IV.7 Facteurs influençant le pronostic a.
Délai entre le début de la symptomatologie et la consultation
23% des patients étaient venus à consultation au
delà de 72heures depuis le début de la symptomatologie, 51,5%
étaient venus entre 24 et 48 heures après l'installation des
symptômes (tableau XII). Nous avons trouvé une dépendance
entre la modalité de sortie et la durée séparant le
début de la symptomatologie, de la consultation (tableau XII) p=0.0000.
La mortalité était élevée chez les patients qui
avaient consulté au delà de 72heures du début des
symptômes. En effet, plus le malade traine à consulter plus vite
s'installent des troubles qui rendront difficile la prise en charge
ultérieure.
Le long délai entre la survenue de la symptomatologie
et consultation s'explique par une automédication à domicile
avant la consultation.
La figure 1 nous présente la proportion des patients
qui avaient pris un traitement à domicile ; n'importe lequel. 79
patients sur 87 ont reçu un traitement à domicile soit une
proportion de 90,80%.
Aussi, des erreurs diagnostiques dans des dispensaires ont une
part non négligeable dans le retard d'une consultation
adéquate.
Les types de traitement en automédication sont
représentés dans la figure 2. 34 patients sur 87 avaient
reçu un traitement moderne soit 39,08%, 27 patients sur 87, un
traitement moderne et traditionnel associés soit 31,03% puis 18 patients
avaient reçu un traitement traditionnel soit 20.69% enfin 8 patients sur
87 n'avaient reçu aucun traitement à domicile avant la
consultation soit 9.20%.
L'usage de plus en plus répandu des produits
indigènes dont on ignore le principe actif et la posologie pour la
plupart, constitue un danger. En effet, les malades se contentent de cette
accalmie traitresse que procurent certains extraits des feuilles ou des racines
des plantes. Ce genre de pratique retarde la consultation et le diagnostic, ce
qui conduit souvent à une issue fatale.
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Ajoutons que 18 patients sur 19 qui sont
décédés s'étaient présentés à
l'hôpital tardivement suite à une automédication (Tableau
XIII). Parmi eux, 12 avaient reçu un traitement traditionnel, 4, un
traitement moderne et 2 avaient reçu un traitement moderne et un
traitement traditionnel. (Tableau XIII). Nous avons trouvé une
dépendance entre la modalité de sortie et le traitement
reçu à domicile avant la consultation. (p=0,0000) (Tableau
XIII).
Le retard dans la prise en charge a été le
principal facteur pronostique rapporté dans toutes les études
africaines [8] Lié très souvent à certaines pratiques de
médecine traditionnelle (prières, ablutions breuvage), le retard
serait aussi imputable aux erreurs diagnostiques à la consultation
initiale effectuée dans les dispensaires et cliniques privées
[8].
b. Délai entre l'arrivé à
l'hôpital et la prise en charge chirurgicale
L'issue de la prise en charge dépend de la
rapidité de la prise en charge chirurgicale p=0,0000 (Tableau XIV). Ceci
rejoint ce que Doklestic SK et al avaient trouvé dans leur étude
[5]. En effet, l'acte opératoire ne devrait pas être
retardé par la réanimation pré opératoire. Plus
tôt on passera à la chirurgie moindre seront les lésions
péritonéales consécutives à l'ouverture du contenu
du tube digestif dans la cavité péritonéale.
c. Survenue des complications
Nous avons trouvé une dépendance entre la
survenue des complications et la modalité de sortie, tableau XV
(p=0,0000). Malgré un traitement bien conduit, dans notre étude,
les complications sont survenues chez 39 patients sur 87 soit une
morbidité de 44,83% (Tableau XI).
En effet, l'antibiothérapie est probabiliste dans notre
milieu. La culture et antibiogramme du liquide péritonéale serait
indispensable pour bien conduire une antibiothérapie en fonction de la
sensibilité des germes isolés. Ceci réduirait dans la
mesure du possible la survenue des complications et améliorerait l'issue
de la prise en charge.
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Cependant, cet examen qui est l'idéal est hors de notre
pratique courante. L'alternative serait d'avoir une idée plus ou moins
claire sur les germes fréquemment en cause dans notre milieu.
Malheureusement, il n'y a pas d'études menées sur ce sujet.
En outre, quand bien-même le risque infectieux soit
prévisible dans la péritonite à cause du type-même
de la chirurgie, (classe 4 d'Altemeier), l'asepsie devrait être
rigoureusement observée en pré, per et poste opératoire
car le manque d'asepsie peut aussi être incriminé dans la survenue
des complications infectieuses.
d. Diagnostic per opératoire ou
étiologie-même de la péritonite
La modalité de sortie dépend du diagnostic per
opératoire ou étiologie-même de la péritonite
tableau XVI ; p=0,0089. Cette dépendance s'explique par la
nature-même de l'affection causale. La mortalité étant
associée à une perforation colique. Dans ce cas, c'est une
péritonite stercorale qui a un mauvais pronostic.
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