Conclusion de la section :
Ce "magnifique" outil qu'est le microcrédit
s'accompagne parfois d'un encadrement contraignant censé éduquer
les pauvres aux avantages de l'accumulation pour soi. « S'il est
«pauvre» c'est parce qu'il est incapable de se gérer d'une
manière qui lui permette de participer au progrès de son pays et
de contribuer à la croissance économique, il faut donc
l'éduquer et l'initier à l'individualisme rationnel, responsable
et rentable»302. Pire, encore lorsque le MC se sert des valeurs
sociales à l'instar de la solidarité collective comme instrument
d'accès au crédit de groupe, et utilise la confiance
réciproque comme garantie pour l'entrée dans la
«sphère d'accumulation» au sens de Karl Polanyi, dans le cas
du MC « le lien social est inversé pour être fonctionnel au
marché, alors que c'est le premier qui devrait être
encastré dans le second »303. Il faut savoir que les
agriculteurs n'ont pas attendu Med Yunus (créateur de la Grameen) pour
mobiliser leur épargne sous des formes mutualistes (exemple des
tontines). Sauf qu'avant la célébrité du
microcrédit, le marché restait fonctionnel au lien social et le
cadre collectif empêchait que ces instruments de financement ne servent
à l'accumulation privée au bénéfice d'une
minorité de microentrepreneurs. Le microcrédit encourage les plus
ambitieux et les plus dynamiques parmi les pauvres à quitter le monde
des réseaux d'obligations réciproques garantissant la
sécurisation collective de tous depuis des siècles. «
À terme cette évolution ne peut qu'évidemment induire de
nouvelles contradictions entre acteurs du bas" et ainsi affaiblir leur
capacité de résistance. Ce détournement ne peut que casser
la solidarité du groupe qui fait sa force et aboutir à une
polarisation entre une minorité de microentrepreneurs transformés
en acteurs `'performants» du marché, et une majorité de
dépendants dont le revenu dépendra de l'accès à
l'emploi dans les entreprises des premiers. Les relations sociales se seront
profondément transformées dans un sens que beaucoup
d'intervenants extérieurs considèrent comme normal et
souhaitable, mais qui ne correspond pas au sens actuel des pratiques
observées des populations 304».
302PEEMANS-POULLET, Hedwige. Le développement
des peuples, face à la modernisation du monde. , p.455
303 BIM 25-04-2006
304 Idem.
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Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance
Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)
Section 2 : Les pratiques des AMC, des dérives
quant à la finalité originelle du MC
"Je suis inquiet. Certaines personnes ont pris une
mauvaise direction et ont franchi la ligne jaune, en prêtant n'importe
comment, avec souvent des objectifs assez éloignés de
leur
mission"305 Muhammad Yunus "Dans certains cas,
le microcrédit est devenu une sorte de crédit à la
consommation servant
à financer les achats courants des
ménages"306 Muhammad Yunus
Le microcrédit est certainement une technique
financière «nouvelle» succédant à d'autres
moyens utilisés au fil des siècles par la population
démunie pour survivre, créer son propre emploi et vivre dans des
conditions meilleures. L'une des raisons principales de son succès tient
à l'existence d'un accompagnement dans le processus de création
de la microentreprise. Comme dans tout crédit, la confiance est
primordiale lorsque l'accompagnement permet de la renforcer encore. De plus, le
challenge du MC est de pouvoir conduire le client à retrouver le statut
d'emprunteur ordinaire auprès du secteur bancaire. Donc, il est
appelé à se traduire par une sortie d'un dispositif
essentiellement temporaire, faute de quoi tout échec peut
entraîner une souffrance accrue des individus et une marginalisation plus
rapide. Après la création de la microentreprise, l'accompagnement
représente une clé de la réussite du microentrepreneur.
Or, que ce soit avant ou après l'étape de la création, il
semble qu'il y a insuffisance à ce niveau: c'est pourquoi les AMC sont
appelées à déployer plus d'effort.
La proclamation de 2005 «Année Internationale du
Microcrédit» par l'ONU a appelé à
l'internationalisation de cette pratique bancaire. De plus, la remise du prix
Nobel de la paix conjointement à la Grameen Bank et son créateur,
l'année suivante, a parachevé la réhabilitation du
microcrédit auprès du grand public. Toutefois, certaines
dérives, se rapportant soit au plan social soit au plan commercial, et
qui, constatées au niveau de la pratique du MC, ont
déclenchés un long débat.
305 YUNUS. Mohamed, « Vers un nouveau capitalisme »,
Op.cit.
