1.3.2 Subtile communication
Lorsque nous communiquons, c'est tout notre être qui
communique, et tel un émetteur/récepteur, il reçoit et
émet différents types d'informations qui peuvent être
catégorisées en deux groupes : les informations tacites et les
informations implicites. La littérature considère souvent que les
informations tacites sont verbales, tandis que les informations implicites se
manifestent dans le champ du non-verbal. Berne (1977) nomme information tacite,
tout ce qui est manifeste, tout ce que l'interlocuteur a voulu transmettre,
tandis que l'implicite correspond à ce qui ne doit pas être
entendu, à ce qui est sous-entendu. Par conséquent la somme
d'informations disponibles dans une conversation est toujours supérieure
à ce qui est communiquéintentionnellement. Sturtevant (1947)
ironise [...]il
est bien rare que la communication volontaire serve à
autre chose qu'àtromper, le langage a peut-être
étéinventédans le seul but de mentir. '
(Sturtevant, 1947, p.48)
Les comportements non-verbaux sont les expressions faciales,
les tons de la voix, le contact des yeux, la posture du corps, et la gestion de
l'espace et du temps (Mehrabian, 1969; Argyle and al, 1970; Samfira et al,
2014). La fonction de ces comportements implicites seraient de donner à
voir un état interne aux autres individus (Darwin, 1872; Argyle and al,
1970). Les manifestations non-verbales appartiendraient à l'inconscient
tandis que le langage verbal serait conscient et permettrait un accès
privilégiéà l'inconscient. Dans sa Psychopathologie de la
Vie Quotidienne, Freud (1904) recense les différentes manifestations de
l'inconscient dans la vie quotidienne, comme le lapsus linguae ou manus
au détour d'une conversation qui trahit la pensée
dissimulée de l'interlocuteur, ou encore un acte manquéqui
viendrait manifester un désir inconscient. Toutes ces petites
manifestations de l'inconscient font partie du langage implicite et
dévoilent tout un pan psychique qui ne peut être tacite, car
méconnu par l'individu lui-même dans bien des cas.
L'intuition serait ici la capacitéà
synthétiser l'ensemble des informations perçues inconsciemment et
consciem-
ment dans le but de conclure à une cohérence ou
dissonance entre les informations tacites et implicites, et
àcomprendre et anticiper l'état interne de
l'interlocuteur, dans le but de réagir le plus justement possible.
L'intuition relationnelle aurait en quelque sorte une fonction de survie, en
inférant les comportements de l'autre et donc en
28 1 L'intuition
augmentant la sensation de maîtriser son environnement
(prévenir des réactions émotionnelles à venir). Une
dissonance entre les informations tacites et les informations implicites
pourrait créer une perturbation émotionnelle qui
entraînerait un sentiment désagréable, une sensation que
l'autre n'est pas sincère (Argyle, Salter, Nicholson, Williams et
Burgess, 1970). La honte que l'on peut éprouver à la suite d'un
lapsus montrerait qu'une information inconsciente voire une information
dissimulée en vient à être dévoilée et ce,
non par l'individu lui-même mais toujours malgrélui (Freud,
1907).
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