La péritonite aiguë est l'inflammation aiguë
du péritoine par une inoculation septique à partir, le plus
souvent, d'un organe intra péritonéal et plus rarement
après contamination par voie générale [1].
Considérant la source et la nature de la contamination microbienne, la
péritonite peut être classée en primaire, secondaire et
tertiaire [1,2].
Quand elle est primaire elle fait le plus souvent suite
à une inoculation par voie hématogène [3,4]. Lorsqu'elle
est secondaire, elle se fait soit par diffusion à partir d'un foyer
infectieux intra abdominal, soit par perforation d'un organe creux du tube
digestif [2-4]. La péritonite tertiaire est consécutive à
la péritonite secondaire suite à l'échec de la
réponse inflammatoire de l'hôte ou à la surinfection
[2,3].
La péritonite est une pathologie très
fréquente parmi les abdomens aigus chirurgicaux. Sa fréquence est
estimée à 3% en France par rapport à l'ensemble des
abdomens chirurgicaux aigus, 13,6% à Oman, 20% au Mali et 28,8% au Niger
[1].
La péritonite secondaire
généralisée est une des urgences chirurgicales les plus
communes [5]. Elle a une mortalité hospitalière
élevée (24-35%), aussi bien qu'une morbidité
considérable à long terme [6].
En dépit du grand progrès des soins intensifs,
de l'antibiothérapie et des techniques chirurgicales, la gestion de la
péritonite demeure encore très complexe et représente un
défi pour les cliniciens [2,3 ,5].
Le diagnostic des affections intra abdominales est
basé souvent sur les données de l'interrogatoire et l'examen
physique [7].
La péritonite aiguë impose, à
côté des gestes chirurgicaux indiqués et
exécutés à temps, la mise en oeuvre intensive des
ressources de réanimation ; notamment la correction du désordre
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électrolytique et antibiothérapie dont le but
est de lutter contre la bactériémie et l'extension de l'infection
[8,9]. Si ces interventions sont différées ou inadéquates,
la péritonite secondaire peut s'étendre rapidement dans toute la
cavité abdominale; jusqu'à 40% de malades avec péritonite
secondaire peuvent progresser à la septicémie ou au choc septique
avec un taux de mortalité élevé pouvant atteindre 30-40%
[1,10].
Les péritonites postopératoires sont une
complication grave des interventions de chirurgie abdominale, marquées
par une fréquence de décès de 30 à 50% des patients
selon les séries [1,11]. Bien qu'ayant une incidence faible (elles
compliquent 2 à 3 % des laparotomies), les péritonites
postopératoires (PPO) doivent absolument être
évoquées et diagnostiquées rapidement car leur pronostic
est beaucoup plus sévère que celui des péritonites
secondaires, avec une mortalité qui se situe entre 30 et 50 % selon les
séries [12]. Malheureusement, les PPO sont souvent reconnues
tardivement, puisque classiquement diagnostiquées entre le 5ème
et le 7ème jour postopératoire, voire même après la
2ème semaine alors qu'il est en fait clairement démontré
que la rapidité du diagnostic et un traitement adapté
d'emblée sont deux facteurs pronostiques majeurs [11,12]. Carlet et son
équipe ont rapporté une mortalité de 6 % quand un
traitement chirurgical correct et une antibiothérapie adaptée
étaient entrepris d'emblée, alors qu'elle pouvait atteindre 71 %
si l'antibiothérapie ne l'était pas et ce, malgré un
traitement chirurgical correct, voire même 90 % dans le cas inverse
[12].
La gravité de la péritonite varie suivant les
pays, la durée d'évolution avant la prise en charge,
l'étiologie, le traitement, le terrain et l'âge sur lesquels elle
survient [8]. Le taux de mortalité due à la péritonite
aiguë augmente avec l'intervalle de temps entre la perforation de l'organe
creux et la chirurgie [5].
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Dans les pays développés, notamment à
France, cette affection a connu une régression notable avec une faible
mortalité en raison de la maitrise des maladies pouvant se compliquer de
péritonite [13]. Dans les pays en voie de développement par
contre, la morbidité et la mortalité liées à cette
affection demeurent encore très importantes faisant d'elle un
réel problème de santé publique [8,13]. En Asie :
Ramachandran CS, Agarwal S ont signalé dans, leur étude, qu'en
cas de défaillance multi viscérale au moment de l'intervention,
le pronostic pouvait atteindre 70-80% de décès [14]. En Afrique,
une étude faite au Nigeria a révélé une
mortalité de 11,6% chez les enfants atteints de péritonite [15].
Dans une étude effectuée dans la ville de Butembo en
République Démocratique du Congo, la péritonite s'est
révélée 2ème cause d'abdomens aigus
chirurgicaux opérés en urgence avec une fréquence 21.2%
après l'appendicite aiguë [16]
Etant donné que la péritonite constitue une
entité fréquente en chirurgie digestive [5] mettant en jeu
l'intégrité des fonctions vitales [8], il sied de lui accorder
une attention particulière dans la pratique courante. Cela étant,
nous nous sommes posé une question : comment cette pathologie, non
seulement fréquente mais, en plus, mettant en jeu le pronostic vital,
est-elle prise en charge en ville de Butembo ?
Notre étude avait comme objectif général
d'évaluer la prise en charge de la péritonite aiguë dans la
ville de Butembo en vue de son amélioration, et comme objectifs
spécifiques :
> Relever l'aspect épidémiologique de la
péritonite aiguë dans la ville de Butembo.
> Evaluer le diagnostic préopératoire versus
per opératoire.
> Déterminer l'issue de la prise en charge
> Déterminer les facteurs influençant le
pronostic de la péritonite aiguë.
> Analyser l'évolution hospitalière des
patients opérés de péritonite aiguë.
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Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail est
constitué de quatre chapitres : le premier est consacré aux
Généralités sur la péritonite aigue, le
deuxième au matériel et méthodes, le troisième
présente les résultats et le quatrième discute les
résultats.
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