306 Idem
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Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance
Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)
§ 1 : Dérives « sociales », de la
lutte contre la pauvreté à l'inclusion financière
Les dérives du microcrédit : Entre confusion
sur la mission et convergence au niveau du rôle
Le succès du microcrédit dans le monde n'est pas
édifié sans poser problème. Pour les agents de
crédit (AC) chargés de vérifier l'utilisation des
prêts octroyés, la tâche est devenue lourde, vu l'importance
du volume de leur portefeuille qui atteint parfois plus de 500 clients par AC.
Or, il semble très difficile d'affirmer que les prêts sont
toujours utilisés pour des raisons de développement
économique et social. D'ailleurs, il a été
révélé par différentes enquêtes que nombreux
clients du MC, contractaient de nouveaux prêts pour rembourser les
premiers ou encore pour faire face à des dépenses
exceptionnelles.
Par conséquent l'une des ambiguïtés de la
situation actuelle du MC tient à ce que le rôle des acteurs du
secteur est particulièrement confus du fait qu'il est instable et
fragile.
Confusion entre lutte contre la pauvreté et
l'inclusion financière
La principale confusion est entretenue par la plupart des
acteurs entre lutte contre la pauvreté et inclusion financière.
Les AMC ont une responsabilité dans la seconde mission du fait de leurs
activités mêmes et du risque d'accroissement de l'exclusion
financière qu'elles engendrent. Elles doivent agir de telle sorte que
leur action n'ait pas pour effet secondaire, en dotant les uns, de
détériorer les conditions de vie et de survie des autres. En
revanche, si les institutions financières ont une responsabilité
en matière d'inclusion financière, elles n'ont pas de
responsabilité plus forte que les autres institutions de la
société en matière de lutte contre les exclusions, en
général et contre la pauvreté, en particulier.
L'objectif premier est de lutter contre l'exclusion tout en
permettant aux populations économiquement fragilisées
d'accéder aux services financiers de base. Ainsi, deux postulats
permettent d'assurer la forte valeur sociale ajoutée du MC. Tout
d'abord, celui-ci doit être envisagé comme un moyen et non comme
une fin en soi. Bien que son efficacité ne soit plus à
démontrer, le microcrédit n'a pas vocation à se substituer
aux autres outils de lutte contre
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Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance
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la pauvreté ou contre l'exclusion, mais doit intervenir
en complémentarité des différents dispositifs existants.
Ensuite, le MC doit financer des projets productifs, qui participent à
la réinsertion sociale et professionnelle des
bénéficiaires et permettent de créer des richesses. Dans
le cadre des créations d'entreprise, il est ainsi extrêmement
important de s'assurer que le microcrédit finance des projets viables
économiquement et que ceux-ci permettent effectivement une
amélioration du niveau de vie de leurs porteurs.
En outre, «dans les pays en développement, la
partie de la population qui n'a pas accès à des services
financiers est beaucoup plus vaste que la population dite
pauvre''307, déclare JM Servet et il l'explique en ces termes
« pour le comprendre, imaginons une pyramide. À sa base se trouvent
les populations qui sont en permanence en dessous du fameux seuil de
pauvreté. Contrairement à nombre d'idées reçues, le
microcrédit s'adresse exceptionnellement à cette clientèle
et, quand il le fait, les risques de surendettement sont
considérables''308. Et qu'au-dessus se trouvent des
populations vulnérables qui se retrouvent périodiquement en
situation de pauvreté ; elles ne le sont pas de façon permanente
et connaissent une situation de plus ou moins forte précarité.
Pour elles, il importe plus d'en avoir d'autres services comme l'épargne
et l'assurance.
En privilégiant des clientèles qui sont en
réalité au-dessus de la ligne de pauvreté et sans que
soient apportés des services de base, coûteux pour les finances
publiques, aux populations les plus démunies, le microcrédit
risque fort d'accroître plus les inégalités et ne peut pas
non plus prétendre être une forme de solidarité.
Point 1 : de la solidarité collective
à la responsabilité individuelle
En 2000 la Grameen Bank a été confrontée
à un accroissement considérable du nombre de prêts non
remboursés et qu'elle a dû abandonner le modèle du
prêt solidaire au profit de prêts individuels. Par
conséquent, les effets de la concurrence se font principalement sentir
dans la conception des produits de prêt, évoluant dans le sens
d'une adéquation optimale aux besoins de la clientèle.
307Hulme et Mosley. (1996). Gentil et Servet. (2002)
308Idem.
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Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance
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Sur les marchés de MC les plus concurrentiels on
observe une évolution marquée au cours des dernières
années du crédit de groupe vers le crédit individuel, une
approche qui reflète la préférence des clients pour les
produits de prêt individuels par rapport aux produits de groupe dans la
mesure où les principaux prestataires commerciaux qui entrent sur le
marché favorisent le recours aux techniques du crédit
individuel.
