IX.3.4-Information et participation au
développement
Dans le but d'assurer une citoyenneté locale active et
constructive, il apparaît nécessaire, de favoriser l'appropriation
du concept de décentralisation par les populations, à travers la
compréhension et la prise de conscience de ses enjeux et de ses
perspectives. Les stratégies de mise en oeuvre doivent également
être communiquées aux citoyens pour leur adhésion et leur
participation individuelle et collective.
108François Paul YATTA (2000), Op.cit,
page 09.
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A ce niveau, de véritables centres de communication
doivent être mis en place au sein des structures
décentralisées.
La société civile doit être
représentée dans ces centres de communication avec des
rôles bien identifiés.
Ainsi, la communication de proximité répondrait
bien aux besoins des diverses phases et étapes du cycle de l'approche
participative en ce sens qu'elle est utilisée à l'échelle
des villages ou au niveau du terroir.
Elle a pour objet d'accompagner et de renforcer chacune des
étapes et des phases de la démarche, à travers un certain
nombre d'outils d'information, d'analyse, de dialogue, de formation, de gestion
ou de suivi.
Ces outils et méthodes sont généralement
utilisés par des agents ayant une fonction d'appui, d'animation ou
d'encadrement des communautés villageoises, à savoir les agents
vulgarisateurs, les enseignants, les animateurs d'Organisations Non
Gouvernementaux (ONG) ou de projets, responsables de groupements ou
d'associations.
Les supports qui sont souvent utilisés sont, entre
autres, des supports audios ou visuels, des boîtes à images,
vidéo, cartes de villages.
Chacun de ces outils a une fonction précise dans la
mise en oeuvre des différentes étapes de l'approche
participative. Le choix de ces outils dépend du but recherché, de
l'environnement économique, technique et socio-culturel dans lequel ils
sont employés, ainsi que des aptitudes et des qualités
d'animation des encadreurs et des animateurs qui les utilisent.
L'exploitation de ces outils sera d'autant plus efficace
qu'ils auront été produits localement, en interaction avec les
communautés villageoises, les associations et ONG et que les
techniciens, vulgarisateurs et animateurs auront été
formés à leur utilisation sur le terrain.
Le plus souvent, les communautés villageoises,
disposent des systèmes d'outils et de réseaux traditionnels de
communication.
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Ceux-ci sont issus de la tradition villageoise, conçus
et gérés directement par les communautés pour
répondre à leur besoin d'information, d'éducation, de
divertissement, de débat, de développement et de gestion des
conflits locaux. Les règles de la communication traditionnelle ou
communautaire varient selon le contexte historique et culturel dans lequel se
situent ces communautés.
Les manifestations les plus courantes de cette forme de
communication sont : les assemblées villageoises, le
théâtre, les chansons, les proverbes, les devinettes, les
récits, les contes, les visites inter-villageoises, les crieurs publics.
Généralement, ce type de communication est très vivant en
milieu rural et joue un rôle important dans les dynamiques
villageoises.
Dans une démarche participative, les communautés
villageoises doivent pouvoir mobiliser leurs propres outils de communication,
tout en conservant leur contrôle sur la conception et la diffusion des
messages véhiculés.
Aussi, pour le développement rural, est-il important de
tenir compte de la capacité des institutions locales, pas comme un
alternatif, mais plutôt comme un complément des institutions
nationales.
Les décisions locales pouvaient être meilleures
si les pouvoirs locaux adoptaient une vue d'ensemble, tout comme les
décisions au niveau central pouvaient être meilleures si les
autorités centrales prenaient en considération les
réalités locales (Norman UPHOFF, 1997 : 11).
Afin d'assurer une participation véritable des groupes
marginalisés, les décideurs doivent prendre en
considération les niveaux divers de cohésion sociale, de capital
social, de capital institutionnel, et de la capacité d'exécution,
et s'organiser à répondre promptement, avec des moyens
suffisants, aux besoins et aux occasions locales.
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Dans ce contexte, les libertés publiques locales
doivent être une priorité de chaque État central qui doit
veiller à ce que les collectivités locales acquièrent leur
autonomie à travers la délégation à elles faites de
leurs droits fondamentaux.
Il est évident que la décentralisation n'est pas
la seule solution qui résoudrait tous les problèmes de
développement qui se posent en Côte d'Ivoire, mais elle en
constitue une.
Pour le développement local, la décentralisation
est supposée apporter aux populations les outils de décision et
de gestion nécessaire pour leur implication dans la résolution
des questions de développement.
Il est aujourd'hui établi dans la sphère du
développement que la gestion durable des projets doit se concevoir avec
la participation populaire.
Cette idée est prônée par les institutions
internationales telles que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International.
Or, il n'y a pas de participation populaire sans dialogue,
sans partage des informations et des expériences, sans échanges
des savoirs et des techniques. Il est donc question d'établir, renforcer
et promouvoir des structures et procédures institutionnelles pour
assurer la participation de la société civile à la
conception, à l'exécution et à l'évaluation des
processus décisionnels et des programmes. Il faut de même garantir
le droit de tous les intéressés à transmettre aux
autorités compétentes leurs commentaires sur les activités
proposées, avant la prise d'une décision officielle et
prévoir la possibilité pour les organisations, les
communautés et les particuliers, d'exprimer leurs idées et
d'échanger des informations et des connaissances traditionnelles en
matière de gestion de l'environnement et de développement.
Cela faciliterait leur participation effective à la
formulation, l'adoption et la mise en application des décisions qui
affectent leur vie.
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