4.2. Asie
En Inde, les études en milieu rural ont mis en
évidence des prévalences très faibles : inférieure
à 1% chez les 60 ans et plus (36 ; 37), entre 0,8et 1,1% chez les plus
de 65 ans (8 ; 32)(tableau 2). La prévalence dans ces populations
augmentait toujours avec l'âge. Le tabagismeet les
antécédents d'hypertension étaient significativement
associés aux démences vasculairesdans une communauté
rurale du Kerala alors que l'âge, le sexe et les
antécédents familiauxétaient associés à la
MA. Dans la province de Ballabgarh, l'âge et le sexe n'étaient pas
associésaux démences ni à la MA lors d'une analyse
multivariée. La survie médiane des déments avecun score
à l'échelle CDR (Clinical Dementia Rating) =0,5 était
estimée à 3,3 ans dans cettepopulation, tandis qu'elle
était de 2,7 ans chez les déments de type Alzheimer avec
unCDR=1,0.
En milieu urbain indien, les prévalences semblaient
plus élevées selon les premières études : entre 2
et 4% selon les estimations de Vas et al. (2001) et Shaji et al. (2005).
Dansces deux études, la prévalence des démences de tous
types augmentait avec l'âge et la duréemoyenne de la maladie se
situait entre 2,5 et 4 ans. Les antécédents familiaux et
lesantécédents d'hypertension étaient respectivement
associés à la MA et aux démencesvasculaires à
Cochin, alors que le sexe n'était pas associé à la
présence de démence à Bombay.
L'estimation récente publiée par le 10/66
rapportait une prévalence plus faible dans la ville de Chennai,
inférieure à 1% (32).Une étude menée au Sri Lanka
dans une population semi-urbaine rapportait une prévalence brute de 3,9%
chez les sujets de plus de 65 ans (38). La MA était la démencela
plus fréquente (71,4%), suivie des démences vasculaires (14,3%).
L'âge, l'illettrisme et lesexe féminin étaient
associés à une prévalence plus élevée des
démences dans cettepopulation.
Les études sur l'épidémiologie des
démences en Chine étaient plus nombreuses, mais concernaient plus
souvent les milieux urbains (tableau 2). En milieu rural, les
prévalencesobservées allaient de 2,4 à 3,4% (39 ; 40 ;
32). Cette prévalence était associée à l'âge,
au sexe et au niveau d'éducation (40). Les prévalences
observées en milieu urbain étaient plus disparates, allant de
1,8% chezles plus de 60 ans vivant à Pékin en 1998 (41) à
6,1% à Hong-Kong (42).
Une méta-analyse de 17 études de
prévalence chez les 60 ans et plus vivant en Chinepubliées entre
1990 et 1999 a été réalisée par Liu et al. (2003).
La prévalence de la MA étaitde 1,3% (IC 95% [0,7; 2,2]) et celle
des démences vasculaires de 0,7% (IC 95% [0,5; 1,1]).
La MA et les démences vasculaires étaient les
deux types de démences les plus fréquemment observés en
Chine. La prévalence de ces troubles augmentait avec l'âge et
était souvent plusélevée chez les femmes. Une association
significative entre le niveau d'éducation et laprévalence de la
MA était retrouvée lors de cette méta-analyse : plus le
niveau d'éducationétait élevé, moins la
prévalence était élevée.
Dong et al. ont publié en 2007 une revue de la
littérature sur la prévalence des démencesen Chine entre
1980 et 2004, incluant 25 études chez les plus de 60 ans. La
prévalence globaledes démences était estimée
à 2,8% (IC 95% [2,5; 3,1]). En comparaison avec les
démencesvasculaires, la prévalence de la MA en Chine a
significativement augmenté entre 1980 et 2004.
A Pékin, la prévalence et l'incidence des
démences ont été estimées (43) chez des sujets de
plus de 60 ans. La prévalence était de 2,5% et l'incidence de
0,9% (IC 95%[0,5; 1,2]) dans la population suivie. La prévalence et
l'incidence des démences à Pékin
étaientlégèrement supérieures à celles
observées 10 ans plus tôt. L'incidence des démences
aégalement été étudiée dans d'autres
régions chinoises. Malheureusement, beaucoup de cesétudes ont
été publiées en chinois uniquement.
A Singapour, la prévalence des démences
était légèrement plus élevée chez les
personnes âgées d'origine malaise par rapport aux personnes
âgées d'origine chinoise (44).
En Thaïlande (45), 1,8% de démences ont
été observées dans un échantillon de 500 sujets
âgés de plus de 60 ans vivant dans une banlieue urbaine de
Bangkok(Klong Toey).
D'une manière générale, Kalaria et al.
(34) a constaté une association positive entre lesdémences et
l'âge, le sexe féminin, les antécédents familiaux,
l'allèle å4 de l'APOE, l'illettrismeou le niveau
d'éducation, l'antériorité de troubles cognitifs, un
faible statut socio-économique / la pauvreté, l'exercice d'une
activité de femme au foyer, les troubles dépressifs,un
régime alimentaire faible en fibres et le tabagisme dans les pays d'Asie
(Chine, Inde, Coréedu sud, Taiwan). Seul le rôle de la vie en
milieu urbain restait confus.
Tableau II : Etudes sur la prévalence des
démences en population générale en Asie.
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