RESUME
Notre travail a porté sur la diversification des aliments
de complément, leurs valeurs nutritionnelles et l'état
nutritionnel des enfants de 6 à 23 mois dans la zone de santé
rurale de Mwenga.
Notre étude est transversale et a porté sur un
échantillon de 185 femmes allaitantes.
Nos résultats se présentent de la manière
suivante :
Ø Le niveau de connaissances de mères de la ZSR de
Mwenga en matière de l'alimentation de complément des enfants de
6 à 23 mois est bas car 59,4% des mères utilisent le tubercule ou
racine pour la préparation de la bouillie des enfants.
Ø Les mères emploient les aliments de
complément de faibles valeurs nutritionnelles dans la ZSR de Mwenga, Il
ya une signification statistique entre l'état nutritionnel des enfants
et l'enrichissement de la bouillie qui leur est destinée.
Ø La prévalence importante de malnutrition (aigue
modérée 3,2% et aigue sévère 11,9% soit 15,1% de
la malnutrition global) observée dans la zone de ZRS de MWENGA à
été lié à un niveau bas des connaissances des
mères en matière d'alimentation de complément des enfants
et à un niveau socio-économique critique.
C'est ainsi que nous avons formulé les recommandations
suivantes :
o Au gouvernement Congolais de maitriser la situation
sécuritaire dans les milieux ruraux enfin de permettre aux paysans de
bien exercer leurs activités agropastorales.
o Au gouvernement Congolais et aux ONG d'assister les personnes
en danger ainsi que les personnes bien portantes en fin d'éradiquer la
malnutrition sous toutes ses formes.
o Au BCZ de mettre en place les services d'animation et
d'éducation sur l'allaitement maternel et la diversification
alimentaire.
o Au personnel soignant : d'implanter les stratégies
approfondies en matière d'éducation nutritionnelle et
sanitaire.
0. INTRODUCTION
0.1. PROBLEMATIQUE
Les cinq premières années de vie
présentent des multiples dangers, non seulement pour la survie des
jeunes enfants, mais aussi pour la qualité de vie de leurs parents
et de la communauté. Le suivi de l'évolution de l'état
nutritionnel de ces enfants au cours de leur croissance est important pour
détecter et corriger à temps la survenue de la malnutrition.
(1).
Les premiers mois et années de la vie constituent une
période fondamentale pour le développement physique et mental du
jeune enfant. Cette période est caractérisée par une
croissance rapide, et une vulnérabilité métabolique et de
ses systèmes de défense. L'alimentation contribue de façon
importante à la croissance et au bon développement moteur et
cognitif du nourrisson. C'est aussi un élément crucial pour le
développement et la santé du jeune enfant, et de l'adolescent
à plus long terme. (2).
Une nutrition adéquate au cours de la petite enfance
est fondamentale pour le développement du plein potentiel de chaque
enfant. La période allant de la naissance à l'âge de deux
ans est reconnue comme un moment critique pour la promotion d'une croissance
optimale, de la santé et du développement. Des études
longitudinales ont régulièrement montré que c'est à
cet âge que l'on observe le plus souvent des ralentissements de
croissance, des carences en certains micronutriments et des maladies courantes
de l'enfant telles que la diarrhée. Après l'âge de deux
ans, il est très difficile pour un enfant d'inverser un retard de
croissance survenu plus tôt (3). Les conséquences
immédiates d'une nutrition insuffisante au cours de ces années de
développement comprennent une morbidité et une mortalité
augmentées, ainsi qu'un retard du développement psychomoteur. A
long terme, les déficits nutritionnels précoces entraînent
une diminution des performances intellectuelles et de la capacité de
travail et ont des conséquences sur la reproduction et sur la
santé en général tant au cours de l'adolescence que de
l'âge adulte. Ainsi, le cycle de la malnutrition se poursuit, une petite
fille souffrant de malnutrition ayant de plus fortes chances, d'arriver
à l'âge adulte, donne naissance à un nourrisson de faible
poids de naissance ou souffrant de malnutrition. Au cours des deux
premières années de la vie, les principales causes directes de
malnutrition sont de mauvaises pratiques alimentaires de l'enfant et un fort
taux de maladies infectieuses.
