2.14.5. CONTROVERSE AUTOUR DES RADIOFREQUENCES, ENJEUX
ET SOLUTIONS
De radio, lignes haute tension, bornes Wi-Fi, appareils
ménagers... L'ampleur de ce phénomène est mal connue. Des
estimations allant de 1,5 % (en Suède) à 5 % (en Suisse) ont pu
être avancées, la prévalence des cas d'EHS en France
n'ayant pas fait l'objet d'études130.La subjectivité
des symptômes et leur manque de spécificité interrogent sur
la causalité de leur lien avec les expositions. Afin de vérifier
cela, des tests de provocation ont été réalisés,
consistant à engendrer l'apparition des symptômes par une
exposition expérimentale. La survenue de symptômes est
observée au sein de groupes se déclarant EHS et de groupes
témoins, que ce soit lors de phases réelles d'exposition ou lors
d'expositions factices.
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La plupart des résultats de ces études montrent
que les sujets EHS décrivent plus de symptômes que les
témoins, et ce indépendamment de l'exposition à des champs
électromagnétiques131. Ainsi, ces études n'ont
pas mis en évidence une capacité particulière des
individus se déclarant EHS à différencier la
présence ou l'absence de champs électromagnétiques.
Certains travaux ont mis en évidence l'existence d'un effet nocebo,
c'est-à-dire la survenue de symptômes sévères chez
certains sujets EHS lors d'expositions factices.
Bien qu'aucune explication physiologique n'ait pu
jusqu'à présent être avancée, ces résultats
ne permettent pas d'écarter l'existence d'une réelle
sensibilité aux radiofréquences pour de rares
sujets132.Ainsi, ces recherches méritent d'être
poursuivies, d'autant plus que de légers effets, tels que modification
de la qualité du sommeil et maux de tête, ont été
mis en évidence suite à une exposition de plusieurs
heures133.Plusieurs études ont par ailleurs exploré
les problèmes de santé ressentis par les personnes
exposées aux ondes émises par les antennes-relais de
téléphonie mobile. La problématique des risques
liés aux radiofréquences se cristallise autour de la question des
antennes-relais plutôt qu'autour de celle de l'usage des
téléphones mobiles, ces derniers étant pourtant plus
particulièrement pointés du doigt par les autorités
publiques et les experts scientifiques.
131Rubin et al. 2006 132Afsset, 2009
133Afsset, 2009
283
Dans un rapport d'étude, examinent l'origine de la
controverse autour de l'implantation de ces antennes montrent qu'elle ne puisse
pas ses racines uniquement dans les questions de compréhension de la
science et d'éducation du grand public134. Le
déploiement des antennes-relais a été initié au
début des années 90, sous l'impulsion de l'État qui poussa
le développement de ce service d'intérêt collectif dans une
optique de progrès social. Alors que la téléphonie mobile
est au départ destinée à un public restreint, à la
fin de l'année 1997, une explosion des ventes d'abonnements projette
cette activité dans la consommation de masse. Les opérateurs sont
alors confrontés à la nécessité d'intensifier leur
réseau, parallèlement à son déploiement, afin de
répondre à la demande.
À cette époque, environ 10 000 stations de base
couvrent le territoire ; on en compte aujourd'hui environ 70 000135,
l'implantation des antennes-relais étant régie par
différentes réglementations et accordée par l'ANFR. Dans
ce contexte, l'implantation précipitée de nouvelles antennes
s'est faite au détriment des riverains, dont les doléances n'ont
pas été entendues. Le sentiment d'impuissance face à ce
phénomène et le silence des autorités alimentent
l'hostilité des riverains à l'égard des antennes ayant
fait irruption dans leur paysage136.
134Borraz et al. (2004 135Afsset, 2009
136DeMarchi, 2009
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Bien que la question sanitaire n'ait pas été au
premier plan des préoccupations exprimées par les riverains, la
réponse tardive apportée par les opérateurs s'est
focalisée sur ce point137, de même que celle de
l'État qui produit un premier rapport sur la question des risques
sanitaires de la téléphonie mobile en 2001138. Ce
rapport évoque l'absence de risque lié aux antennes, mais
paradoxalement préconise leur implantation à distance des lieux
sensibles tels que crèches, écoles, hôpitaux... Ce message
a pour effet d'ancrer la problématique des antennes autour de la
question sanitaire139. À l'heure actuelle, les
résultats des études ne plaident pas en faveur d'une relation
causale entre expositions aux radiofréquences, aux niveaux d'exposition
couramment rencontrés, et altération de la santé, qu'il
s'agisse de cancers ou bien de symptômes plus généraux.
Aucun mécanisme d'action des ondes sur les cellules ou
les tissus n'a pu être mis en lumière, mais les doutes subsistent
à la faveur de l'évocation d'effets biologiques par certains
travaux isolés. Face à cette situation d'incertitude, les
opinions sont souvent tranchées entre partisans de l'existence d'un
effet avéré et partisans de l'innocuité des ondes, offrant
ainsi un terrain propice à l'opposition de points de vue extrêmes.
On assiste alors à l'affrontement de deux groupes.
137Borraz et al.,2004 138Zmirou et al.,
2001 139Borraz et al. 2004
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