Le théà¢tre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haà¯ti.( Télécharger le fichier original )par Jean Marc Voltaire Université dà¢â‚¬â„¢Artois - Master 2 2016 |
INTRODUCTIONLa religion et le théâtre n'ont pas entretenu de bons rapports pendant un certain temps, dès le début du moyen âge1. L'Eglise a été la première à accuser le théâtre de sacrilège, d'immoralité et de mensonge. Paradoxalement, vers le XIe siècle avec l'Église, le théâtre renaît à travers le drame liturgique, joué par des prêtres et d'autres membres du clergé à l'intérieur de l'église, avec comme sujet : la nativité, les rois mages... Aux XIVe, XVe et XVIe siècle, il y avait le Miracle, qui se jouait à l'extérieur de l'église, sur le parvis, et racontait le plus souvent la vie d'un saint, et le Mystère, qui se jouait sur le parvis, mais aussi sur la place publique, devant la ville entière. Quelles sont les origines des notions de religion et de théâtre ?... Le mot « religion » vient du latin "relegere" (relire, revoir avec soin, rassembler) dans le sens de "considérer soigneusement les choses qui concernent le culte des dieux" et "religare" (relier) pour désigner "le lien de piété qui unit à Dieu". D'après l'encyclopédie Larousse, « la religion est l'ensemble des croyances, des rituels, des dogmes régissant le rapport de l'homme et de la divinité (ou des divinités). Croyance humaine à ces rituels et dogmes, attitudes qui découlent de cette croyance. Au sens figuré, attitude de respect et de vénération. Vie monastique, consacrée à la religion... »2. Et selon Dario Sabbatucci, dans son article intitulé "Histoire des religions"3, la définition même du concept de religion serait considérée comme étant le premier problème que pose l'étude des religions, parce que le concept de religion est proprement occidental. Il n'a pas d'équivalent dans les autres cultures et ne peut directement désigner des faits culturels leur appartenant. Il ne s'agit pas de donner une définition philosophique, mais scientifique; puisque la matière à étudier est « culturelle » et non « naturelle », la discipline scientifique qui se donne un tel objet ne peut être qu'historique ; c'est l'histoire des religions. Ce qu'on appelle « culture 1 Marie SALGUES, THEATRE VS RELIGION : UNE QUERELLE ANCIENNE ARBITREE PAR LA MONARCHIE ISABELLINE, p187 2 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/religion/87050 . Consultés le 16 septembre 2015 3Dario SABBATUCCI, « RELIGION : L'histoire des religions », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 7 janvier 2015. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/religion-l-histoire-des-religions/ 6 Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti » par opposition à « nature » est précisément constitué par l'ensemble des productions humaines, parmi lesquelles il faut compter les religions, entendues selon l'acception scientifique du terme et non du point de vue de la foi. Cette étude nous présente la religion comme un ensemble de faits culturel. « La religion est un fait universel. Chez tous les peuples il y a des cérémonies, des rites, un culte, des choses, des êtres, des lieux sacrés. Si bien que le naturaliste Quatrefages définissait l'homme 'un animal religieux'. Il semble qu'on s'entend à dire : Partout où il y a des hommes il y a aussi un Dieu ou des dieux. À mesure que le monde est mieux connu, on se rend compte de l'importance du fait. Puisqu'il est universel, on ne peut plus l'expliquer par des causes accidentelles, par la fantaisie de quelques imaginations, par l'imposture de quelques volontés. Un fait qui se retrouve partout doit avoir une cause qui s'étende à tout.» 4. (George Fonsegrive) George Fonsegrive cherche à faire une différence entre les connotations du mot « religion » par des croyants et incroyants. Il s'appuie sur la doctrine de M. Durkheim et relate d'abord une remarque qui s'impose. C'est que les faits religieux ne ressemblent pas aux autres faits. Pour les étudier et les transmettre, il nous faut adopter une méthode fiable et capable d'assumer cette lourde tâche. Le croyant monothéiste voit la religion comme quelque chose qui est révélée et il ne peut y en avoir qu'une ; toutes celles qui n'ont pas été révélées ont été le produit d'une élaboration humaine et par conséquent sont fausses. Cependant, pour l'incroyant, la religion est un produit de la nature, elle doit pouvoir s'expliquer par des causes d'ordre naturel, ses origines ressortissent donc à la science et toutes les religions, même les plus nobles et les plus pures, ne peuvent être que des illusions5. On distingue des orientations fondamentalement diverses et c'est une histoire qui nous renvoie à trois expressions : histoire de l'Église, histoire des religions, histoire religieuse. Il existe une très grande variété dans les doctrines et les pratiques rituelles, parmi 4 George Fonsegrive, « L'origine de la religion », Correspondant, 10 avril 1915, ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS [En ligne], consulté le 16 septembre 2015. URL : http://assr.revues.org/24448 5Dario SABBATUCCI, « RELIGION » « L'histoire des religions », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 7 janvier 2015. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/religion-l-histoire-des-religions/ 7 Jean Marc Voltaire lesquelles on distingue généralement les religions dites primitives ou animistes, les religions orientales (hindouisme, bouddhisme, shintoïsme, confucianisme, taoïsme...) et les religions monothéistes issues de la Thora / la Bible comme : le judaïsme, le christianisme, et l'islam. L'étymologie du mot théâtre est fondée sur le « regard » (theatron, du verbe grec theomai, "voir"). Pour ce qui le concerne, a une histoire étroitement liée à celle de l'humanité, de la société, des moeurs, de la politique, des cultes et croyances... En Occident, cette activité collective qu'est le théâtre, est issue des cultes et des croyances religieux en Grèce antique et a été depuis lors pour la religion un moyen de communication soit avec les dieux, soit pour une meilleure propagande de la mythologie. Non seulement le théâtre contait toujours des mythes, des fables et se déroulait toujours, à Athènes, pendant les Dionysies et les Lénéennes, mais en plus, le théâtre était organisé de manière à instaurer une voie de communication entre les hommes et avec les dieux... Car, dans le monde grec, le théâtre conserve des scènes rituelles (scènes de deuil, de sacrifice, de supplication) et des chants en l'honneur des dieux. Au centre de l'orchestra se trouve un autel (le thymélée) dédié à Dionysos. La statue du dieu est transportée au milieu de l'orchestra, là où évolue le choeur, et elle y reste pendant toute la représentation. Le théâtre a été un moyen de communication pour gérer la cité. Cette expression « lieu d'où l'on voit » renferme un double sens : - Voir : le peuple vient voir gratuitement des spectacles ; - Avoir des visions : le spectateur doit être inspiré par le culte. Il reçoit également un enseignement civique, celui des autorités d'Athènes qui se servent de ce moyen de communication pour gérer la cité. Nous nous rappelons aussi que les Grecs ont inventé la philosophie et la démocratie6. Avec l'agitation des passions religieuses au cours du XVIe siècle, le genre dramatique a été appelé à participer à la guerre des pamphlets qui oppose protestants et catholiques français. La forme théâtrale a permis une diffusion large, immédiate et plus accessible 6 André DEGAINE « HISTOIRE DU THEATRE DESTINEE », points de collecte Amazone, mai 2000, http://anne.fillon.free.fr/Francaispourtous/FichesGenerales/HistoireduTheatre.pdf. Consulté le 17 septembre 2015 8 Le théâtre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti des débats théologiques et a facilité l'expression de la dissidence religieuse. Ce théâtre de propagande connaît une grande variété formelle et idéologique, ses armes et ses cibles pouvant être rapprochées de celles des autres discours satiriques. Au cours des siècles la pratique théâtrale ait conquis une place reconnue dans la pédagogie.7 Nous avons tous à l'esprit le théâtre d'éducation des jésuites au 17e siècle, l'introduction du théâtre à des fins éducatives dans les colonies françaises dès la fin du 19e siècle, et, plus récemment (depuis le début du 20e) l'utilisation, au même moment, du jeu dramatique par des mouvements défendant des philosophies radicalement opposées: les scouts de la jeunesse catholique en France avec Léon Chancerel, les jeunesses communistes d'Union Soviétique, et d'une autre manière, les mouvements d'Éducation Nouvelle dans toute l'Europe. Ainsi en Haïti, le théâtre peut être utilisé pour éduquer les communautés de manière adaptée à leur fonctionnement, selon leur besoin.8 Certainement, le théâtre possède des spécificités du point de vue des stratégies persuasives mises en oeuvre. En effet, la représentation théâtrale permet d'incarner des valeurs en temps de crise et de célébrer une communauté d'élus.9 Mais, il nous faut surtout dans ce travail, mieux : ? Démontrer les rapports qui existent entre le théâtre et la religion ; ? Montrer combien le théâtre peut être une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haïti... 7 Elle apparaît dans les nouveaux programmes français "Qu'apprend-on à l'école élémentaire?" CNDP, 2002 dans la partie LITTERATURE (dire, lire, écrire) : "mettre sa voix et son corps en jeu dans un travail collectif portant sur un texte théâtral ou sur un texte poétique" page 173 8Dans un monde sans dieu, le théâtre est-il une religion ?, CHRISTIANE PAGE, Article publié en ligne : 2006/05 http://www.sens-public.org/spip.php?article273 9Natacha Salliot, « Théâtre et dissidence religieuse au XVIe siècle : la représentation des élus », LES DOSSIERS DU GRIHL [En ligne], 2013-01 | 2013, mis en ligne le 07 mars 2013, consulté le 19 décembre 2014. I II 9 Jean Marc Voltaire OBJET DE LA RECHERCHECette recherche se base sur trois (3) axes :
|
|