B- La tradition
Dans la culture Malagasy, le premier réflexe des
individus pour faire face aux actes routiniers de la vie sociale est
porté sur la coutume. Or, certaines pratiques des lois coutumiers sont
discriminatoires, plus précisément la violence à
l'égard de la femme au point qu'elles poussent ce dernière
à se sentir mal dans leur peau.39
1- Les méfaits de la pratique des règles
coutumières à l'égard des femmes
L'applicabilité des certains dispositions de cette loi
par les membres des familles constituent en soi des actes de violences qu'on
pose à l'endroit des personnes de sexe féminin. À
l'intérieure de la ville de Toliara, sept femmes sur dix ont
déclaré que les sanctions de la loi coutumière sont plus
sévères à l' endroit des femmes qu'aux
hommes.40 On prend un exemple le plus frappant celui du
«TROBAKY» dans le «FOKO Masikoro» à Toliara, c'est
l'intention du partenaire de faire volontairement une adultère en
flagrant. Dans ce cas, seul le mari peut toujours pratiquer cette action. Quand
l'époux commet un délit, ceci est excusable au niveau de la
société, il doit verser des dommages pour se faire pardonner; par
contre si la femme la commette, est injustifiable. Elle est
considérée comme une femme mal éduquée par les
parents ou portée un blasphème vis-à-vis de
l'ancêtre de sa famille.
Retenons que dans le système matriarcat comme dans le
système patriarcat, tout pouvoir et tout crédit reposent sur
l'homme. Une femme peut se voir répudiée ou obligée de
supporter une coépouse parce qu'elle ne met au monde que des filles. Les
femmes adultes sont désireuses inconscientes de revanche au nom d'une
tradition dont elles refusent d'être les seules perdantes. Ainsi, tous
les conseils des mères et tantes à une fille qui se
prépare au mariage ne sont pas toujours de nature à la conduire
à son épanouissement vers une marche de libération face
aux coutumes malfaisantes qui opposent les femmes. Elles mettent dans l'esprit
de la femme la mentalité de la résignation de l'acceptation des
problèmes, des idées dépassées comme par exemple,
celle de ne pas se plaindre et de tout admettre parce qu'on est femme et par
surcroît femme de quelqu'un. Cela veut dire qu'on est
propriété de celui qui a doté (acheté) la femme,
toutes ces pratiques contribuent à alimenter le chemin de la croix de la
femme.
39 MUNDA, 1999
40 (TAZ et CECJ, 2013): Extrait du rapport annuel face
à la violence basée sur le genre dans la ville de Toliara et son
périphérie réalisé par TAZ et CECJ auprès du
PNUD, DRPAS, TPI Toliara
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
1- La souffrance des femmes dans la coutume Malagasy
«La violence envers les femmes est un fléau
difficile à combattre, surtout dans certaines régions de
l'île ; notamment celles du sud, les droits de la femme sont encore
bafoués où 53% des femmes subissent des violences de la part de
leur conjoint. La violence conjugale est devenue une affaire privée,
pire encore, selon leurs coutumes dans ces régions conservatrices, 32%
des femmes donnent raison aux hommes qui battent ou maltraitent leur
épouse. Alors, en tant que affaire privée et donc il est inutile
de dénoncer les faits et porter l'affaire en justice, et pourtant,
à peine 10 % seulement des femmes battues osent porter
plainte»41. En plus, c'est le fait de contester le principe de
FIHAVANANA Malagasy.
Sur le plan social à Madagascar, il y a encore un fort
attachement de la population surtout rurale aux traditions. Cette
préservation de la culture traditionnelle qui consiste surtout à
la supériorité de l'aîné par rapport au cadet et de
l'homme par rapport à la femme est assurée par les structures
communautaires et la croyance de la population au «FADY», c'est le
tabou ou l'interdit. Dans le cadre de la sociologie de genre, cette
dernière recouvre le «sexe social ou culturel».
C'est-à-dire les qualités attribuées à un sexe et
la hiérarchie entre les sexes qui ne résulte pas de la nature
mais de la culture. Elle permet de faire ressortir certains des leviers des
rapports de pouvoir au sein des sociétés, notamment celles que
l'on appelle traditionnelles.
2- L'influence de la tradition Malagasy au sein du couple
La violence conjugale dans la société en voie du
développement, on a privilégié le cas de Madagascar plus
précisément dans la ville de Toliara, étant une cause de
stress et de souffrance pouvant produire différentes formes de troubles
psychiques. C'est un phénomène lié au fonctionnement de la
société elle-même : à la violence du colonialisme,
s'ajoute celle d'agir sous l'influence de parage, sans oublier le poids des
coutumes et des traditions. Quant au code de la famille et à la loi
coutumière, ils font de la femme un être faible, soumise, sous la
protection de la société des hommes au nom de la tradition, ainsi
que la valeur et les préceptes traditionnels l'exige le pouvoir et la
force physique de l'homme «Fanjakan-dehilahy».42
L'environnement socio-culturel Malagasy maintien de la
supériorité de l'homme et de l'infériorité de la
femme, cependant, les femmes ne connaissent pas leurs droits et sont sous
41Articles a publié par Manitrisa du mercredi
09/05/13 à 11:30 dans «le journal online» Midi Madagascar
42«Fanjakan-dehilahy»: le pouvoir exorbitant donné
à l'homme qui est exploité pour satisfaire plus
particulièrement ses besoins et fantasmes, ou bien c'est la puissance
dominatrice de l'homme fondé par le pouvoir et la force physique.
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
l'influence de la tradition. Il est notoire que la plupart des
victimes préfèrent garder le silence, en particulier les femmes.
Mais ce silence a des nombreuses explication comme par exemple, le manque ou
l'absence de ressource financière qui permettent à la femme de
subvenir seule à ses besoins et éventuellement à ses
enfants, l'ignorance, car il arrive que la femme ne sache pas qu'elle a le
droit de porter plainte, d'ester en justice et la prédominance de la
tradition à Madagascar «Ny tokatrano fihafiana sy fifandeferana ary
tsy ahahaka»43. C'est-à-dire que dans la vie conjugale
on doit supporter, on doit tolérer et on est en privé ou intime.
Le rejet de la famille est aussi un obstacle, il arrive en effet que les
proches rejettent la femme après une séparation, car ils estiment
qu'elle devient alors une honte et une charge pour la société,
donc la tradition est un facteur favorisant la violence conjugal par
l'existence de la loi du silence liée aux femmes Malagasy.
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