CHAPITRE II - REVUE DE LITTERATURE THEORIQUEDE REFERENCE
ET EMPIRIQUE
Nous nous attarderons sur la théorie des
objectifs. En nous référant à cette théorie, nous
pouvons comprendre l'effet du profil des carrières sur les
salariés de fraternité matin. En effet, le profil de
carrière (promotions, changement de poste, mobilité) sont des
objectifs que les travailleurs veulent atteindre ; cela les poussent
à donner le meilleur d'eux-mêmes pour y arriver. Autrement dit, le
travailleur, soucieux de ses défis, s'investit dans son travail afin de
gravir des échelons. Partant de ce fait, ils deviennent de plus en plus
motivés à leur poste de travail. Par conséquent, la
théorie des objectifs de Locke permet de justifier la pertinence de
l'effet du profil des carrières sur la motivation des
employés.
Cependant, elle est limitée lorsqu'il s'agit
d'expliciter l'effet du genre sur la motivation professionnelle des
salariés au travail. De ce fait, pour ce qui est de la relation du sexe
au travail la théorie de la comparaison sociale est mieux
indiquée pour expliquer.
I. Les théories de référence
Ici, les théories de référence seront
données avant de dresser les différentes de motivation au
travail.
1.1. La théorie des objectifs
1.1.1. La théorie de fixation des objectifs de Locke
(1968)
La théorie de la fixation des objectifs a
été énoncée par Locke en 1968 puis reprise
plusieurs fois par la suite. Elle stipule que la motivation au travail d'un
individu sera plus importante si des objectifs lui sont fixés. Plus
tard, Locke (1990) et afin d'optimiser son efficacité,
un objectif doit revêtir plusieurs aspects :
· La clarté de l'objectif
Être clair et précis, spécifique (cela
facilite son atteinte) ; » Être difficile mais réaliste (il
constitue alors un défi motivant) ; » Être accompagné
d'un feed-back quant à son atteinte ; » Être
accompagné d'un soutien pour l'atteindre ; » Avoir
été établi en faisant participer tous les collaborateurs
impliqués ; » Être accompagné de récompenses
lors de son atteinte. Pour Locke, la difficulté de l'objectif renforce
le niveau d'effort fourni et la persistance de celui-ci.
· Chalenge de l'objectif
En outre, si l'objectif est spécifique, il permet de
concentrer l'attention et les efforts de l'individu, ce qui lui permet de
développer des stratégies afin d'optimiser son travail.
L'individu guidé par un objectif est ainsi plus performant qu'un
individu livré à lui-même. Il convient de rappeler que la
théorie des objectifs connaît des limites notamment : - Si
l'objectif est trop difficile à atteindre, certaines personnes risquent
de se démotiver.
· Engagement pour l'objectif
Les individus qui n'ont pas un fort besoin de
réalisation ou d'accomplissement seront moins motivés par la
fixation d'objectifs que les autres. - Plus une tâche est complexe et
plus elle demande d'interactions entre individus, moins la fixation d'objectifs
sera efficace. - La simple fixation d'objectifs ne suffit pas à motiver
les individus, il faut pour cela qu'ils soient engagés, impliqués
dans l'objectif. Les travaux de Locke sont à l'origine du Management
Par Objectifs, très développé actuellement. Ils ont
également permis de dénoncer les pratiques managériales du
type « faites pour le mieux » et de spécifier les conditions
de succès inhérentes au MPO.
· Feedback
Un feedback régulier et approprié est
indispensable pour maintenir la motivation. Le feedback permet de renforcer les
comportements performants
1.1.2. La théorie de la comparaison sociale
On doit la théorie de la comparaison sociale à
Festinger L. (1954, 1971). Selon cet auteur, l'individu ne
possède pas toujours de base objective (c'est-à-dire qu'il ne
peut parfois pas se référer à la «
réalité physique ») pour évaluer ses opinions ou
certaines de ses capacités. Dans ce cas, il n'a pour seul moyen de
comparaison que la « réalité sociale »
c'est-à-dire le consensus. Si son opinion est partagée, il en
conclura qu'elle est valide, de la même manière, si ses
capacités sont appréciées par autrui (ou si elles se
situent correctement par rapport aux capacités d'autrui) il en conclura
qu'elles sont satisfaisantes.
