Mise en oeuvre de la stratégie de la formation in situ à radio okapi (r.d.congo) 2011-2015. Cas spécifique des jeunes journalistes recrutés en janvier 2015 à radio Okapi/Goma.( Télécharger le fichier original )par Jules NGALA WAMONA Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) de Lille en France - Ecole universitaire de Management (IAE) de Lille et Canal France international (Cfi) - Master 2 international de Management des Médias 2014 |
Conclusion sur l'évaluationInterrogé par Pierre Martinot [24] avec la question spécifique de savoir « Comment mesurer l'impact d'une intervention in situ? », De Boeck (ibidem) déclare que « C'est parfois difficile ». Il propose toutefois quelques pistes de solution en répondant comme suit: « ...Il faudrait d'abord effectuer un relevé précis (une sorte de radioscopie) des titres visés, avant et après. On peut se contenter de quelques exemples d'avant l'intervention et les comparer à ceux d'après. Pour les apports « invisibles », il faut demander des supports d'évaluation séparés et confidentiels aux auditeurs. Des évaluations indépendantes sont aussi souhaitables, mais alors [celles qui sont] faites par de vrais professionnels, qui connaissent bien les réalités du pays concerné. » (Propos recueillis par Pierre Martinot, in Des radios pour informer, Médias pour la pluralité, Panos Paris, 2007). On remarque bien qu'à travers sa réponse, De Boeck propose 4 possibilités pour évaluer l'impact d'une session de formation in situ :
Pour le cas qui nous concerne, nous pensons que les solutions 2 et 4 ont été mises en application et elles semblent avoir donné de bons résultats. En effet, avant cette formation in situ, les participants se plaignaient d'être « abandonnés à leur triste sort » depuis leur arrivée au sein de la rédaction de Radio Okapi / Goma. 72 Depuis la fin de la formation et le suivi qui en a été fait, et qui se poursuit du reste, les remarques négatives à leur endroit ont considérablement diminué. Certains excellent même jusqu'à prétendre « donner des leçons » à leurs collègues. En plus de cela, plusieurs éloges ont déjà été formulées à l'endroit des formés, à l'issue de la session et dans plusieurs domaines, surtout pour le respect de la ligne éditoriale et les grands formats comme le dossier et le magazine. La dernière en date est celle de madame Koumbo, Chef d'antenne de Radio Okapi / Goma, qui a été on ne peut plus éloquente et sur laquelle nous avons suffisamment épilogué. 3.5. CONCLUSION GENERALEEn termes de «Quels bénéfices de cette formation in situ ? » 1-Sur l'amélioration de la ligne éditoriale de Radio Okapi chez les apprenants? Il est indéniable que, malgré le désengagement de la Fondation Hirondelle depuis 2014, la ligne éditoriale de Radio Okapi n'a jamais été modifiée. Il existe néanmoins un certain « relâchement ». Selon notre constat en effet, la radio a tendance à devenir un outil de communication de la Monusco. Cette dérive contre laquelle Fondation Hirondelle s'est battue, becs et ongles, nous rattrape aujourd'hui. A mon avis, c'est à cause de plusieurs luttes internes entre les différents Chefs PID (Direction de l'Information publique de la Monusco). Mais aussi parce que l'actuel Directeur de la radio est lui-même fonctionnaire de la Monusco. Serait-il atteint par le syndrome du « fonctionnariat » ? Du « syndrome de fonctionnariat » justement, il en a encore été question dernièrement. Cette fois-ci parmi les journalistes de Radio Okapi eux-mêmes. En effet, à travers un mémo du 07 septembre 2016 (voir Annexe) de la SOJPRO, une sorte de syndicat des journalistes et autres professionnels de Radio Okapi, le président du comité provisoire relève une réel « baisse du niveau de prestation au sein de la radio ». 