Il est donc très important que les personnes s'occupant
des enfants disposent de recommandations appropriées pour l'alimentation
des nourrissons et des jeunes enfants. (4).
L'état nutritionnel d'un enfant de moins de 2 ans et,
au bout du compte, sa survie dépend directement des pratiques
d'alimentation. L'amélioration de l'état nutritionnel, de la
santé et du développement des enfants de 6 à 23 mois passe
donc par celle de l'alimentation.
La FAO estimait à plus de 867 millions le nombre total
de personnes souffrant de la sous-alimentation chronique dans le monde sur la
période de 2002-2004 dont 216 millions en Afrique Subsaharienne, soit
33% de la population de cette région.
Dans le monde, 6 000 000 d'enfants de moins de 5 ans
meurent de faim.
Le sous poids et les restrictions alimentaires causent
annuellement 2,2 millions de décès chez les enfants de 6 à
23 mois dans le monde. La lactation faible inexistante cause 1,4 millions de
morts. D'autres insuffisances comme le manque de vitamine A ou du zinc par
exemple, issus d'une mauvaise diversification alimentaire chez les enfants de 6
à 23 mois compte 1 000 000 des morts. (5).
La dénutrition intervient pour plus d'un tiers de la
charge de morbidité enregistrée chez les enfants de moins de cinq
ans dans le monde. L'alimentation du nourrisson et du jeune enfant est un
domaine primordial pour améliorer la survie des enfants et promouvoir
une croissance et un développement sains.
Les deux premières années de vie d'un enfant
sont particulièrement importantes car une nutrition optimale pendant
cette période aura pour effet de réduire le taux de
morbidité et de mortalité, ainsi que le risque de maladies
chroniques, et de contribuer à un meilleur développement
général.
La dénutrition intervient pour 45% dans la charge de
morbidité enregistrée chez les enfants de moins de cinq ans. A
l'échelle mondiale, on estime que 162 millions d'enfants de moins de 5
ans avaient un retard de croissance en 2012 et que 51 millions avaient un
faible poids par rapport à leur taille. Ceci est essentiellement
dû à une mauvaise alimentation et à des
infections à répétition, tandis que 44 millions
d'enfants présentaient une surcharge pondérale ou étaient
obèses.
En moyenne, 38% environ des nourrissons de 0 à 6 mois
sont exclusivement nourris au sein. Peu d'enfants bénéficient
d'aliments de compléments sains et satisfaisants sous l'angle
nutritionnel; dans bien des pays. Seul un tiers des nourrissons de 6 à
23 mois qui sont allaités satisfont aux critères de
diversité alimentaire et de fréquence des repas qui conviennent
à leur âge. Près de 800 000 vies d'enfants de
moins de 5 ans pourraient être sauvées chaque année si tous
les enfants de 6-23 mois étaient nourris au sein avec les aliments de
complément de manière optimale. (6).
Une alimentation complémentaire
adaptée est particulièrement importante pour la
croissance, le développement et la prévention de la
sous-nutrition chez les enfants âgés de 6 mois à
deux ans. La malnutrition chez l'enfant demeure un problème majeur
de santé dans les pays pauvres ; environ un tiers des enfants de
moins de cinq ans des pays en développement souffrent de retard de
croissance (poids insuffisant par rapport à leur âge) et dans de
larges proportions ont aussi une déficience d'un ou plusieurs
micronutriments essentiels. Qu'ils ont besoin de compléter le
régime alimentaire fourni par la poursuite de l'allaitement maternel par
l'apport de quantités suffisantes d'aliments de haute qualité
riches en éléments nutritifs. Il a été
constaté que les pratiques d'alimentation complémentaires sont
généralement médiocres dans la plupart des pays en
développement, ce qui continue à exposer les enfants au danger de
séquelles irréversibles comme les retards de croissance et de
développement cognitif ainsi qu'à des risques nettement accrus de
maladies infectieuses comme la diarrhée et la pneumonie.(7).