Festinger (1954, 1971), Théorie des processus de
comparaison sociale, in : Faucheux et Moscocvici, (Ed.), Psychologie sociale
théorique et expérimentale, Mouton, Explique par exemple, pour
évaluer ses capacités d'écrivain, ou ses capacités
intellectuelles ou encore la validité de son opinion concernant un sujet
quelconque, le sujet ne pourra pas se référer au monde physique
(comme il pourrait le faire pour ce qui concerne sa capacité à
casser un morceau de bois). Il essaiera de recueillir des avis concernant son
travail pour en évaluer la pertinence.
- Champs de comparaison et de référence
La notion de champ de comparaison : Selon Festinger l'individu
va opérer une comparaison avec d'autres individus. On désigne par
champ de comparaison l'ensemble de ces individus auxquels peut potentiellement
se comparer le sujet
La notion de champ de référence : Selon
Festinger l'individu opère un redécoupage au sein du champ de
comparaison. Ce redécoupage conduit l'individu à ne se comparer
finalement qu'aux individus les plus semblables à lui. Le champ de
référence que l'individu choisit n'est donc pas l'ensemble de la
communauté mais le plus souvent son groupe de référence
(et plus exactement les individus qui ont des opinions et aptitudes proches des
siennes).
Pour évaluer ses capacités intellectuelles un
individu se tournera vers ses pairs, et pour évaluer ses
capacités au tennis, il se tournera vers des individus qui ont un nombre
d'années de pratiques à peu près équivalent, un
âge à peu près semblable, le même sexe etc.
Il en va de même pour les opinions. Si un sujet cherche
à savoir être totalement opposé à l'utilisation des
OGM est une opinion valide il pourra se retourner vers son groupe politique de
référence.
Dans le cas où l'individu s'aperçoit que son
groupe de référence a des opinions ou aptitudes
éloignées des siennes il tentera de réduire ces
divergences. Pour ce faire, il peut adopter trois solutions complètement
différentes selon Festinger :
Il peut tenter de se rapprocher de ces individus,
il peut au contraire chercher à rapprocher les autres
de lui,
il peut enfin réduire plus encore son champ de
référence.
- Comparaison sociale : Caractéristiques
Opinion et Attitude dans la comparaison sociale
Ce que précise Festinger, c'est que les solutions
adoptées par l'individu ne sont pas tout à fait les mêmes
selon qu'il s'agit d'opinions ou d'aptitudes.
Selon Festinger cela provient d'une différence de
nature essentielle entre les opinions et les aptitudes. S'il est en
général assez aisé d'obtenir une assez grande
homogénéité des opinions et donc un ajustement dans un
sens ou dans l'autre, pour les aptitudes, le phénomène est
différent il ne peut y avoir toujours stricte égalité.
· Pour ce qui concerne les opinions, il y a en
règle générale ajustement de l'individu au groupe.
L'individu abandonne son opinion « déviante » pour s'ajuster
à l'opinion du groupe. Ce phénomène résulte de la
recherche d'un état d'équilibre, un repos social
c'est-à-dire un consensus. Cette recherche de consensus est d'autant
plus forte que l'opinion est pertinente pour le groupe et l'ajustement de
l'individu au groupe sera d'autant plus important que le groupe est
considéré comme fondamental.
· Pour ce qui concerne les aptitudes il est difficile
d'obtenir une telle homogénéité, en effet le sujet ne peut
pas toujours s'ajuster au groupe pour deux raisons fondamentales.
