3. Le système financier
congolais demeure, à ce jour, très largement
émietté, mais géographiquement concentré.
Avec un total bilantaire aussi modeste, le système
financier congolais compte néanmoins une quarantaine d'institutions. Ce
fait porte à 150 millions de $US le capital social moyen par
établissement. Les établissements les mieux dotés du pays
ne dépassent guère 450 millions.
Un tel émiettement de l'avoir social est le meilleur
indicateur du plafond de crédit très bas que représente
chaque établissement. En outre, il indique que l'étendue du
réseau et la crédibilité de la plupart des
établissements dans le monde, sont également au plus bas. Enfin,
cet émiettement explique le fait - déplorable - que plus de 80%
des transactions financières (dépôts et crédits)
dans le pays soient concentrés sur quelque 7 villes : Kinshasa,
Lubumbashi, Matadi, Boma, Goma, Likasi et Beni. Des agences et succursales
installées au cours des années 1965-1975 sur une vingtaine
d'autres villes et importantes localités du pays, ont fini par
être presque toutes fermées vers 1990.
À ce jour, le monde rural congolais n'est guère
irrigué par des transactions financières. Quelques rares
localités les mieux servies doivent se contenter soit de quelques
tontines traditionnelles, soit d'une institution de microfinance en phase
d'installation, soit d'une COOPEC toute en vestiges, soit d'une agence de
transfert d'argent. Ailleurs dans le pays, c'est un véritable
désert d'institutions financières et bancaires : l'usure est
de règle, non pas au service des projets porteurs, mais pour financer
des cas sociaux désespérés !
4. Le système financier
congolais demeure, à ce jour, très largement plombé par
des placements à court terme.
En effet, la structure des dépôts bancaires dans
le pays est penchée largement en faveur des placements à
très court et à court termes. On peut aisément imaginer le
préjudice qu'une telle réalité cause à
l'économie d'un pays en (re)construction, comme le Congo, où la
proportion la plus importante des crédits à l'économie est
à moyen et long termes, sinon à très long terme. Plusieurs
facteurs expliquent ce fait :
1. Le traumatisme subi par les épargnants en monnaie
nationale au cours des années d'hyperinflation (1986-2002 : le pays
a atteint plus de 900% de taux d'inflation en 1990-1991) semble encore
commander les réflexes de prudence - voire de suspicion - à
l'endroit des institutions bancaires. En effet, des fortunes des privés
et des ménages ayant été englouties, les épargnants
que rien n'est venu enrichir depuis, se gardent d'effectuer des
dépôts bancaires à moyen et long termes. Ils
préfèrent placer à très court terme, notamment pour
rapidement constituer en leurs mains, contre tout risque d'inflation, une
encaisse de transaction à sauver dans quelques valeurs-refuges ;
2. Le taux de rémunération des
dépôts reste ridiculement faible, comparé au taux de
remboursement des crédits bancaires. Le premier est rarement
supérieur à 25% du second ! Cet écart qu'explique
largement mais toujours en partie ! - la politique monétaire
restrictive du pays, joue comme un facteur qui affaiblit les relations des
particuliers avec le secteur bancaire ;
3. la baisse drastique des revenus des ménages
congolais - au cours des 40 dernières années mais
également pendant la dernière décennie en
particulier - n'est en rien de nature à encourager l'augmentation
des dépôts bancaires dans le pays, ni encore moins celle des
dépôts à moyen et à long termes. La pauvreté,
qui n'a fait qu'avancer et s'aggraver dans le pays, a achevé de
propulser au premier plan les besoins primaires de survie, et en même
temps de défavoriser l'épargne par rapport à la
consommation.
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