I.1.6 LE TRAITEMENT DES RISQUES16
Le moyen le plus radical de traiter un risque est de ne pas
réaliser l'activité qui risquerait de le générer.
Lorsque les risques sont d'une telle amplitude, qu'ils sont «
apocalyptiques » pour reprendre la terminologie du philosophe Hans Jonas,
il est plus prudent de ne pas s'engager dans l'activité en question ou
de l'arrêter. (Jonas H., Le Principe de responsabilité (Une
Ethique pour la civilisation technologique, Paris ; Editions du cerf, 1990,
Première Edition, 1979).
Mais ce choix n'est qu'un type de traitement particulier par
rapport à un éventail des solutions possibles. C'est bien souvent
la moins bonne solution puisqu'elle prive l'entreprise des gains
économiques de l'activité créée. Par
conséquent, les solutions que nous allons envisager dans cette partie
sont celles qui garantissent la poursuite de l'activité. Elles se
déclinent de six manières suivantes :
- La mise en place de règles qui dissuadent l'action
des producteurs de risque ;
- La définition d'un dispositif de planification ;
- Le développement de dispositifs techniques,
stratégiques, assurantiels et communicationnels.
a) Les dispositifs formels et informels
Il est évident que tout risque n'est pas lié
à la seule action humaine. Néanmoins, comme nous l'avons
signalé juste au début de cette première section, les
risques sont souvent le produit de l'homme directement ou indirectement. Par
intérêt ou négligence, les individus véhiculent du
risque.
L'économiste Douglas NORTH considère que le
meilleur moyen d'atténuer les risques liés à
l'activité humaine consiste alors à mettre en oeuvre des
dispositifs formels (contrat, cadre légal, normes internationales) et
informels (effet de réputation, ostracisme) qui sont censés
dissuader les comportements déviants.
Ainsi, les dispositifs légaux sont d'autant plus
préventifs que les règles sont précises et que les
sanctions liées au non respect sont élevées.
Par ailleurs, le contrat, ou de manière plus globale,
les règles légales ont d'autant plus de chances d'être
respectées que les sanctions affligées au non respect de
celles-ci sont
16 O. HASSID, Op. Cit., p.p. 86-87
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conséquences. Il parait évident que si le risque
d'être pris pour corruption entraine une condamnation de 100 000 Euros
d'amende dans un pays et 10 ans de prison dans un autre, le nombre de cas de
corruption a des fortes chances d'être plus fort dans le premier pays.
Mais il n'y a pas que les dispositifs légaux qui
atténuent les risques. Des dispositifs informels peuvent aussi y
participer. L'effet de réputation et d'ostracisme (action d'exclure
quelqu'un d'un groupe, d'un parti, de le tenir à l'écart)
constituent de très puissants mécanismes de lutte contre les
risques.
Ces effets ont donc un impact fort sur les firmes, et il
s'agit pour celles-ci de se discipliner sous peine d'être
sanctionnées par les consommateurs. Ce résultat est d'autant plus
vrai dans les sociétés contemporaines. La transmission de
l'information par les supports que sont l'internet, la Radio, ou encore la
Télévision, accélère la rapidité de
sanctions.
b) Les dispositifs de planification
La première disposition à mettre en place par un
risk manager pour traiter les risques est la définition d'un plan de
gestion des risques et la budgétisation. Cette étape est
indispensable au management afin qu'il réfléchisse aux
opportunités ainsi qu'aux risques auxquels l'organisation est
confrontée.
Ce processus (de planification) aide à coordonner les
efforts des différentes parties prenantes, dans et en dehors de
l'organisation. Il aide à définir une politique cohérente
en matière de gestion des risques. Enfin, elle aide à
définir les buts et les objectifs et à préciser la
contribution de chaque membre d'une organisation.
Dans ce cadre, le travail du risk manager peut se résumer
alors en cinq points17 :
? Assister les dirigeants pour l'élaboration de la
politique générale en matière des risques ;
? Planifier, organiser, animer et contrôler les ressources
de gestion des risques ;
? Assister les responsables opérationnels pour la mise
en oeuvre locale de la politique de la gestion des risques ;
? Travailler avec les responsables opérationnels pour
la définition des responsabilités et actions de leurs
subordonnés en la matière et participer aux efforts de motivation
nécessaires ;
? Maintenir le programme à jour, en l'adaptant aux
évolutions de l'organisation
17 George L. Head et Stephen Horn, traduit et
adapté par Jean Paul Louisot, Les fondements de la gestion des
risques, Paris, Carm Institute, 2004, p.229
18 INERIS, Etude de scénarios dangereux
en Stations-service, Rapport final, Octobre 2002, p.p. 9-1011-12
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