3.1.3 Le non-conscient cognitif
Il existerait donc des processus cognitifs non-conscients
définit par Kihlstrom (1987) comme des aptitudes
ou des procédures qui opèrent sans prise de
conscience et qui ne sont en aucune façon accessible à la
conscience ~ (citépar Westen, D. (2000). Psychologie.
Pensée, cerveau et culture. De Boeck, p. 480). Il distingue ces
processus totalement non-conscients des processus préconscients qui se
situent juste en deçàdu seuil de conscience et peuvent
être activés grâce à des amorces
subliminales. L'inconscient cognitif comprend la mémoire implicite, une
capacitéde reconnaissance sémantique, les processus automatiques
et non-conscients.
Les expériences de Dehaene sur l'attention, lui ont
permis de définir le non-conscient selon deux paramètres :
l'attention du sujet et l'intensitédu stimulus (Dehaene, Changeux,
Naccache, Sackur et Sergent, 2006). En effet, une information pour qu'elle soit
consciente doit être accessible et donc rapportable (Dehaene, 2009).
Le non-conscient est ainsi diviséen deux processus
principaux selon ces deux paramètres :
-- Lorsque les conditions de présentation d'un stimulus
ne lui permettent pas de passer le seuil de la conscience, le processus est
appelésubliminal. Le stimulus est donc inaccessible, et l'activation
neuronale est insuffisante pour s'épandre dans l'espace de travail
neuronal global qui est un espace interne de synthèse, de maintien
et de partage des données (Dehaene, Cours du Collège de
France, Théorie de la conscience d'accès, p. 3). Les
expériences de masquages en sont un exemple.
-- Lorsque les données sensorielles ascendantes
(bottom-up) sont suffisamment intense pour être perçues mais que
l'attention du sujet, provenant de boucles descendantes (top-down) est
détournée ou absente du stimulus en question, le processus est
appelépréconscient. Les expériences de
cécités au changement (Rensink, O'Regan et Clark, 1997) et de
cécitéattentionnelle (Simons et Chabris, 1999) en sont un bon
exemple. Dans l'expérience de Simons et Chabris (1999), on demande
à des participants de compter le nombre de passes de balles de
l'équipe en blanc. À un moment, un gorille apparaît au
centre de l'écran, mais la plupart des participants rapportent ne pas
l'avoir vu. La simple focalisation de l'attention sur l'équipe blanche a
rendu invisible le gorille. Le stimulus était donc fort, mais
l'attention sur celui-ci pratiquement absente. Cette dernière
expérience rejoint la théorie selon laquelle la conscience est
sélective et à capacitélimitée (Broadbent,
1958).
En effet, la masse d'informations sensorielles présentes
dans notre environnement excèderait notre capacitéde traitement,
il est donc nécessaire de sélectionner les informations qui nous
sont nécessaires dans l'instant.
D'autre part la conscience n'a accès qu'àune
interprétation d'une perception à la fois, même si il
existe plusieurs interprétations possibles.
3.2 L'amorçage 49
Figure 3.2. Dehaene, Sackur, Changeux, Naccache et Sergent,
2006
Dans la figure du vase de Rubin, selon que notre attention se
place sur le fond, ou sur la forme nous distinguons soit un vase, soit des
visages. Mais nous ne pouvons percevoir les deux au même instant (Rubin,
2001). Il existerait alors un lien étroit entre attention et conscience.
C'est ce que nous allons voir dans la partie sur la méthode des amorces
maquées.
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