3.4. Les difficultés rencontrées
La même question fut posée, en son temps,
à Philippe De Boeck. Et avec des mots presque similaires, à
quelque petites différences près : « Quelles sont les
difficultés que tu as rencontrées globalement, et peut-être
aussi quotidiennement ? ». Voici sa réponse :
« Globalement, je me suis rendu compte que peu de
journalistes avaient vraiment envie de changer leurs habitudes. Souvent, ils se
demandaient ce qu'un « Expert » venait faire chez eux. Ou encore,
s'ils allaient être payés pour m'écouter. Dans pas mal de
cas, la rédaction n'avait pas été avertie de mon passage,
parce que l'éditeur ne les avait pas informés.
Quotidiennement, le principal problème était
lié aux horaires. Le matin, la plupart des rédactions sont vides.
A une exception près, aucun de 7 journaux ne faisait de réunion
de rédaction, etc. Les journalistes arrivaient vers 16hoo-17hoo
(après avoir fait une chose?) et commençaient à
écrire leurs articles à la main. Les journaux bouclaient entre
02hoo et 03hoo du matin, et tout le monde se plaignait de rentrer trop tard
à la maison. Beaucoup de choses ont évolué positivement
depuis et ça tient ! » (Philippe de BOECK, op. cit.).
Je peux donc affirmer que j'ai éprouvé les
mêmes difficultés ou presque, à quelques différences
près. Dans mon cas en effet :
-Globalement, bien que la formation fût
réclamée par les journalistes concernés et
recommandées par la rédaction de Radio Okapi / Goma, il m'a
été donné de remarquer que malgré cela, les
récipiendaires avaient effectivement beaucoup de mal à changer
leurs habitudes.
Exemple, en introduisant la notion de « Lead »,
« Chapô » ou « Lancement », un apprenant est sorti de
la salle disant qu'il avait déjà eu une formation sur cette
notion.
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Et, comme l'apprentissage se faisait dans le respect de la
liberté de chacun d'aller et revenir (nous sommes des adultes), Monsieur
est sorti.
Pourtant, chacun avait bien intérêt à y
participer car, la vraie « ligne éditoriale » de Radio Okapi
commence par la question: « Quel fait nouveau ? » au lieu de
commencer par « Qui fait quoi ? », selon la ligne imposée par
certains médias, surtout les radios et les télévisions
publiques où nous avons, tous, fait nos premiers pas en journalisme.
Conséquence : jusqu'il y a peu, le stagiaire concerné continuait
à écrire ses papiers précédés d'une «
Introduction », inscrite comme telle en prélude du papier. Nous
savons tous que l'amorce est une introduction, mais il existe un langage
journalistique consacré, que nous tous nous devrions adopter. Sinon, nos
médecins appelleraient leur bistouri « couteaux », et cela ne
gênerait personne !
En revanche, pas de problème quant à ma
désignation comme L'intervenant in situ, ni pour une quelconque
demande de « motivation », même si la session a eu lieu alors
que les stagiaires n'étaient pas encore payés par la Monusco.
-Quotidiennement, et comme le dit De Boeck, le principal
problème était lié aux horaires. Au même moment
qu'une séance de formation était prévue, mardi et jeudi,
les formés avaient aussi des tâches de la rédaction
à accomplir. Or, certaines rubriques comme le dossier, le magazine ou le
reportage demandent un grand investissement en termes de temps et
d'énergie. Ce qui faisait que, plusieurs fois, nous nous sommes
retrouvés à 3, voire à deux seulement dans la salle de
formation. Conséquence, le jour suivant, on était obligé
de reprendre la séquence précédente.
Mais, comme conclut également De Boeck, «
Beaucoup de choses ont évolué positivement depuis, et
ça tient ! ».
D'où des critiques parfois acerbes contre eux, de la
part de leurs collègues, surtout les anciens.
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