II.3. PERFORMANCE DE REMBOURSEMENT DES CREDITS
II.3.1. CONTEXTE
Le principal objectif des institutions de microfinance (IMFs)
est de donner aux pauvres l'accès aux services financiers
(épargne et crédit) afin de limiter les contraintes
financières aux quelles ils font face et de lutter contre la
pauvreté.
Qu'elle soit à but lucratif ou non, toute IMF cherche
à obtenir des taux de remboursement les plus élevés
possibles. Des taux de remboursement élevés sont en effet
associés à des rotations des capitaux financiers pour ses
emprunteurs.
L'amélioration des taux de remboursement peut aussi
permettre de réduire la dépendance aux subventions de l'IMF.
Les principaux facteurs influençant le remboursement
des prêts sont liés aux asymétries d'information, aux chocs
négatifs c'est- à-dire le non remboursement des capitaux
empruntés auxquels font face les emprunteurs ou à la mauvaise
qualité d'institutions telles que la justice.
Les asymétries d'informations apparaissent lorsqu'il
est coûteux pour l'IMF d'obtenir des informations sur les
caractéristiques ou le comportement de l'emprunteur.
Ces asymétries génèrent des
problèmes de sélection adverse ,attribution de prêts aux
emprunteurs très risqués ,ainsi que des problèmes
d'aléa moral, situation où l'emprunteur agit d'une manière
non appropriée (il fait peu d'effort ou des efforts insuffisants pour
faire fructifier son prêt ou l'utilise de manière non
appropriée).
Les problèmes de sélection adverse et
d'aléa moral augmentent la proportion d'emprunteurs qui ne peuvent
rembourser leur prêt à la date d'échéance car le
rendement de l'utilisation de leur prêt ne le leur permet pas.
Les IMFs doivent donc développer des
méthodologies de prêt qui permettent de contourner ces
problèmes de sélection adverse, d'aléa moral et de
défaut stratégique.
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Dans cette partie, nous souhaitons contribuer à
l'amélioration de la performance de remboursement des IMFs en examinant
les déterminants des taux de remboursement.
I.3.2. AMELIORER LA PERFORMANCE DE REMBOURSEMENT
Un taux de remboursement parfait (100 %) à
l'échéance peut être assimilé à un optimum de
premier rang. Si l'IMF ne peut atteindre un tel taux à l'aide des
différents éléments de la structure incitative de sa
méthodologie de prêt, elle utilisera des stratégies de
second rang afin d'accroître sa performance de remboursement. Elle
cherchera ainsi à attribuer des prêts plus élevés
aux emprunteurs moins risqués ou à réduire la durée
des retards de remboursement.
II.3.2.1. Optimum de premier rang en matière de
remboursement
Le rationnement du crédit et l'utilisation de
collatéral sont les deux méthodes les plus fréquemment
utilisées par les banques pour limiter les problèmes
d'asymétrie d'information sur le marché du crédit. Ces
méthodes conduisent mécaniquement à l'exclusion des
emprunteurs pauvres du marché du crédit.
Afin d'expliquer comment la microfinance réussit avec
succès à prêter à ces emprunteurs pauvres, de
nombreux travaux utilisent des modèles d'agence pour montrer qu'en
prêtant à des groupes d'emprunteurs conjointement solidaires
constitue un mécanisme incitatif de remboursement de leurs prêts,
les contrats de microfinance permettent de remédier à la
sélection adverse et aux problèmes d'aléa moral
liés aux asymétries informationnelles.
D'autres modèles démontrent également que
l'utilisation de contrats de prêts groupés permet également
d'améliorer les taux de remboursement car les interactions sociales
rendent plus coûteuse, pour les emprunteurs la stratégie de
non-remboursement.
Les liens sociaux et l'homogénéité des
groupes d'emprunteurs influencent également la performance de
remboursement car ils favorisent le contrôle des actions des emprunteurs
et la pression au remboursement des membres du groupe de même qu'ils
peuvent directement résulter de l'auto sélection efficace des
membres du groupe de prêt.
L'utilisation d'échéances fréquentes pour
le remboursement ou de mécanismes incitatifs dynamiques sont d'autres
mécanismes utilisés par les institutions de microfinance pour
augmenter leur performance de remboursement.
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Par ailleurs, l'offre de services non financiers en
complément des services d'épargne et de crédit
accroît la capacité des emprunteurs de rembourser tout en
augmentant la valeur qu'ils portent à leur relation à
l'institution de microfinance. L'ensemble des mécanismes
susmentionnés sont appréciés comme des innovations
financières.
On parle de mécanismes incitatifs dynamiques pour faire
référence à la menace de ne plus attribuer de prêt
à un emprunteur qui n'a pas respecté le calendrier de
remboursement de son prêt. Les mécanismes incitatifs dynamiques
sont d'autant plus forts que l'IMF attribue des prêts plus importants
à chaque nouveau cycle de crédit aux emprunteurs ayant fait
preuve d'une bonne discipline dans leur remboursement, qui permet aux IMFs de
prêter aux pauvres tout en respectant des objectifs de viabilité
financière.
Lorsque l'utilisation de ces mécanismes est
insuffisante pour permettre à l'IMF d'atteindre un taux de remboursement
de 100 %, taux qui correspond à l'optimum de premier rang, et lorsque
les emprunteurs n'ont pas tous la même probabilité de
défaut, l'IMF peut chercher à atteindre un optimum de second rang
où le montant total des prêts remboursés à temps est
maximum.
Dans la section suivante, nous expliquons pourquoi les
emprunteurs sont intéressés par des prêts plus larges et
pourquoi les IMFs devraient, afin d'atteindre l'optimum de second rang,
attribuer des prêts plus importants aux emprunteurs ayant des
probabilités de rembourser à temps plus élevées.
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