2-ECOLOGIQUE
Impacter le moins possible la ressource, sur les plans
quantitatifs et qualitatifs
Minimiser l'ensemble des prélèvements d'eau, mais
surtout ceux qui ont lieu dans les eaux souterraines profondes, donc
prélever l'eau autant que possible dans la ressource renouvelable, dans
les cours d'eau de préférence ou sinon dans les nappes de
surface, et la recycler au maximum. Ne pas oublier que les eaux
météoriques (qui tombent du ciel sous la forme de pluie,
grêle ou neige) s'intègrent tout naturellement dans la ressource
en eau renouvelable de moindre qualité dont l'exploitation est à
privilégier devant celle des nappes profondes. Minimiser la pollution
des eaux de surface et des eaux souterraines, charge organique, microbes et
substances toxiques d'origine médicamenteuse ou autre. C'est une
nécessité écologique mais aussi sanitaire.
Nos modèles d'alimentation en eau potable et
d'assainissement ont été inventés au siècle dernier
sans contraintes écologiques. Ils sont énergivores, ont des
impacts inacceptables sur la ressource en eau et entraînent les pays qui
les utilisent dans une fuite en avant technologique et financière. Ce
diagnostic est largement partagé : "le modèle occidental de
gestion de l'eau n'est pas adapté au niveau de développement et
il n'est pas la panacée(2)" ou encore "Le problème qui
se présente en France est le manque de mesures par rapport à la
pollution souterraine. On n'en parle pas suffisamment. Les eaux souterraines
sont les ressources en eaux des prochains millénaires et on ne les
connaît pas. En France comme ailleurs, on exploite donc encore
très mal ces ressources. Dans 50 ans, si on continue comme ça, on
peut craindre une pénurie nationale. La France devra alors s'asseoir
avec les pays riverains pour trouver des solutions. La crise de l'eau est quant
à elle commencée dans le reste du monde. Il faut aussi comprendre
que le changement climatique entraîne l'appauvrissement de l'eau. Il
existe des gestes simples (pour éviter cette pénurie d'eau en
France). Le problème est qu'ils ne sont pas tous défendables
politiquement car ils risquent de toucher des intérêts
énormes. La production agroalimentaire serait à changer, il
faudrait repenser toute la politique agricole, repenser le développement
économique du pays. Mais vous imaginez la complexité que cela
représente pour les hommes politiques et leurs intérêts !
Surtout en France, où il est difficile de bousculer les choses.
Là est tout le problème"(3).
Dilution des rejets, pollution organique et contamination
microbiologique des cours d'eau
Malgré tous les progrès techniques
réalisés, nos systèmes
d'assainissements(4) n'éliminent qu'une partie de la pollution
organique et des microorganismes pathogènes(5) des effluents
domestiques. Ils n'en n'éliminent pas non plus les microcontaminants
toxiques comme par exemple les substances médicamenteuses ou les
nanoparticules dont on commence seulement à découvrir les effets
délétères sur les organismes aquatiques(6). Ils ont donc
un impact très significatif. En France par exemple, l'essentiel de la
pollution organique, la moitié de la pollution phosphorée et une
grande partie des contaminations microbiologiques des cours d'eau proviennent
des systèmes d'assainissement. La présence de pathogènes
fécaux, même après traitement, empêche le recyclage
des eaux usées et constitue un problème sanitaire grave dans les
pays chauds. Bien que l'essentiel de la matière organique, la
moitié du phosphore et l'essentiel des pathogènes contenus dans
les effluents domestiques proviennent uniquement de nos lisiers(7), ces
derniers ne représentent qu'un centième environ du volume total
des effluents domestiques. Le reste de la pollution des effluents domestiques
provient des eaux de lavages dites "eaux grises", et contient essentiellement
du phosphore et des tensio-actifs apportés par les agents lavant. Diluer
d'un facteur 100 les substances polluantes avant de les traiter constitue une
véritable aberration à cause du mauvais rendement
épuratoire et de la consommation énergétique accrue. Cette
dilution a lieu à l'intérieur des habitations suite au
mélange avec les eaux des chasses d'eau et avec les eaux grises mais
aussi à l'intérieur des réseaux d'assainissement suite aux
entrées inévitables d'eaux de ruissellement des routes et
à la collecte de rejets industriels et sauvages. A cette gabegie
énergétique et écologique que constitue le fait de diluer
la pollution avant de la traiter, s'ajoute l'aberration de l'introduction des
papiers hygiéniques dans les effluents : chaque année en France
par exemple, environ 800000 tonnes de papiers sont transportés, via les
réseaux d'assainissement, jusqu'aux stations d'épuration. Autant
d'énergie et d'arbres gâchés, alors que le bon sens
voudrait qu'on les recycle directement. De plus, ces papiers séjournent
dans les eaux usées et y larguent des substances toxiques, qui
s'ajoutent à tous les produits chimiques que l'on déverse dans
les cuvettes des toilettes pour en éliminer la saleté et les
odeurs, et qui se retrouveront in fine dans les cours d'eau.
Réutilisation problématique en agriculture
des boues des stations d'épuration
Nos lisiers sont une source équilibrée d'azote, de
phosphore, de potassium et de matière organique précieuse pour
les sols agricoles ou forestiers. Mais les boues organiques produites à
partir des effluents domestiques contiennent des substances toxiques
(métaux lourds, hydrocarbures, etc.) suite à leur dilution dans
le réseau d'assainissement. On ne peut donc pas les réutiliser
sans danger pour les sols et la ressource en eau
|