73 Entre autres raisons de cette baisse, Mr. Ascain ZYGBYA relève ce qu'il appelle « le fonctionnarisme » des journalistes, et demande des « innovations » notamment au niveau du service de planification. La SOJPRO estime également qu'après sa propre enquête, « Il se pose un problème réel d'écoute de la Radio Okapi actuellement à Kinshasa ». Elle parle d'une radio périphérique, TOP-CONGO Fm, qui aurait pris de l'ascendance sur Radio Okapi, en termes d'audience à Kinshasa. Reste à savoir quel degré de crédibilité accorder à ce « Sondage-SOJPRO », et s'il peut remplacer l'Enquête-SMAART de 2006-2007. Et encore que ces observations ne concernent que Kinshasa. Peuvent-elles s'étendre au reste du pays ? La question vaut la peine d'être posée. Quoi qu'il en soit, et en attendant de nouvelles enquêtes plus fiables, les journalistes et autres professionnels de Radio Okapi restent attachés à la ligne éditoriale d'une « radio de la paix : objective, neutre et 100% congolais ». 2-Sur l'amélioration de l'écriture in situ ? A la question de savoir « Quels changements avez-vous remarqués dans le comportement professionnel des apprenants depuis le début de la formation ? », Sifa, une ancienne de Radio Okapi/Goma répond à peu près en ces termes : « J'ai surtout noté que tous ont beaucoup évolué. Surtout du côté de la ligne éditoriale, et cela se voit dans l'attaque de leurs papiers. Avant, ils avaient tendance à mettre beaucoup de commentaire dans le papier, mais maintenant ils ont compris que Radio Okapi privilégie les faits ». Et d'ajouter : « Il y a encore quelques problèmes d'écriture chez Marc et Sekombi, mais chez Christian et Freddy ça va déjà. Et même chez les autres (Marc et Sekombi), ça ira. Il faut seulement continuer à les encadrer ». En initiant cette formation in situ, nous avions pour objectif principal, d'améliorer l'écriture des jeunes journalistes, tout en les sensibilisant aussi à l'éthique et la déontologie du journaliste. Les différentes évaluations qualitatives administrées ont abouti à des résultats relativement bons, mais qui restent tout de même discutables. 74 Les apprenants ont acquis les éléments de base de l'écriture journalistique, reste maintenant à capitaliser cela pour devenir des vrais professionnels. En effet, jusqu'à ce jour, le travail quotidien de formateur en journalisme radio me permet encore de poursuivre et de compléter leur formation, par des remarques et suggestions diverses. C'est d'ailleurs ce que suggère Philippe De Boeck (op.cit) quand on lui pose la question de savoir « Quelle est la plus-value de l'intervention in situ ? ». Il répond:« Elle est surtout liée au fait qu'on est dedans, et que l'on peut assez bien cerner les principaux problèmes, les attitudes des uns et des autres; découvrir les problèmes cachés, proposer des solutions, etc. Le fait de travailler avec ses pairs est, à mon avis, plus intéressant qu'une relation Prof.-Elève...». Qui plus est, comme le dit également Philippe De Boeck, « Pour porter ses fruits, une intervention in situ doit s'étendre dans la durée ». Et c'est la situation qui est la nôtre aujourd'hui, soit une année au moins après la clôture de la formation formelle. 3-Sur la gestion ou le management de l'équipe rédactionnelle? Comme nous l'avons dit dès le début du mémoire, avant l'intervention in situ d'avril 2015, nous avions affaire à une équipe rédactionnelle hétérogène : sur 10 journalistes, 5 avaient déjà suivi plusieurs courtes formations dont une formation in situ où j'étais aussi intervenant. On peut dire qu'ils avaient déjà acquis l'essentiel de l'écriture journalistique ainsi que de l'éthique et la déontologie du journaliste. En revanche 5 autres, plus jeunes et « nouveaux » dans le métier, avaient tendance à former un bloc à part. Leur frustration a été d'autant plus grande qu'ils avaient tendance à se regrouper, même lors de la conférence de rédaction du matin (08Hoo) comme de l'après-midi (14H30). Jusqu'à ce jour où on a commencé la formation in situ, et dès lors la confiance en soi a commencé à revenir au fur et à mesure qu'on avançait dans la formation. Tant et si bien qu'aujourd'hui, il est satisfaisant de remarquer qu'une certaine symbiose est revenue à la rédaction : les deux groupes nettement distincts de janvier à mars 2015 ont complètement disparu. Quelle a été la part de la formation ? Quelle a été l'action du temps et celle des autres membres du groupe ? Difficile à répondre à la question. 