3.1 L'inconscient cognitif
3.1.1 Bref historique de l'inconscient
Le non-conscient, c'est à dire ce qui est
voiléà la conscience immédiate, a toujours
poséquestion. Héraclite d'Éphèse (VIème
siècle av. J.C) critique de façon acerbe dans les Fragments, la
façon dont l'homme se croyant éveillé, ne contemple
finalement que des choses mortes. C'est à dire que ne voyant que la
surface des choses, son regard se pose sur des objets périssables alors
que grâce à l'intelligence supérieure, il pourrait saisir
le mouvement, le changement, et le sens profond qui se dégagent de ces
objets. Il y aurait donc une dissociation entre ce qui est perçu et ce
qui pourrait être perçu. Il existe ainsi un domaine voilé.
Saint Augustin, dans ses Confessions (398 ap. J.C) compare la mémoire
à un sanctuaire d'une ampleur infinie*' (Saint Augustin, 398, p.211), et
se demande qui en a touchéle fond, et oùdonc se trouve ce que
l'homme ignore de lui-même. Il conclue peu après, que ces choses
ne sont pas hors de lui, mais en lui, dans ce temple de la mémoire.
D'autres part, Saint Augustin se pose dans les Confessions des questions
actuelles que les neurosciences ont mis en expérience, ainsi dans le
chapitre XIX du livre X, il veut montrer que l'oubli n'est jamais total en
prenant l'exemple du prénom oubliéd'une personne connue. Si nous
essayons de nous rappeler d'autres prénoms que le sien, nous savons que
nous sommes dans l'erreur. Lorsque le vrai prénom arrive, nous savons
qu'il épouse parfaitement la représentation que nous avons de la
personne et nous sommes certains que c'est le bon. Par conséquent
Nous n'avons pas encore totalement oubliée ce que nous nous
souvenons d'avoir oubliée (Ibid, p. 223).
Plus tard, Leibniz (1765) dans ses Nouveaux Essais sur
l'entendement humain, traite du non-conscient en montrant qu'il existe dans
l'âme, c'est à dire la parcelle immortelle qui habiterait le
corps, des perceptions, des appétits, conscients et inconscients :
D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment
une infinitée de perceptions en nous, mais sans aperception et sans
réeexion, c'est à dire des changements dans l'âme
même dont nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou
trop petites et en trop grand nombre ou trop unies [...]*' (Leibniz,
p.15). D'autre part, ces milliers de petites perceptions nous influencent
constamment sans que l'on s'en aperçoive, il suffira que quelqu'un nous
pointe l'existence de ces informations pour que l'on s'en aperçoive
à posteriori. Leibniz, pointe donc ici le filtrage attentionnel, et la
façon dont notre cerveau préserve l'attention vers ce qui est
utile dans le moment, et filtre (sans toutefois supprimer) ce qui n'est pas
nécessaire.
46 3 L'intuition : Une suggestion non-consciente
Freud reprendra ce qui a étéfait
précédemment mais ajoutera toute la dynamique inconsciente qui
manquait précédemment. Nous ne ferons pas une description
étayée de la théorie inconsciente de Freud, ce
mémoire n'en est pas le sujet, mais nous nous contenterons de dire que
Freud a introduit le concept de refoulement, qui permet de préserver le
Moi des pulsions et désirs s'opposant à la censure. Dans sa
Psychopathologie de la vie quotidienne (1904), Freud montre comment
l'inconscient fait pression sur le moi, et se déclare à la
conscience au travers des actes manqués, lapsus, symptômes et
rêves.
Les auteurs qui se sont particulièrement
intéressés à l'intuition dans le cadre de la psychanalyse
sont sans doute Jung et Groddeck. Nous avons déjàintroduit Jung
au début du mémoire; en ce qui concerne Groddeck sa
théorie du Ça (1923) nous montre à quel point il tente
d'unifier le corps à l'esprit. Pour lui, ces deux entités ne sont
pas séparées, ce sont seulement deux qualités de la
même substance. C'est alors en revenant à cette unité,
à cette non-séparation de principes, que Groddeck nous montre la
voie de l'intuition. Pour lui il n'y a d'intuition que la force principielle
qui est contenue dans toute forme de vie.
Pour la suite, nous préférerons utiliser le
terme de »non-conscient» pour définir les
représentations, les sensations, les émotions, en-dehors du
traitement immédiat de la conscience. Le terme de
»non-conscient» ou »d'inconscient cognitif», nous
paraît adapté.
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