II-FACTEURS DE VULNERABILITES
Caractéristique sociale, économique, physique
(matérielle) ou naturelle d'une collectivité ou d'un
élément exposé, susceptible de les rendre plus sensibles
à la manifestation d'un ou de plusieurs aléas.
1-CHANGEMENTS CLIMATIQUES
L'eau- est-elle devenue une grosse victime des changements
climatiques en Afrique ? Selon le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du
Climat (GIEC), 20 % des problèmes globaux de l'eau résultent du
réchauffement climatique. La crise de l'eau et les changements
climatiques sont devenues des réalités similitudes et cruciales
pour l'humanité. « La crise de l'eau douce est aussi important et
représente la même menace que les changements climatiques »
comme le souligne PNUD(2007) dans le RMDH 2007.
De ce fait, plusieurs millions de personnes au sud et en
particulier en Afrique luttent au quotidien pour survivre aux caprices du
climat. Il est à noter que les maux qui minent l'Afrique, les maladies,
l'insécurité alimentaire, les sous infrastructures de base, l'eau
apparaît comme une victime des changements climatiques. Les conditions
climatiques extrêmes prennent des dimensions dramatiques dans les pays
subsahariennes et voire toute l'Afrique. De longues périodes de
sécheresses dictent leur loi dérogeant ainsi les cycles de
saisons ; des pluies diluviennes accompagnées d'inondations sont des
maîtresses détruisant ainsi les bases existentielles des
populations vulnérables dans les contrées du continent africain
le plus frappé par les variabilités climatiques. Le cycle normal
de l'eau est rompu et compromet la distribution et l'utilisation des ressources
en eau. L'insécurité de l'eau est la conséquence de sa
rareté physique, elle-même le résultat de facteurs
climatiques ou géographiques.
Les agents climatiques qui jouent un rôle dans la
disponibilité de la ressource en eau sont essentiellement les
précipitations, la température
et la demande évaporative. Les récents travaux
du GIEC, constitue un enjeu capital pour les régions sèches
affectées par la désertification et soumises à la
variabilité et aux extrêmes climatique. Le GIEC prévoit par
ailleurs, le tarissement des fleuves dans de nombreuses zones du continent
africain. En effet déjà, plusieurs zones
sahélo-sahélienne sont confrontées à des
ensablements des cours d'eaux et des fleuves ; c'est le cas du fleuve Niger.
Le volume d'eau du fleuve Niger a fortement diminué au
cours de ces dernières années. La Banque Mondiale dans un
rapport redoute que les changements climatiques coupent l'accès
à l'eau à des milliards de personnes dans les prochaines
décennies du siècle. Cette situation risque de s'accentuer au
cours de cette dernière décennie à avenir avec la hausse
de température liée au réchauffement climatique accru.
Même si le changement climatique n'est pas la cause
principale de la crise de l'eau, il pourrait générer des impacts
très négatifs sur les ressources en eau et leur gestion en
exerçant une pression de plus en plus forte sur les eaux de surface et
souterraines. Le changement climatique devrait influer sur la quantité
et la qualité de l'eau. Les périodes de sécheresse,
d'inondation, d'ouragan et de mousson sont de plus en plus
sévères et affectent plus particulièrement les populations
des pays en développement. La hausse des températures
entraîne une augmentation de l'évaporation et de la fonte des
glaciers et réduit ainsi la fiabilité et la qualité de
l'approvisionnement en eau. Dans les zones côtières, les impacts
du changement climatique seront aggravés par la hausse de la mer et la
baisse du niveau des eaux souterraines, qui pourraient causer une intrusion
d'eau salée dans les aquifères côtiers. Les inondations et
les crues dépendent de l'intensité, du volume, de la
répartition dans le temps des précipitations et de l'état
antérieur des cours d'eau. L'augmentation observée de
l'intensité des précipitations indique que le changement
climatique a d'ores et déjà une incidence sur l'intensité
et la fréquence des crues
Il est largement prouvé par des relevés
d'observations et des projections climatiques que les sources d'eau douce sont
vulnérables et auront à souffrir gravement du changement
climatique, avec de grandes répercussions sur les sociétés
humaines et sur les écosystèmes. La disponibilité de la
ressource en eau est également affectée par des facteurs non
climatiques comme le changement d'affectation des terres, la construction et la
gestion de réservoirs, l'émission de polluants, le traitement des
eaux usées, mais aussi par l'usage fait de la ressource, ce tout
causé par l'expansion démographique.
CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE
La croissance de la population mondiale augmente les besoins en
eau de 64 milliards de mètres cubes chaque année, soit plus de 2
millions de litres chaque seconde. D'ici 2080, il faudra pomper deux fois plus
'eau pour satisfaire les besoins de l'humanité. La fourchette
estimée de la consommation d'eau en 2080 varie de 7 000 à 10 0000
km3Le monde est confronté à une urbanisation et un taux de
croissance démographique sans précédent, principalement
dans les pays en développement. En 2008, l'humanité a franchi une
étape, avec plus de la moitié de la population mondiale vivant
dans des zones urbaines. En2030, la population urbaine en Afrique et en
Asie devrait doubler par rapport à 2000 et les villes des pays en
développement constitueront près de 80% de la population
mondiale. Les villes des pays en développement
sont en expansion avec des taux de croissance comparables à ceux des
villes européennes au 19ème siècle et éprouvent les
mêmes difficultés, notamment le manque d'accès aux services
de base tels que l'eau et de l'assainissement.
Cette explosion démographique exerce une pression
sur l'accès à l'eau et à l'assainissement et
augmente la dégradation des ressources. Au
cours des dernières décennies, la demande en eau a
augmenté deux fois plus vite que la population, ce qui
conduit à des pénuries d'eau
généralisées et à des crises de l'eau.
On constate, par ailleurs, de fortes disparités dans
l'accès à l'eau et à l'assainissement entre les zones
urbaines et les zones rurales et entre les pauvres et les riches
ménages urbains. En général, l'accès à
l'eau et à l'assainissement est relativement meilleur dans les
zones urbaines que dans les zones rurales même si l'accès à
l'eau et à l'assainissement progresse moins vite dans les villes du fait
de la croissance urbaine.
De l'eau pour tous : les effets de la croissance
démographique Les effets de la pression de la croissance
démographique sur les ressources en eau douce sont aggravés par
la concentration des populations dans les zones urbaines,
particulièrement dans les régions du monde où le niveau de
développement est faible. Dans les pays du «Tiers Monde», on
assiste de plus en plus à une montée des revendications pour une
plus grande et plus juste répartition de l'eau (l'eau comme bien
inaliénable), mais celles-ci se heurtent parfois aux compagnies
privées (généralement situées dans les pays
développés de l'hémisphère nord) qui
possèdent les capitaux et les savoir-faire en matière
d'opérations hydrauliques. La croissance démographique a
également une incidence directe sur l'augmentation des besoins
alimentaires :
· l'UNICEF estime à 3 000 litres par jour la
quantité d'eau nécessaire à la fabrication des produits
d'alimentation, contre 30 litres pour se laver,
· la FAO estime que les surfaces irriguées
augmenteront d'environ 14 % d'ici à 2035. L'agriculture devra
répondre à la nécessité de produire davantage tout
en réduisant sa consommation en eau.
LES POLITIQUES DE GESTION
Beaucoup de pays ne disposent pas de politiques nationales en
matière d'eau, ce qui constitue un handicap majeur car c'est la
politique qui sert de fondement à la législation, à la
planification stratégique et à la gestion opérationnelle.
Même lorsqu'il existe des politiques, elles sont souvent
inappropriées, et la législation en matière d'eau est mal
élaborée dans plusieurs cas. C'est notamment le cas au niveau des
problèmes liés à la qualité de l'eau, qui ne font
pratiquement l'objet d'aucune législation
Le niveau de la gestion présente un problème
particulier. Pour des raisons opérationnelles, il est indispensable de
décentraliser la gestion de l'eau jusqu'au niveau des limites
hydrologiques, c'est-à-dire du bassin versant des affluents ; cependant,
ces limites ne correspondent pas toujours aux frontières
administratives. La détermination des limites les plus adéquates
constitue un défi majeur pour lequel il ne saurait y avoir une
réponse simple. Afin de garantir l'efficacité et la
durabilité de la gestion de l'eau, il faudrait la décentraliser
jusqu'au niveau approprié le plus bas et dans l'espace
géographique le moins étendu. L'absence de discipline et de
transparence au sein de nombreux organismes de l'Etat et de services
d'utilité publique est à l'origine d'un cercle vicieux de
problèmes dont l'exploitation inefficace des systèmes, la
mauvaise maintenance, la facturation laissant à désirer et des
taux de recouvrement encore moins satisfaisants, des déperditions d'eau
importantes et des pertes financières. Des prestations non fiables se
traduisent dans l'ensemble par une moindre disposition à payer. De
nombreux pays membres régionaux confrontés à ce
problème reconnaissent qu'il faudrait de toute urgence restructurer et
décentraliser le secteur de l'approvisionnement en eau.
Il existe au moins cinquante-quatre (54) masses d'eau qui
traversent ou constituent des frontières internationales en Afrique.
Très peu d'entre elles sont conjointement gérées. La
dépendance des pays situés en aval vis - à - vis de ceux
qui se trouvent en amont pour ce qui est de l'accès à l'eau ou
à sa mise en valeur constitue une menace potentielle pour la
stabilité et la paix régionales. Une approche
intégrée de la gestion des ressources en eau requiert la
coopération régionale en vue de la gestion conjointe des cours
d'eau internationaux.
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