Enfin, le prêt individuel est de plus en plus
utilisé par les AMC, soit en tant qu'alternative au crédit de
groupe ou en tant qu'outil de financement des microentrepreneurs. De
façon plus générale, le microcrédit individuel est
de plus en plus l'instrument de financement privilégié dans les
économies en transition.
Les résultats d'une étude309 d'impact
montrent qu'entre 50 et 60% des clients veulent régler les
crédits mensuellement, en 12 termes et un système de garantie
solidaire, chose qui montre l'existence d'une demande importante pour les
produits individuels (40 à 50%).
Selon un rapport établi sur l'environnement de la
microfinance au Maroc, en 2005 «le prêt de groupe dominait, mais un
grand nombre des associations de microcrédit ont évolué
relativement rapidement vers les produits de prêt individuels
»310, entre-temps les choses ont évolué de la
sorte qu'en 2009 la part des prêts individuels dans le portefeuille
global s'est stabilisée à 40%311. Alors que, selon la
mission de Michel Servet sur le secteur au Maroc réalisé en 2010,
le MC continue son évolution vers l'individualisation des prêts
avec une diminution des crédits de groupes au profit des prêts
individuels car « la part des premiers est tombée de 86 % des
dossiers actifs en 2007 à 60 % en 2009 pour l'ensemble du secteur. Comme
la clientèle des prêts de groupe était surtout
féminine, la part des femmes est tombée de 68 % en 2005 à
48 % en 2008. Chez Al-Amana, entre 2008 et 2009, le nombre de prêts
solidaires a chuté de 336 000 à 169 000, alors que les
prêts dits « à l'entreprise » (prêts individuels)
ont presque doublé en passant de 95 000 à 183 000
»312.
309 « Evaluation de l'impact du microcrédit au
Maroc (2005) », op. cit.
310 REILLE Xavier et LYMAN Timothy. « L'environnement
juridique et réglementaire de la Microfinance au Maroc », op.
cit.
311 Rapport Bank Al Maghreb. Exercice 2009. op. cit.
312 SERVET, Jean-Michel. « L'inclusion financière
au ... », op. cit.
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Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance
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Point 2 : Du ciblage des plus pauvres à
la prestation des économiquement faibles
M.NOVAK dévisage le MC et démarque ses deux
faces, la première est celle de « la justice sociale se traduisant
par la sélection de la population-cible »313
constituée des personnes aux revenus faibles alors que la seconde est
relative à « la viabilité de l'institution de MC » 314
garantissant juste la pérennité de l'offre de ces services aux
démunis. Or, « une bonne solvabilité est susceptible
d'intéresser les investisseurs et bailleurs de fonds et dénote
une capacité à mobiliser des fonds propres via un financement
externe. »315. Quoique les pauvres situés tout en bas de
l'échelle économique sont fréquemment soient exclus de la
microfinance, ou écartés d'eux-mêmes puisque
généralement « leurs revenus sont trop faibles et trop
aléatoires pour permettre le remboursement de prêts ou tout
investissement au delà de la satisfaction de leurs besoins alimentaires
essentiels » 316.
Contrairement à l'idée très
répandue, le microcrédit ne s'adresse pas aux populations les
plus défavorisées, c'est-à-dire celles ayant des revenus
inférieurs au seuil de pauvreté absolue. Cette catégorie
représente un coût et un risque supplémentaire que ne
peuvent supporter les AMC. Il faut déjà avoir un bagage minimum
à proposer au bailleur de fonds.
En effet, ce dernier se soucie plus de la viabilité
financière du projet, ce qui constitue un obstacle entraînant un
abandon spontané, une manière « d'autoexclusion » de la
part d'une frange importante de la population pauvre. Ainsi l'offre du MC
convient mieux aux personnes proches du seuil de pauvreté ou l'ayant
dépassé. Parmi elles, une autre différenciation existe,
d'une part les entrepreneurs mobilisent les ressources pour créer ou
étendre leur activité dans le secteur informel ou non
structuré. Dans les zones rurales, ce sont généralement
des paysans ou des personnes possédant une activité agricole,
tandis qu'en milieu urbain, les artisans, les petits commerçants et les
prestataires de services sont les principaux clients. D'autre part, les purs
gestionnaires utilisent l'argent comme un fonds de roulement de l'unité
domestique de façon à faire la soudure entre les périodes
de besoin et celles de perception des revenus. En tout cas, les AMC destinent
leurs services en priorité
313 NOVAK, Maria. On ne prête (pas) qu'aux riches. op.
cit. p.91
314 NOVAK, Maria. On ne prête (pas) qu'aux riches. op.
cit.
315 ATTALI, Jacques. Voyage au coeur d'une révolution.
op. cit. p.153
316 « Créer des mécanismes de sortie de la
pauvreté pour les plus démunis ». Note du
CGAP/Décembre 2009.