On estime qu'un ensemble d'interventions conçues pour
promouvoir, protéger et encourager des habitudes d'alimentation
optimales en faveur des nourrissons et des jeunes enfants qui toucheraient plus
de 90% de ce groupe permettrait de réduire globalement la
mortalité infantile d'un cinquième.
Des pratiques d'alimentation au sein optimisées,
spécialement l'allaitement maternel exclusif jusqu'à 6 mois,
présentent la meilleure chance d'améliorer la survie de l'enfant
et potentiellement de prévenir 1,4 millions de décès
d'enfants de moins de cinq ans dans les pays en développement. (8). Il
a été constaté que les pratiques d'alimentation
complémentaires sont généralement médiocres dans la
plupart des pays en développement, ce qui continue à exposer les
enfant au danger des séquelles irréversibles comme les retards de
croissance et de développement cognitif ainsi qu'à des risques
nettement accrus des maladies infectieuse comme la diarrhée et le
pneumonie.
Six pour cent supplémentaires, soit
près de 600 000 décès d'enfants de moins de
cinq ans pourraient être évités grâce à
une alimentation complémentaire adéquate.
Le monde en développement compte le plus grand nombre
d'enfants de moins de 5 ans malnutris, 146 000 000 selon l'UNICEF.
(9).
Au Niger Depuis dix ans, les taux de
malnutrition aigue globale (12,3%) dépassent le seuil d'alerte
de 10%. Au Niger, un enfant de moins de 23 mois sur
cinq meurt avant son cinquième anniversaire.
Le Niger était classé dernier
dans l'indice du développement humain en 2009.
(10).
Au Bénin dans tous les départements (sauf le
Littoral), plus de 30% des enfants de 6 à 23 mois souffrent de
malnutrition chronique, ce qui traduit une situation nutritionnelle grave selon
les seuils établis par l'OMS. L'Atacora, l'Alibori, le Plateau et le
Couffo sont les quatre départements où la prévalence
dépasse le seuil critique de 40%.En ce qui concerne la malnutrition
aiguë, chez les enfants de 6 à 23 mois la prévalence de
la malnutrition aiguë globale (Z-score Poids/Taille < -2 ou
oedème) est de 4,7%, et celle de la malnutrition aiguë
sévère se situe à 0,7%. L'Atacora est le
département le plus touché (malnutrition aiguë globale:
7,8%), suivi du Plateau (6,4%) et de l'Ouémé (6,1%). (11)
Au Madagascar, un peu plus de la moitié (50,1%) des
enfants ont un retard de croissance (12)
Le manque en micronutriments est un des facteurs qui influence
ce taux de malnutrition chronique élevé. Un enfant de moins de
cinq ans sur deux est atteint d'anémie selon la dernière
enquête démographique et de santé (2009). De plus, moins
d'un enfant de 6 à 23 mois sur cinq seulement (13%)
bénéficient d'une alimentation complémentaire
adéquate, notamment d'une alimentation diversifiée avec un apport
en vitamines et minéraux nécessaires à leur
croissance.(13)
Les indicateurs de la situation nutritionnelle sont
particulièrement préoccupants à Madagascar.
L'enquête démographique et de santé avait montré que
près d'un enfant de moins de 5 ans sur deux (47,7%) souffrait de
malnutrition chronique, se traduisant par un retard de croissance, et
qu'environ un sur huit (12,8%) était atteint de malnutrition aiguë
se manifestant par une émaciation. En utilisant le mode de calcul
proposé par Pelletier et al.,
ils avaient été estimé à partir
des données de l'enquête EDS 2003-2004 que la malnutrition
modérée et la malnutrition sévère étaient
responsables de 41% et 9% de tous les décès des enfants de moins
de cinq ans.
Par ailleurs, en affectant le développement physique et
intellectuel des enfants, la malnutrition constitue à terme une entrave
au développement humain et socioéconomique du pays. (14)
En République Centrafricaine, la sous-nutrition est une
cause importante de décès des jeunes enfants. Grâce
à la méthodologie élaborée par Pelletier et al, il
est possible de quantifier la contribution de la sous-nutrition
sévère et celle de la sous-nutrition légère,
modérée à la mortalité infanto-juvénile.
