WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse du rôle de l'organisation des nations unies et de l'union africaine dans le règlement du conflit en république centrafricaine.

( Télécharger le fichier original )
par Hervé BONGISA
Université Protestante au Congo (UPC) - Licence 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B. Les causes proches ou récentes

Le lien de sang qui unit les Centrafricains entre eux et l'usage unique de la langue sango qui caractérise la RCA, sont autant de facteurs déterminants qui devraient favoriser le règlement des crises et la réconciliation nationale. De ce point de vue, la situation conflictuelle qui perdure dans ce pays depuis des années, relève d'un paradoxe étonnant et trouve ses causes plutôt dans une situation socio-économique difficile.

Les causes et les facteurs de conflits en RCA sont divers et variés. Parmi les plus importants figurent :

· La fragilité des institutions étatiques ;

· L'échec des efforts de démocratisation ;

· L'exploitation et l'instrumentalisation des différences ethniques ;

· La prolifération de groupes armés et des armes légères ;

· Le manque de dialogue et de coopération entre le pouvoir et l'opposition ;

· L'intransigeance et le manque de flexibilité des acteurs sociaux et politiques ;

· Les arriérés de salaires et/ou le non-paiement des salaires à terme échu ;

· La pauvreté et la misère.31(*)

Il convient de noter que, même pris isolément, chacun de ces facteurs constitue en soi une source indiscutable de conflit, mais leur combinaison totale ou partielle a rendu davantage explosive la situation en République centrafricaine.

L'accumulation excessive des arriérés de salaires et le non-paiement régulier des salaires courants, ont contribué au dénuement des fonctionnaires et autres agents de l'Etat et, par voie de conséquence, à la paupérisation d'une grande partie de la population, dans la mesure où, en RCA, les fonctionnaires constituent les seuls soutiens de leurs familles respectives prises dans leur sens le plus large. La pauvreté est donc considérée comme l'une des causes principales de la crise centrafricaine mais aussi l'une des raisons fondamentales de sa perpétuation.32(*)

Les crises internes, sur fond d'instabilité régionale ont sérieusement dégradé la situation sécuritaire à travers plusieurs types de menaces qui pèsent actuellement sur le Centrafrique. Au nombre de celles-ci, ont peut citer :

· Les Zaraguinas ou coupeurs de route

Sévissant principalement dans l'Ouest, le Nord-Ouest, le Nord-est et dans le Centre, ils s'attaquent aux populations en les dépossédant de leurs biens. Les cibles privilégiées de ces bandits de grand chemin sont les convoyeurs de fonds, les commerçants et les éleveurs. Leurs zones de prédilection étant les axes routiers, ils perturbent systématiquement la libre circulation des personnes et des biens à l'intérieur même du pays, et par conséquent le ravitaillement de la RCA qui est pays enclavé. Cela se ressent par conséquent dans le panier de la ménagère qui est désespérément vide à cause des pénuries artificielles ainsi créées et de la cherté de la vie.33(*)

· Les Braconniers

A cause de la perméabilité des frontières, les braconniers venant majoritairement de certains pays voisins, pénètrent sur le territoire et se livrent à un braconnage aveugle. Ils créent une insécurité réduisant le nombre de touristes qui désirent se rendre dans le Nord-est. Ce qui constitue d'importants manques à gagner financiers pour l'économie centrafricaine.

· Le trafic illicite d'armes

En dépit de la normalisation progressive de la situation sécuritaire dans certains pays voisins dont la plupart ont connu des conflits armés, la Centrafrique à cause de la porosité de ses frontières, continue de subir les effets néfastes de la prolifération et de la circulation illicite d'armes de guerre.

· Le non règlement définitif de la situation des réfugiés militaires revenus d'exil et des « Libérateurs »

Malgré les efforts de réhabilitation faits par le gouvernement, bon nombre de réfugiés et de libérateurs ne sont pas totalement réintégrés. Ils sont disséminés sur toute l'étendue du territoire et peuvent être facilement recrutés pour une action de déstabilisation du fait de leurs conditions de vie très précaires.

· Les faiblesses du système de défense

Les crises récurrentes ont accentué les carences structurelles des Forces Armées Centrafricaines et détruit les moyens déjà limités de cette Armée. En effet, ces Forces de Défense et de Sécurité se trouvent dans un état de dénuement très avancé avec des effectifs vieillissants, manquant de moyens et ne bénéficiant pas de formation.

