit 3
hôpitaux pour plus de
52 000 habitants. 1hôp. Pour 17 330 hbts
Faible protection sociale
Clientélisme et incohérence
urbanistique
Figure 18: Schéma
systémique du risque d'inondation dans les bas-fonds d'Akok-Ndoué
et de Mvog-Betsi
68
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde27.png)
Cette planche photo met en évidence les inondations
dans différents secteurs (quartiers) de notre zone d'étude. Sur
la photo 1, on a une habitation à Eba I
dont la façade arrière est complètement envahie
par les eaux. Sur les photos 2 et 4, on a un pont à
Akok-Ndoué qui est envahi par les eaux, entravant ainsi le trafic des
piétons. De plus les habitations à proximité en
arrière-plan portent l'inscription « A détruire
» Sur la photo 3, on a la fondation d'une
habitation au quartier Mewoulou I qui a été
envahi par les eaux. Sur la photo 5, on a une bâtisse en
planche qui sert de lieu de culte d'une église dite «
réveillée » dont la cour sert de garage de véhicules,
qui a été submergé par les eaux.
4 5
2
6
3
Planche photo 5: Inondations dans la zone
d'étude (Clichés Fofack Georges, Septembre 2013)
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