- Il y a des différences physiologiques qui ne
pourront absolument pas être gommées ;
- Dans nos sociétés occidentales, il y a
toujours un désir d'améliorer ses performances, ce qui implique
que l'individu cherche à être légèrement
supérieur à la moyenne de ceux à qui il se compare,
conformément à un esprit de compétition.
· Comparaisons latérales, descendantes,
ascendantes
La tendance à se comparer serait moins probable si la
différence entre l'individu et ceux auxquels il se compare est trop
grande. De plus, la rupture de la comparaison avec d'autres s'accompagnerait de
la volonté de les abaisser. Cette stratégie vaut surtout en
matière d'opinions ; en matière d'aptitudes, en revanche,
l'individu attribue à ceux qu'il met hors de comparaison une place soit
inférieure soit supérieure à la sienne. Cette tendance
à la comparaison évaluative se situerait donc à l'origine
de comportements individuels visant à se placer dans une situation
où ceux avec lesquels on se compare sont relativement proches. Par
symétrie, les situations où les autres ont des opinions et des
aptitudes trop différentes seraient évitées. Le
modèle du sujet de
Festinger se présente donc comme celui d'une personne
rationnelle. On admet aujourd'hui l'existence de plusieurs stratégies de
comparaison : latérale (avec des individus semblables à soi),
ascendante (avec des individus supérieurs à soi), descendante
(avec des individus inférieurs à soi).
Si la similitude soi/autrui demeure un facteur majeur du
processus de -comparaison sociale, la nature des attributs (distinctifs ou non
distinctifs), permettant de définir le degré de proximité
avec autrui, est tout aussi déterminante. Le sujet et ne se satisfait
pas de savoir.
L'influence sociale d'autrui (similitude - il veut aussi
savoir comment se comparer avec celui avec qui il peut envisager des liens plus
étroits.
Le paradigme de sélection d'une cible (angl. Rank
OrderChoiceParadigm) qui s'impose comme dominant pour repérer la
direction de la comparaison. Les sujets expérimentaux doivent y
sélectionner, parmi plusieurs cibles ordonnées de façon
hiérarchique, celle avec laquelle ils préfèrent se
comparer. Cette méthode permet de repérer et d'identifier la
direction de la comparaison, ascendante ou descendante.
L'orientation et la stratégie de comparaison sont
choisies par les sujets pour atteindre un but d'autoévaluation
(comparaison ascendante) soit un but d'auto valorisation (comparaison
descendante). Si l'existence de ces stratégies semble aujourd'hui
confirmée, les conditions d'activation demeurent mal connues. La
situation dans laquelle est inscrite la comparaison, la position sociale ou le
statut des acteurs sont néanmoins considérés comme des
facteurs déterminant le choix de la direction de comparaison.
La théorie de Festinger nous montre 5 points principaux
de fonctionnement :
- Il existe chez tout individu un besoin d'évaluer ses
opinions et aptitudes ;
- S'il ne peut les évaluer de façon objective,
dans le monde physique, il se réfère à autrui ;
- Le champ de référence se limite aux individus
proches de lui (groupe de référence) ce besoin de comparaison est
motivé par une recherche de stabilité
- Le processus de comparaison sociale a des
répercussions directes : - dans le fonctionnement des groupes, ce qui se
traduit par une recherche de consensus en ce qui concerne les opinions que le
groupe estime pertinentes et donc par une pression vers la conformité
envers certains de ces membres lorsque leurs opinions sont au départ
divergentes. Pour ce qui concerne les aptitudes, le phénomène est
quelque
- Peu différent parce que d'une part il y a parfois une
dissymétrie qui est la résultante de différences
physiologiques ; et d'autre part il y a un phénomène de
compétition. - au niveau individuel, ce qui se traduit (pour ce qui
concerne les opinions) par une recherche de conformité qui peut prendre
deux formes : l'individu pouvant soit se plier au consensus, soit tenter de
convaincre les autres.
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