7.2.2 Mémoire en réseau de neurones
Ce second modèle tiréde l'approche
connexionniste, diffère du précédent, d'un point de vue
conceptuel. En effet, le connexionnisme postule que la mémoire serait
agencée et distribuée en réseaux d'unités (neurone
formel), eux-mêmes organisés en modules (Andler, 1990; pour une
revue de ces modèles voir : Abdi, 1994). Un certain nombre de ces
unités recevraient l'information de l'extérieur (perception) et
d'autres transmettraient l'information jusqu'àcertaines unités de
sortie (motrice). Entre l'entrée (input) et la sortie (output), il
existerait des unités dites cachées, de traitement
intermédiaire. L'activation d'une unitédécoulerait de la
somme pondérée des entrées, et tout comme le neurone, si
l'activation est supérieure à un seuil fixé,
l'unitéenverrait l'information 1 (activation), si le seuil n'est pas
atteint l'unitén'enverrait aucune information (0), et enfin, si le seuil
est atteint et inhibiteur, l'unitéenverrait l'information (-1). Ainsi
chaque unitépourrait activer, inhiber ou rester »dormante» par
rapport aux autres unités. L'ensemble du réseau de neurones se
base aussi sur la modification des poids d'interconnexions entre les
unités, en fonction de l'expérience. La mémoire
correspondrait à un état d'activation antérieure à
l'état actuel. Dans le but d'expliquer le phénomène
d'amorçage, nous nous concentrerons sur le modèle de Masson
(1995). Ce réseau représente les concepts en fonction des poids
de connexions reliant un ensemble d'unités entre elles. Ainsi pour
l'identification d'un mot, il y aurait activation d'un ensemble d'unités
codant chacune pour l'orthographe, la sémantique, la phonologie. Ce
schéma d'activation définit donc le concept, et à chaque
activation de ce patron, le concept serait remémoré. Le patron
d'activation est défini selon des poids de connexions qui suivent la
règle d'apprentissage de Hebb (1949). Selon le postulat de Hebb ou
théorie des assemblées de neurones, deux neurones qui stimulent
au même moment sont des neurones qui se relient ensemble.
Appliquéau modèle connexionniste de la
7.2 Modèles explicatifs de l'amorçage 87
mémoire, elle définit la loi d'encodage des
différents schémas d'activation. Ainsi, lorsque de nouveaux
stimuli sont présentés, une modification des poids de connexions
entre les unités ainsi qu'une altération des valeurs de chaque
unitéinterviendraient. Au début de l'apprentissage, les
états d'activation des unités sont plus ou moins chaotiques, mais
au fur et à mesure que la présentation se répète
(apprentissage), les poids de connexions augmentent entre les unités qui
ont les même valeurs d'activation, sinon ils diminuent. Ceci se poursuit
jusqu'àce que l'ensemble du système atteigne un point
d'équilibre qui définira le nouveau pattern appris.
Le modèle de Masson (1995) suppose que les concepts
liés sémantiquement ont des schémas d'activation
similaires à travers les unités de traitement du module
sémantique. Pour que des concepts soient liés
sémantiquement, il est nécessaire qu'ils apparaissent
fréquemment ensemble et qu'ils partagent des aspects sémantiques
en fonction du contexte. Une tâche de cafésera plus proche d'une
tâche d'huile que d'une tasse de cafépar exemple, à cause
du contexte dans lequel le concept »tâche de café»
apparaît (pour une revue sur le lien entre mémoire et contexte
voir Rosenfield, 1989). Par conséquent, chaque structure d'apprentissage
dépend de l'individu et de son environnement d'apprentissage. A' partir
de ces éléments, nous supposons que l'amorce activerait un
certain pattern qui sera plus ou moins en harmonie (en rapport) avec le pattern
d'activation de la cible. Plus la similaritéentre les deux patterns
serait élevée et plus le pattern des unités du module
sémantique de la cible pourrait s'activer rapidement.
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