IV.4 Diagnostic de la péritonite aiguë
Le diagnostic de la péritonite aiguë dans notre
étude était clinique pour la plus part.
Le tableau III présente les différentes plaintes
accusées par les patients à l'admission. Tous les patients se
plaignaient de la douleur abdominale diffuse ou localisée. La douleur
pouvait être seule ; 39,1% ou associée à d'autres
symptômes tels que : arrêt des matières et des gaz,
vomissement. L'issue des matières à travers la plaie
opératoire a motivé la consultation de 4 patients soit 4,6% qui
étaient tous référés par des centres de
santés. Ces plaintes permettaient d'établir un diagnostic de
présomption en vue d'une prise en charge classique.
Le diagnostic de la péritonite est essentiellement
clinique et repose sur un petit nombre de symptômes et signes cliniques
(douleur abdominale spontanée, contracture abdominale, arrêt du
péristaltisme intestinal et fièvre) qui varient en fonction de
l'étiologie et de la durée
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d'évolution de la péritonite [3,20]. Cependant,
ces signes caractéristiques peuvent manquer, ou se résumer en la
seule douleur.
Sur 87 patients, 9 ont bénéficié d'une
radiographie de l'abdomen sans préparation soit 10,34%.
L'échographie quant à elle a été faite chez 2
patients sur 87 soit 2,30%.
Le taux bas d'examen d'imagerie s'explique par le fait que
l'examen clinique (interrogatoire et examen physique) constitue dans nos
hôpitaux une étape capitale. Les médecins, à l'issue
de l'examen clinique bien conduit, parviennent au diagnostic et à
l'indication de la chirurgie. Toutefois, l'examen d'imagerie n'est pas
accessible à tous les patients par contraintes financières pour
la plupart.
Le diagnostic présomptif au cours des
péritonites permet de poser l'indication opératoire ; mais il est
aussi d'une importance majeure à ventre ouvert, car il permet de traiter
non seulement la péritonite mais aussi sa cause [9]. Les diagnostics
présomptifs ; diagnostics préopératoires sont repris dans
le tableau IV. Le diagnostic d'occlusion vient en tête ; 25 cas sur 87
soit 28,7%.
Les diagnostics per opératoires ou les
étiologies-mêmes des péritonites sont repris dans le
tableau V. La première cause que nous avons retrouvée est la
perforation jéjuno-iléale, suivi de la perforation gastrique puis
de la perforation appendiculaire et l'occlusion intestinale. Ceci rejoint les
résultats trouvés par Harouna Y.D et al, dans une étude
menée à l'hôpital Niamey au Niger. Pour ces auteurs, la
perforation iléale vient en tête, suivie de la perforation
appendiculaire [8]. La perforation jéjuno-iléale a
été retrouvée comme première cause par plusieurs
auteurs notamment d'Agarwal et al en Inde 43%, et Adoukonou au Benin 38,5%
[12].
La fièvre typhoïde, maladie
endémo-épidémique due à Salmonella typhi, dont
l'évolution est marquée dans 4 % des cas par plusieurs
complications dont les complications digestives [8] peut être
incriminée dans la perforation iléale. Elle est une cause
fréquente de perforation infectieuse du grêle dans nos pays,
favorisée entre autre par des conditions socio-économiques
défavorables [25].
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La fièvre typhoïde a été
retrouvée comme 1ère cause de perforation
jéjuno-iléale dans une étude effectuée par Ahmer A
Memon et al au Pakistan dans un hôpital universitaire de niveau tertiaire
de Sindh [3].
Les perforations jéjuno-iléale sont relativement
rares comme source de péritonite dans le monde occidental
comparativement aux pays d'Afrique et asiatiques [7]. La pathologie biliaire et
pancréatique et les perforations coliques (sigmoïdite ou cancer
compliqué) principales étiologies des péritonites en
Europe ne se rencontrent que rarement en zone tropicale [8]. Les perforations
coliques constituent la 2ème cause de la péritonite
après la perforation appendiculaire dans le monde occidental. Ces
perforations coliques résultent d'une diverticulite pour la plupart [7].
Dans notre étude la perforation colique ne vient que en
5ème position ; tableau V.
Kanté L. et al, dans leur étude à
l'hôpital Somine Dolo au Mali, ont trouvé la perforation
appendiculaire comme première cause des péritonites suivie de la
perforation jéjuno-iléale, et de la perforation
gastroduodénale [1].
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