75 On sait toutefois que le « manque de confiance en soi dans le groupe» est aussi le résultat du « manque de maîtrise des sujets discutés au sein du groupe ». Ceux qui maîtrisent mieux ayant tendance à supplanter ceux qui ne maîtrisent pas, et ces derniers ayant tendance à s'effacer dans le groupe au profit des premiers. Par ailleurs, la formation in situ, elle-même, se définit comme « Un processus de renforcement des capacités de personnels d'une entreprise ou d'une organisation, par l'intégration dans l'équipe de la structure bénéficiaire, d'un formateur interne/externe, impliqué dans le travail quotidien et pouvant accompagner l'appropriation concrète de nouvelles techniques et pratiques. Il s'agit d'une stratégie managériale de formation en entreprise. Une sorte de tutorat, visant à professionnaliser les apprenants dans l'environnement direct de l'entreprise ». Peut-on, dès lors, répondre à la question qui constituait notre problématique de départ? Savoir : «Avec un contenu à minima comme celui pratiqué actuellement sur Radio Okapi/Goma, dans un contexte post-conflits, en un temps et avec un budget à minima, peut-on parvenir à former un journaliste professionnel, directement utilisable par les médias qui pullulent dans notre région?» La question est à la fois complexe et facile. Facile parce que des actions ont été menées comme prévu, des évaluations effectuées, avec des résultats relativement satisfaisants, et pour les formés eux-mêmes et pour ceux qui les utilisent directement c.à.d. Radio Okapi. Nous pouvons donc nous estimer relativement « heureux » de ces résultats, malgré quelques difficultés que nous avons énumérées plus haut. Et donc, nous pouvons estimer qu'« Avec un contenu à minima comme celui pratiqué actuellement sur Radio Okapi / Goma, dans un contexte post-conflits, dans un temps et avec un budget à minima, il y a lieu de parvenir à former un journaliste professionnel, directement utilisable par les médias qui pullulent dans notre région ». 76 A condition, bien entendu, que l'intervenant in situ respecte un minimum de conditionnalités de cette « stratégie managériale de formation en entreprise». Ces conditions minimales sont notamment :
La question est en même temps complexe : dans la mesure où, dans notre cas d'espèce, le cursus intellectuel des apprenants a beaucoup joué. Tous universitaires ou presque, ils ont eu des prédispositions intellectuelles à maîtriser plusieurs éléments de l'apprentissage in situ. En outre, avant d'arriver à Radio Okapi, les 5 apprenants étaient d'abord passés par certains médias périphériques. Ils n'étaient donc pas des « néophytes » à proprement parler. On pourrait donc dire qu'ils avaient un pré-requis adéquat. Serait-il possible de réussir là où les mêmes conditions ne sont pas réunies ? Cela serait une nouvelle problématique qui reste ouverte... 77 Notes bibliographiques et webographie Bibliographie
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79 [23] Code de déontologie du journaliste congolais, Congrès de la Presse (Kinshasa, Centre Catholique NGANDA, le 4 mars 2004)... Webographie - https://communication.revues.org Autres ressources bibliographiques et webographie:
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81 41. Malcoln F. MALLETTE & Mary-Esther DATTATREYAN, Handbook for African journalists - Whith leaders in African journalism, Second Edition, World Press Freedom Committee, 1996, 153 pages;
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Autre Webographie: 84 |
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