1.7.1.2-Le modèle de l'innovation ou de la
traduction
Les recherches regroupées sous le label de la
sociologie de l'innovation ou de la traduction s'attachent à
l'étude des processus d'innovations techniques, c'est-à-dire au
moment particulier de la conception des innovations, qui implique les prises de
décision et des choix d'ordre technique, social, économique et
politique. Le courant de l'innovation est représenté par les
sociologues (Callon, Latour, Akrick) du Centre de Sociologie de l'Innovation
(CSI) de l'Ecole des Mines de Paris (EMP), dont les recherches s'inscrivent
aussi dans l'école de la traduction. Pour la plupart, ces travaux
s'appuient sur des études de cas d'innovations techniques qui n'ont pas
réussi à s'imposer. Dans cette perspective, l'accent est aussi
mis sur la nécessité d'impliquer l'usager potentiel dès le
moment de la conception de l'objet technique, ceci pour maximiser les chances
pour cet objet d'être adopté avec succès (Millerand,
1998).
C'est cette idée que semblent marteler Vedel (1994) et
Vitalis (1994) en développant une sociopolitique des usages qui plaide
pour une réintégration au moment de la conception, de la figure
du citoyen dans le modèle de l'usager qui a une position
particulière définie par ses besoins et désirs.
L'une des préoccupations des tenants de ce courant et
particulièrement ceux de l'école de la traduction, consiste
à dénombrer la dimension sociale de l'innovation technique et
à identifier le jeu d'interaction des divers acteurs qui participent
à l'élaboration de l'innovation. Ils s'inscrivent principalement
du socioconstructivisme qui s'attache à montrer en quoi la
validité d'une proposition scientifique ne relevait pas seulement
d'arguments techniques ; mais résultait également de
négociations et de débats au sein de la communauté
scientifique (Millerand, idem).
Le modèle de l'innovation ou de la traduction
contrairement au paradigme diffusionniste ne fait pas de l'usager un acteur
passif, déterminé par la technologie ; c'est un coproducteur
de technologies dont la conception doit tenir compte de ses besoins et
désirs pour une adoption massive et réussie de la technologie en
question.
Dans le cas des NTIC et du téléphone mobile en
particulier, il faut alors tenir compte et associer les potentiels usagers dans
la phase de conception pour assurer leur adoption massive.
Cependant, même si cette approche réussit
à démontrer comment le dispositif prend en charge les actions
futures de l'utilisateur, elle ne permet pas d'en restituer les pratiques
effectives. Elle ne tient pas compte du fait que les acteurs qui contribuent
à la phase de conception de l'objet technologique par exemple n'ont pas
les mêmes compétences, vivent dans des cadres sociaux
différents et ont chacun des stratégies (rationalité) et
donc ne participent pas de la même manière ou, parfois ne
contribuent pas du tout à la conception de l'objet d'innovation.
Ce sont ces insuffisances que tente de combler la
théorie des déterminants psychosociaux en prenant en compte les
facteurs liés aux cadres de vie (culturels, économiques...) des
usagers, dans l'explication de leur adoption d'une technologie.
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