2.3.2 Les neurones miroirs
Certaines recherches montreraient que les neurones miroirs
seraient impliqués dans l'expérience d'empathie. Ces neurones
découverts dans les années 1990's dans le cortex prémoteur
ventral du singe macaque (Rizzolati et al, 1996), mais aussi chez l'oiseau
lorsqu'un des congénères écoute l'oiseau chantant
(Prather, Peters, Nowicki et Mooney, 2008). Ces neurones existeraient aussi
chez l'humain, au niveau du cortex frontal inférieur et du cortex
pariétal (Rizzolatti et al., 1996). C'est ainsi que certaines
recherchent mettent en évidence le rôle de ces neurones miroirs
dans l'empathie (Decety et Jackson, 2004; Gallese et Goldman, 1998; Preston et
De Wahl, 2002) et particulièrement dans la reconnaissance des
expressions faciales émotionnelles qui activent les neurones miroirs
ainsi que les régions du système limbique.
D'autre part, le fait d'observer la douleur chez quelqu'un,
pourrait activer les régions corticales associées
àune composante affective de la douleur (non-sensorielles),
et activerait l'insula antérieure et le cortex cingulaire
antérieur, qui seraient tous deux impliqués dans
l'éprouvéd'une détresse dûà une douleur
physique (Morrison, Lloyd, di Pellegrino, et Roberts, 2004; Singer et al.,
2004).
2.3.3 Le cortex ventromédian préfrontal
Toutefois, des travaux plus récents remettent en cause
la théorie simpliste des neurones miroirs dans l'empathie. Ainsi,
même s'il existerait un degréde recouvrement entre les
régions cérébrales activées lors de la sensation
douloureuse éprouvée à la première personne et la
sensation douloureuse évoquée par autrui (Jackson, Rainville et
Decety, 2006), les expérience de Danziger et al.(2009) avec des patients
atteints d'une insensibilitécongénitale à la douleur
(ICD), montrent qu'elles ne suffisent pas à expliquer ce
phénomène complexe. Dans cette expérience, les chercheurs
ont tentéde comprendre par quels mécanismes
cérébraux ces patients privés de la
sensibilitédouloureuse, pouvaient imaginer la douleur d'autrui. Chez les
patients ICD, les aires visuelles occipito-temporales étaient
significativement moins activées comparativement au groupe
témoin. Or, le degréd'activation de ces régions augmente
avec la valence émotionnelle d'un stimulus visuel, par conséquent
cela suggère, que la vue de l'acte douloureux aurait moins d'impact
affectif immédiat chez ces patients. Pour appuyer cette observation, les
patients ICD rapportent que la vue de la douleur d'autrui revêt un
caractère abstrait'.
Pourtant chez ces mêmes patients, les chercheurs
relèvent une corrélation importante entre le
degréd'activation du cortex préfrontal ventromédian et les
scores d'empathie. Cette région est connue entre autre pour s'activer
lors
44 2 L'intuition : une fonction essentielle à l'Homme?
d'inférence de l'état émotionnel d'autrui
ainsi que dans les émotions sociales comme la compassion. Plus les
patients étaient dotés de capacités empathiques
(évaluées grâce à un questionnaire) et plus cette
région cérébrale s'activait; contrairement au groupe
non-amorcé.
Ainsi comme le mentionne Danziger (2009), les patients
atteints d'une insensibilitécongénitale à la douleur ont
dûcompenser leur incapacitéà ressentir automatiquement la
douleur d'autrui, en impliquant des processus d'inférence
émotionnelle complexe. Il se pourrait alors, que ce soit par ce
même mécanisme, que nous pourrions imaginer et partager avec
autrui des affects, des sensations liées à des expériences
que nous n'avons pas vécu. Les capacités d'inférence
n'auraient comme limite que notre propre imagination.
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L'intuition : Une suggestion non-consciente
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