3.3.1.2. La culture du partage
Nous avons vu jusqu'à présent qu'il existait de
nombreuses façons de transmettre de la connaissance et une partie
d'entre elles ont été analysées dans l'enquête.
Chacune d'elle possède ses caractéristiques, ses avantages et ses
inconvénients. À ce titre, sur le terrain, chacun soutient une
méthode plutôt qu'une autre suivant ses expériences, son
niveau de connaissance, sa perception de la réalité ou encore la
réussite de telle ou telle méthode. Tous peuvent tout de
même s'accorder sur un point : le partage est la condition sine qua
non du processus. Ainsi, développer le transfert de connaissances
se résumerait à développer la culture du partage.
C'est-à-dire insuffler au sein de l'organisation une atmosphère
qui fluidifie les échanges et incite les acteurs à transmettre ce
qu'ils ont eux-mêmes appris. Développer cette culture serait comme
réduire les points de frottement d'un engrenage. La force
nécessaire pour le faire tourner est alors fortement réduite. La
confiance agit de même avec la circulation du savoir. En effet, c'est la
confiance qui motive les personnes à partager (Roulleaux-Dugage, 2007).
En fait, le transfert de connaissances est proportionnel à la confiance
entre les individus. Si une entreprise souhaite transférer de la
connaissance en interne à moindre coût, elle doit favoriser
l'apparition de la confiance entre ses collaborateurs. Martin Roulleaux-Dugage
montre alors dans son livre (2007) intitulé « Organisation 2.0 : Le
knowledge management nouvelle génération », que la confiance
se construit dans la
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collaboration. Or la collaboration, qui n'est pas naturelle,
commence lorsque les personnes développent une attention et une
écoute permettant de développer un intérêt pour
l'autre. Après le dialogue vient alors la revue par les pairs lorsque
chacun est prêt à accepter la critique de l'autre. À ce
titre, Areva développe petit à petit la revue par les pairs
(« peer reviews »). Au sommet de la pyramide de la confiance se situe
la collaboration synergique. Les acteurs s'ajustent constamment entre
eux, formant un groupe autonome. Ils n'ont plus besoin du système
hiérarchique pour tourner leurs regards sur l'atteinte d'un objectif
commun, ils s'auto-organisent de façon totalement autonome pour cela.
Ainsi, développer la confiance dans une organisation par la
collaboration revient ainsi à permettre aux acteurs d'atteindre
d'eux-mêmes les objectifs de cette dernière. Les gains peuvent
être considérables (économie du système
hiérarchique, rapidité, efficacité, augmentation de la
fiabilité du travail, etc...). Areva a donc de nombreux avantages
à développer la culture du partage. Comme nous l'avons vu dans ce
mémoire, les réseaux sont à l'origine des
communautés. Cependant, ils ne se transforment pas toujours en
communauté. Pour Areva, développer un processus de transfert de
connaissances global reviendrait ainsi à favoriser l'apparition des
communautés. Pour qu'une communauté apparaisse, il est
nécessaire qu'elle soit visible au sein de son organisation
accueillante. Elle doit donc être soutenue en fonction de son niveau de
développement (les quatre périodes de vie de Jean-Yves Prax).
Lorsque la communauté est encore sous la forme d'un réseau,
l'organisation accueillante doit pouvoir favoriser sa mutation en structurant
les espaces communautaires. Martin Roulleaux-Dugage en identifie sept : le
hall d'accueil qui est l'espace d'information, puis l'espace
privé, là où les membres peuvent converser. Il y a
aussi le café, là où le dialogue se noue, puis
les tables rondes où les échanges sont plus formels, il
peut d'ailleurs y avoir les revues par les pairs. Il y a ensuite l'espace
projet où la collaboration est menée, les livrables y sont
produits. Enfin viens l'amphithéâtre, lieu de
communication à toute la communauté et avec l'extérieur,
et la bibliothèque, là où se situe la
mémoire de la communauté. Lorsque le réseau se transforme
et commence à être connu et reconnu, il devient une
communauté. L'organisation peut alors agir directement pour la soutenir
en communiquant dans un premier temps puis en l'aidant à s'animer et se
structurer. Nous allons donc voir les points sur lesquels il serait
intéressant qu'Areva agisse.
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