I.2.2.3 Charges et dépenses15
Les charges sont, dans une comptabilité d'engagement,
l'imputation à un exercice d'une diminution du patrimoine (autre qu'une
distribution du bénéfice), c'est-à-dire une composante
négative du résultat de l'exercice. On parle souvent de :
- Charges constatées d'avance : Achats
de biens ou de services dont la fourniture ou la prestation interviendra
ultérieurement.
- Charges différées : Les
dépenses qui ne peuvent pas être activées, ni
attribuées à un coût d'acquisition ou de production,
doivent être imputées aux charges de l'exercice. - Charges
à étaler : Les dépenses qu'on ne peut pas activer
doivent être imputées aux charges de l'exercice.
- Charges à payer : Dettes
provisionnées (Régularisation)
- Charges sociales : Aux salaires proprement
dits s'ajoutent des cotisations et des impôts.
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Les charges sont donc des diminutions du patrimoine par la
sortie d'un flux financier de paiement qui peut avoir plusieurs formes :
- La forme monétaire d'une dépense faite au
même instant ;
- La forme juridique de la naissance d'une dette, qui sera
éteinte à l'arrivée du terme par une dépense, le
paiement ;
- La forme purement comptable d'un transfert de la valeur entre
deux comptes.
Les dépenses sont des sorties de liquidités
(flux monétaire) depuis le patrimoine vers l'environnement. Elles sont
donc de décaissements c'est-à-dire la sortie d'un flux financier
de paiement de forme monétaire.
Les dépenses sont caractérisées par leur
montant, par leur date, par leur forme, qui précise leur origine dans le
patrimoine et leur destination dans l'environnement : caisse, chèque,
virement, prélèvement. Il y a de dépenses sans ou avec
charges :
a. Dépenses sans charges : Ce sont de
dépenses faites après la mesure (en aval) du résultat.
Ex : La distribution d'un dividende aux associés, le
prélèvement d'une part du bénéfice par le dirigeant
; la valeur passe directement du patrimoine à l'environnement sans
transiter par la période et sans agir sur le résultat.
b. Dépenses avec charges : Ce sont de
dépenses faites avant la mesure (en amont) du résultat ; elles
font l'objet d'un traitement qui les convertit en charges.
- Conversion directe de la dépense en charge :
La dépense est qualifiée de charge de l'exercice ou
exceptionnelle d'un exercice postérieur. On choisit cette solution quand
la dépense est d'un faible montant, pour les achats de service, des
biens non stockables, fragiles, pour les dépenses qui ne font pas
acquérir un actif ayant une valeur de revente.
Plus généralement, une dépense sera
traitée comme une charge de l'exercice, quand on est plus sensible aux
principes d'indépendance des exercices, de prudence et de
réalisation. La dépense est alors considérée comme
un emploi consommé pendant la période et définitif, on
l'oriente vers le compte de résultat de l'exercice ; le bilan est alors
considéré comme avant tout juridique, un indicateur de la
solvabilité et l'actif ne regroupe donc que les postes ayant une valeur
vénale.
- Conversion indirecte de la dépense en charge
: Dans un premier temps, la dépense donne naissance à
une augmentation d'actif ; la valeur est conservée sous la forme d'un
emploi en attente. Dans un second temps, la dépense ressortira de
l'actif peu à peu, pour devenir charges de plusieurs exercices
successifs (amortissements) et produits (revente de l'actif résiduel).
On ne connaît pas à l'avance le montant total des
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charges, qui est la différence entre la dépense
d'acquisition et la recette de revente ; on ne connaît non plus à
l'avance la date des charges, parce que l'étalement entre exercices a
une certaine liberté. Cette solution est utilisée pour les
dépenses de montant élevé, pour l'acquisition d'un bien
qui aura une longue utilisation, ou quand la dépense fait
apparaître un actif ayant une valeur de revente ou, plus
généralement, quand on donne la prééminence au
principe de continuité. La dépense est alors
considérée comme un emploi conservé en attente et on
l'oriente vers le bilan de fin de l'exercice.
Mais, inversement, à toute charge correspond une
dépense. Il y a toujours sortie d'un flux monétaire, à un
moment ou à un autre ; mais charge et dépense ne coïncident
pas forcement dans le temps et leur ordre chronologique peut être
quelconque :
1. Charge contemporaine à la dépense ou
charge décaissée
C'est-à-dire la charge qualifie la dépense ; le
flux financier de paiement a immédiatement la forme monétaire,
l'attribution de la charge au même exercice que la dépense et par
conséquent son montant s'impose absolument.
Ex : Achat au comptant
2. Charge séparée de la dépense ou
charge calculée
- Charge antérieure ou
décaissement
Elle engage la dépense c'est-à-dire le flux
monétaire viendra plus tard, dans un
premier temps, le flux financier a soit la forme juridique
(naissance d'une dette).
Ex : Achat à crédit ; soit la forme comptable
(dotation d'une prévision pour risque et
charge)
- Charge postérieure à la dépense ou
charge non décaissable
Le flux monétaire vient en premier, le flux comptable
vient ensuite, sous la forme
d'une décision d'attribution à un ou plusieurs
exercices.
Ex : Dotation d'amortissement ou de provision,
régularisation, inventaire du stock, retrait
d'immobilisation.
On entend par :
- Flux réel16: Ce sont les
facteurs de production achetés ou utilisés, ou de biens et
services produits ou vendus.
- Flux financier17 : Ce sont les
contreparties des précédents. Ils peuvent à leur tour
être subdivisés en :
? Flux juridiques : Naissance et extinction des
créances et dettes
? Flux monétaire : Recettes et
dépenses éteignant les créances et les dettes
16P. Lasegue, op cit, p139 17 Idem, p140
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> Flux comptable : Virement, dotation,
reprises, régularisation, subdivision et regroupement de comptes, trajet
apparent de la valeur comme image et résultante du bi flux de son trajet
effectif.
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