Dans ce pays ,59 décès pour 1 000 naissances vivantes sont
liés à la sous-nutrition. Cela représente 38 % de tous les
décès qui surviennent avant l'âge de 5 ans.
A cause du niveau important de sa prévalence, la
sous-nutrition légère et modérée causent plus de
décès (41 décès pour 1 000 naissances vivantes) que
la sous-nutrition sévère (18 pour 1 000 naissances vivantes).
Par conséquent, la malnutrition légère et
modérée est impliquée dans 69 % des décès
liés à la sous-nutrition. (15).
Au Congo Brazza, les données
épidémiologiques suggèrent que parmi ces facteurs,
dont l'importance et la combinaison varient selon les situations, les
pratiques concernant l'alimentation de complément jouent un rôle
majeur. Les prévalences de retard statural et d'émaciation
augmentent très rapidement, dès l'âge de 3 mois en milieu
rural, un peu plus tard en ville, à une période où la
diversification alimentaire est primordiale pour la croissance de l'enfant;
Les pics de prévalences sont ensuite atteints entre 6
et 23 mois, période à laquelle surviennent la majorité
des sevrages définitifs et/où les taux d'infections sont à
leur maximum.(16).
En République démocratique du Congo, la
malnutrition est l'une des principales causes de la mortalité infantile.
On estime aujourd'hui que près d'un enfant sur cinq n'atteindra pas
l'âge de 5 ans, soit un taux de mortalité infanto juvénile
de 199 pour 1 000 naissances vivantes. (17).
Au Bas-Congo dans la zone de santé de Kimpangu Les
principaux résultats anthropométriques ont mis en évidence
une situation nutritionnelle préoccupante dans la zone de santé
car la prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) est de
9,4%, dont 1,8% sous forme
sévère (MAS). Ces taux se rapprochent de seuils de gravité
fixés à 10% pour le MAG et 2% pour le MAS. Par ailleurs en
considérant les données du périmètre brachial, 3,1%
d'enfants de 6 à 23 mois ont un risque élevé de
mortalité.
Les autres formes de malnutrition, à savoir le
retard de croissance et l'insuffisance pondérale donnent
également des taux très élevés. Le retard de
croissance touche 47% d'enfants tandis que 44% d'entre eux souffrent
d'insuffisance pondérale. (18).
Au Sud-Kivu, dans le territoire de Shabunda une enquête
effectuée par l'ACF sur les enfants de 0 à 23 mois
présente l'état nutritionnel de ses enfants comme ci:
10,2% sont en état de malnutrition aiguë
sévère globale, 4,5% en malnutrition aiguë
sévère. (19)
Vu l'ampleur de cette situation dans la zone de santé
rurale (ZSR) de Shabunda, voisine de celle de Mwenga de ce problème de
diversification des aliments des compléments donnés aux premiers
mois de la vie précocement aux enfants de 6 à 23 mois, nous nous
posons les questions à savoir:
Quel est l'impact de la diversification des aliments de
complément sur l'état nutritionnel des enfants de 6 à 23
mois?
Les récentes publications scientifiques ont
montré que les cinq premières années de la vie d'un enfant
constitue la fenêtre d'opportunité qu'il faut exploiter pour lui
permettre de maintenir un état de santé et de nutrition optimale.
Ainsi au cours des dix dernières années, la nutrition a fait
l'objet d'une attention particulière comme indice de
développement durable et comme élément essentiel dans
l'atteinte des objectifs de millénaire pour le développement.
Malgré tous les efforts consentis, les statistiques
nationales montrent que les maladies nutritionnelles sont encore
prévalentes en RDC et contribuent de façon significative à
la morbidité et une mortalité élevées chez le
groupe vulnérable. La situation nutritionnelle actuelle demeure
préoccupante au point que le gouvernement de la RDC a fait de la
nutrition une priorité nationale à travers le programme national
de nutrition.
Au vu de ce qui précède, nous avons jugé
bon de mener une étude sur la diversité des aliments de
complément, leur valeur nutritionnelle et l'état nutritionnel des
enfants de 6 à 23 mois dans la zone de santé rurale de Mwenga.
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