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Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance
Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)
aux individus disposant d'un minimum de connaissances et de
responsabilisation, mais qui sont désavantagés dans
l'accès au crédit.
Le fonctionnement du microcrédit : de la
solidarité au réalisme économique
Le microcrédit n'est pas un acte de charité, non
plus une forme d'assistance aux pauvres, mais un outil sensé produire de
la valeur et permettre à l'emprunteur de dégager un revenu
minimum pour vivre et s'insérer dans la vie active. C'est une
opportunité de se prendre en charge en sortant de la pauvreté par
ses propres efforts. Pour Med Yunus « le microcrédit
c'est aider chaque personne à atteindre son meilleur potentiel. Il
n'évoque pas le capital monétaire mais le capital humain. [C'est]
un outil qui libère les rêves des hommes et aide même le
plus pauvre (...) à parvenir à la dignité, au respect et
à donner un sens à sa vie »317.
Le microcrédit se distingue pourtant des instruments
financiers classiques à plus d'un titre. La caution et la garantie sont
remplacées par la constitution d'un groupe solidaire dont les membres
s'engagent à s'entraider pour effectuer le remboursement. Dans cette
optique, l'utilisation du prêt est régulièrement suivie par
les créanciers et peut éventuellement s'accompagner d'une aide
à la gestion pour les bénéficiaires.
En d'autres termes, toutes les nécessités du
développement ne relèvent pas du crédit seulement. Le
crédit suppose ne pas être dans la misère totale ou dans
une précarité empêchant d'envisager l'avenir à moyen
terme. C'est peut être une erreur de présenter le MC comme une
réponse à la pauvreté dans le monde ce n'est en fait qu'un
outil parmi d'autres, qui peut être adapté à certaines
situations mais pas à toutes. En situation d'urgence, où le
fonctionnement économique est déstructuré, pour
reconstruire il faut de l'aide suffisante au rétablissement des choses
à la place du crédit.
L'idée de proposer un crédit à des
populations pauvres peut porter le risque d'être destructrice : il
paraît plus normal d'accorder de l'aide au lieu d'endetter ce qui ne peut
qu'empirer davantage la situation. Mais le crédit est plus respectueux
de la personne qui est en face quand elle est en situation de pouvoir
rembourser.
317 YUNUS, Muhammad. Vers un monde sans pauvreté. op.
cit. p. 399.
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Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance
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Partout, le microcrédit et l'exclusion
financière sont devenus des préoccupations sociétales
courantes. Toutefois, « le génie du microcrédit en terme
socio-économique suppose que les populations bénéficiaires
soient «clairement» dévoilées afin que les
degrés de nécessité observés trouvent une
réponse leur convenant en fonction du statut des personnes
accompagnées »318 , ce qui reste c'est juste de savoir
comment éliminer les obstacles à l'identification des familles
les plus pauvres.
Si les programmes de MC veulent remplir l'objectif de lutte
contre la pauvreté, il est nécessaire d'adopter une approche
différente et orientée volontairement en matière de
ciblage des bénéficiaires, sans quoi il serait difficile de
toucher la clientèle cible. Cette approche de ciblage
particulière risque de poser le problème de la durabilité
sociale de l'institution du MC dans la mesure où il chasse une partie
non négligeable de la population. Le ciblage de la population pauvre
pose en plus le problème, non encore réglé, de
l'identification des plus pauvres parmi les pauvres, du fait que la perception
de la pauvreté est relative selon les sociétés, la
position sociale et le chemin à parcourir. Généralement,
avec ou sans ciblage administré « les programmes de
microcrédit touchent une catégorie de population qui n'est pas
les plus pauvres parmi les pauvres ». Ils touchent une population, certes
pauvre, mais qui est insérée dans la vie économique et
dispose de ressources suffisantes pour exercer une activité
économique.
Les bénéfices du microcrédit : du capital
économique au capital humain
En tant qu' « espoir », pour ceux qui souffrent de
difficultés d'accès aux produits bancaires classiques ou de leur
usage, le microcrédit s'impose comme un des moyens déterminants
dans les politiques de lutte contre la pauvreté : le crédit
permet d'investir dans une activité lucrative afin d'en tirer des
profits suffisants pour compenser les charges liées au remboursement et
emprunter à nouveau de manière à se développer. Il
est l'un des outils majeurs d'une finance de proximité qui tend à
valoriser le capital humain et local autant que le capital financier et global,
réconciliant ainsi principes économiques et valeurs
éthiques. Ainsi, le microcrédit peut jouer rôle de
créateur d'emplois et de revenus : il « profite » au client,
mais aussi à son foyer, son quartier et son environnement.
318 GLEMAIN, Pascal. « La crise accentue
l'intérêt pour le microcrédit ». LeMonde du
06/02/2009
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