I.2. Sur les processus de l'érosion hydrique
Lors d'une pluie, VIGUIER (1991) distingue quatre phases
concernant le comportement de l'eau au niveau du sol :
- la phase d'imbibition qui va du début de la pluie
à l'apparition du ruissellement. C'est la phase d'infiltration des eaux.
Sa durée est fonction de la nature du sol ;
- la phase transitoire allant du début du ruissellement
jusqu'au régime permanent ;
- la phase de régime permanent qui se
caractérise par une dominance du ruissellement, car le sol devient
saturée ;
- la phase de vidange qui commence à partir de
l'arrêt des précipitations jusqu'à l'annulation de
l'écoulement.
Lors d'une pluie, les gouttes d'eau frappent la surface du sol
avec une certaine énergie potentielle. L'action mécanique qui en
résulte désagrège les agrégats de terre en
provoquant des éclaboussures qui retombent un peu plu loin des lieux
d'impact : c'est · l'effet splash · qui est la première
action de l'érosion hydrique. Pendant la phase d'imbibition, la battance
de pluie est à l'origine d'une pellicule de battance peu
perméable favorisant le ruissellement. Les particules ainsi
détachées seront transportées par les eaux de
ruissellement (ROOSE, 1981 ; GUILLOBEZ, 1990 ; VIGUIER, 1991 ; LOUEMBE et
TCHICAYA, 1993).
Le déclenchement du ruissellement est fonction de la
capacité limite d'infiltration d'un sol et de l'intensité de la
pluie. Le ruissellement est le vecteur essentiel de l'érosion
mécanique et est responsable de la totalité des pertes en terre,
la charge transportée augmente avec le débit (ROOSE, 1981).
Pendant le ruissellement, là où les eaux sont concentrées
et épaisses le splash devient nul du fait que les gouttes d'eau sont
interceptées par l'écoulement.
A la surface du sol, sous l'effet des forces de gravitation,
le relief module les modalités de ruissellement des eaux. En pente
faible, l'eau n'a pas beaucoup d'énergie cinétique, elle trie
les
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éléments fins du sol et les charrie en aval,
laissant ainsi les éléments grossiers sur place : c'est le
transport sélectif entraînant une squelettisation du sol (ROOSE,
1981). Lorsque la pente est forte, et que les eaux se concentrent, il se forme
des rigoles. Plus la vitesse des eaux augmente, le ruissellement assure
l'ablation des quantités de plus en plus importantes de terre. Il
devient abrasif et engendre le ravinement.
Selon la topographie, le type de sol et le niveau
d'évolution du phénomène, on distingue :
- le ruissellement diffus ou en filets entraînant des
minuscules particules (c'est le décapage superficiel du sol) ;
- l'érosion en rigole, lorsque l'eau se concentre et
commence à inciser linéairement le sol ;
- le ravinement commence lorsque les eaux se
hiérarchisent et se concentrent dans les rigoles. Elles
acquièrent une énergie développant des cisaillements,
donnant naissance à la ravine qui va progressivement évoluer par
érosion régressive. La ravine évolue et devient un ravin.
Plus que le plancher s'incise, le ravin passe de la forme d'un V à la
forme d'un U par recul de ses parois. Les eaux qui ruissellent au niveau du
plancher affouillent et sapent la base des parois du ravin. De cet
affouillement et sapement résultent des éboulements qui
entraînent l'élargissement du ravin ;
- le sapement des berges dans le cas des ruisseaux,
rivières et fleuves répond aussi au même principe : les
eaux douées d'une certaine énergie cinétique affouillent
les berges et élargissent les lits des cours d'eau ;
- en régime torrentiel où l'énergie
cinétique de l'eau est très importante, le ruissellement arrache
des éléments de plus en plus grossiers (cailloux) qu'il charrie
par reptation.
Plusieurs modelés morphologiques sont engendrés
par l'érosion hydrique. Les formes suivantes sont ainsi
distinguées : les griffes, les rigoles, les ravines, les ravins, les
lits fluviaux, les cônes de déjection ...( JOLY, 1988 ; LOUEMBE et
TCHICAYA, 1993). Au Népal, en pente forte l'érosion se manifeste
par des glissements de terrain (PAUDYAL, 2007).
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