Il convient de rappeler que, depuis plus de dix ans, la RCA subit les effets négatifs des guerres qui se déroulent dans la région des Grands Lacs, en accueillant des milliers de réfugiés de la RDC, du Burundi et du Rwanda mais également des conflits armés des pays voisins comme le Tchad et le Soudan. Ces guerres, combinées aux rebellions internes en RCA ont accentué la prolifération transfrontalière d'armes de guerre. En outre, les conflits centrafricains qui étaient internes au départ, ont fini par revêtir un caractère régional.

A cet égard, le 10 janvier 2002, le Président du Conseil de sécurité, dans sa déclaration faite à la presse, avait souligné que : « les membres du Conseil de sécurité restent profondément préoccupés par le fait qu'il existe une interdépendance entre la crise persistante qui sévit en République centrafricaine et la situation dans les Etats voisins en particulier, et dans la sous-région en général ». 34(*)

Cette inquiétude du Conseil a été renouvelée le 28 octobre 2004, suite à l'examen de la situation en République centrafricaine. A ce propos, le Président du Conseil de sécurité a fait au nom du Conseil la déclaration suivante : « le Conseil exprime une nouvelle fois sa préoccupation quant aux conséquences potentielles que peuvent avoir sur la République centrafricaine les crises qui affectent la sous-région. Aussi accueille-t-il avec satisfaction l'initiative du Secrétaire général visant à demander au BONUCA d'évaluer les implications de la situation dans les pays voisins sur celle prévalant en République centrafricaine et vice versa ».35(*)

Alors que la communauté internationale et le gouvernement de transition ont le regard braqué sur la capitale, Bangui, une bonne partie du monde rural, notamment à l'ouest et au centre de la République centrafricaine (RCA), est devenue un terroir de violence. La lutte qui oppose les combattants de l'ex-Seleka et les milices anti-balaka a conduit à une recrudescence des affrontements entre communautés d'éleveurs et d'agriculteurs depuis 2013. Ces affrontements forment maintenant un conflit dans le conflit loin des yeux des acteurs internationaux et du gouvernement de transition et déstabilisent davantage la Centrafrique. A l'aube d'une nouvelle saison de transhumance qui risque d'intensifier la guérilla rurale en cours, les acteurs internationaux et le gouvernement de transition doivent impérativement prendre en compte cette dimension de la crise dans leur stratégie de stabilisation et prévenir les risques immédiats de violence entre communautés d'éleveurs et d'agriculteurs.

Avant le déclenchement de la crise centrafricaine à la fin de l'année 2012, le pastoralisme était déjà depuis plusieurs années une source de violence en zone rurale, particulièrement entre éleveurs et agriculteurs. En libérant les ressentiments entre ces communautés et en associant les éleveurs à l'ex-Seleka, la crise a amplifié ces violences de manière exponentielle. Alors que le bétail est l'objet de la convoitise des miliciens anti-balaka et de l'ex-Seleka, les éleveurs répondent aux vols de leur cheptel par des représailles brutales car le bétail est la richesse des pauvres. Le basculement de jeunes éleveurs vulnérables dans les groupes armés, le délitement des structures traditionnelles de médiation entre agriculteurs et éleveurs, et l'arrivée comme chaque année de transhumants, notamment tchadiens, en Centrafrique risquent d'amplifier la guérilla rurale en cours.

Par ailleurs, depuis 2013, cette dernière a déjà forcé de nombreux éleveurs à se réfugier au Tchad et au Cameroun ou à migrer vers d'autres régions en Centrafrique au terme de longues marches. Ces déplacements forcés ont des effets dangereux tels que l'effondrement et le blocage de la transhumance entre le Tchad et la Centrafrique. Ces conséquences de long terme risquent d'entraver la stabilisation du pays et doivent être prises en considération.

* 31 MUTOY MUBIALA, Le système régional africain de protection des droits de l'homme, Bruxelles, Bruylant, 2005, p. 96.

* 32 Idem., p. 97

* 33 Ibidem, p. 98.

* 34 Mutoy MUBIALA, op.cit, p. 124

* 35 Idem, p. 125

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus