IX.2- PARTENARIAT ET DEVELOPPEMENT LOCAL
« Il ne faut pas occulter le fait que le manque ou
l'insuffisance des moyens financiers freine la réalisation des actions
de développement à l'endroit de la population. A ce niveau, la
voie du partenariat est à emprunter pour atteindre les objectifs de
développement ». (Entretien individuel, directeur de cabinet
du Président du Conseil Général de Dimbokro).
Le développement local prône certes l'utilisation
des ressources localement disponibles mais cela ne suppose pas une option
d'autarcie.
Il est question de collaborer avec tous les acteurs de la
localité et partant avec d'autres partenaires pour le
développement.
« Il faut dire que le Conseil Général
de Dimbokro fait son effort afin d'aider la population pour
l'amélioration de ses conditions de vie.
Les besoins en développement des populations sont
nombreux et cela
99 Nations Unies (1976), Rapport de la conférence
mondiale de la femme, Mexico, 19 Juin au 02 Juillet 1975, Doc. E/CONF.,
66/34.
256
nécessite assez de moyens financiers. La seule
subvention de l'Etat, qui d'ailleurs nous parvient parfois tard, ne peut cerner
les investissements en développement. Nous en sommes conscients, c'est
pour cela que le Président multiplie ses contacts à la recherche
de partenariat » (Entretien individuel, directeur de cabinet du
Conseil Général de Dimbokro).
IX.2.1-Au plan local et/ou national
Le développement local s'inscrit dans un vaste champ qu'il
est
nécessaire d'opter pour des partenariats au niveau
local ou national avec des structures ou organismes ayant des
expériences dans le domaine du développement local.
Ceci est d'ailleurs relevé par la population
enquêtée qui souhaite qu'il puisse exister entre elle et les
structures décentralisées un partenariat (73,16%) et une franche
collaboration (26,84%).
« Les structures de développement qui exercent
à Dimbokro poursuivent certes des objectifs bien définis. Mais,
pour atteindre les objectifs du développement local et surtout avec
l'insuffisance des moyens financiers pour la réalisation de grands
projets de développement, il faut mettre l'accent de plus en plus sur le
partenariat, la franche collaboration avec les structures locales.
Il n'est plus question de s'asseoir et dire que les moyens
sont insuffisants. On demande aux élus locaux d'entreprendre des actions
au-delà de leur territoire, et d'être imaginatifs.
Il poursuit en affirmant « qu'il faut faire des
ouvertures vers les pays asiatiques: Inde, Iran, Chine, qui sont prêts
à aider les pays du tiers monde, et en particulier les pays africains
» (Entretien individuel, Directeur des services financiers et
comptables du Conseil Général de Dimbokro).
257
La prise en compte des besoins et attentes des populations
est, tout comme leur implication, une modalité indispensable de
l'application du principe de la participation pour la mise en oeuvre des
initiatives de développement.
Après la prise de conscience de la
nécessité de l'approche participative dans la mise en oeuvre des
projets de développement, prise de conscience consécutive
à l'échec des précédentes politiques de
développement, l'implication des bénéficiaires des actions
de développement est apparue comme le gage de la prise en compte de
leurs besoins et attentes dans la réalisation des projets de
développement .
C'est pour cela qu'il est nécessaire de donner
l'opportunité aux populations de définir leur priorité en
matière de développement, sans toutefois négliger la
révision de ces besoins.
Sans nul doute, c'est souvent au niveau local que l'approche
du développement durable centrée sur les besoins humains se
précise, car c'est à ce niveau là que des décisions
sont prises au jour le jour par des particuliers et des groupes de personnes,
décisions qui touchent leurs moyens d'existence, leur santé,
voire leur survie. Dans un contexte local, les particuliers et les
communautés sont mieux placés pour identifier les principaux
tendances, défis, problèmes et besoins, d'arrêter leurs
propres priorités et préférences, de déterminer les
compétences et les capacités qui font défaut.
En effet, pour qu'un projet puisse avoir un impact direct sur
l'amélioration des conditions de vie des populations, il faut que le
projet en question soit défini en fonction des priorités de
celles-ci.
Il ne s'agit pas d'une définition de priorité
à partir de constats qui pourrait avoir des limites dans l'avenir mais
les populations concernées doivent elles-mêmes définir
leurs priorités à travers une organisation locale.
La définition des priorités doit constituer le
premier volet de l'identification des projets de développement à
réaliser au sein d'une communauté, mais il faut, lorsque toutes
les conditions seront réunies pour la mise sur pied de ces
258
projets, procéder à un réexamen des
besoins des populations.
Il s'agit de réapprécier ces priorités
avec les populations afin de faire les éventuels
réaménagements.
C'est une manière d'être plus proche de celles-ci
et de les impliquer à leur propre développement dans la mesure
où les besoins sociaux ou les priorités des populations peuvent
connaître des changements en fonction de la situation du moment. Cela
veut dire que les projets privilégiant les aspects techniques, doivent
être nécessairement conçus en fonction des conditions
locales du milieu tout en prenant en compte des besoins des populations et les
modes traditionnels d'exploitation.
Pour ce faire, l'expertise des structures locales de
développement telles le BNETD, AGEPE, AGEFOP, FNS, FDFP et les ONG, doit
être convoquée lorsque le besoin se ferait sentir.
Puisqu'aucun développement durable ne peut se faire en
dehors de la population, le Conseil Général de Dimbokro doit
poursuivre la sensibilisation aux fins d'amener celle-ci à
considérer la participation à son développement comme un
impératif et lui donner l'opportunité de le faire.
A cet effet, les populations (jeunes et vieillards, hommes et
femmes) doivent savoir que vouloir se développer, nécessite un
certain nombre de sacrifices dont le regroupement en associations ou mutuelles
de développement.
Il faut se constituer en associations pour
bénéficier du soutien des organismes internationaux.
Favoriser l'organisation des populations pauvres en
associations ou en communauté est un aspect essentiel de la nouvelle
conception de l'Etat.
En dehors du secteur public, de nombreux acteurs, groupes de
proximité, syndicats, universités, associations d'usagers, ONG et
associations de quartier influent sur la gestion des affaires publiques. Ces
groupes peuvent, entre autres, obliger les élus locaux à
être comptables de leurs actes.
259
Constituant ce qu'on appelle la « société
civile », ils peuvent aussi rechercher, parallèlement à
l'administration, un mode de gouvernement plus à l'écoute de la
population et plus efficace100.
Le PNUD fait également de cette mesure un axe
fondamental de la nouvelle stratégie de lutte contre la
pauvreté.
Ainsi, la gouvernance est-elle considérée comme le
" maillon manquant et l'organisation des pauvres est perçue comme le
"fondement de la réussite". En effet, la fonction primordiale de la
société civile est de promouvoir les intérêts des
pauvres.
Selon le PNUD, « ce dont les pauvres ont besoin,
c'est une capacité organisationnelle accrue, plus de pouvoir pour
influencer l'orientation de leur vie. L'assistance extérieure doit
tendre à mettre en place cette capacité et ne doit pas se limiter
à fournir des biens et services101.
Il s'agit donc de faciliter la croissance des organisations
des pauvres en levant les obstacles juridiques ou autres qui empêchent la
formation d'associations, et en fournissant un cadre administratif et
judiciaire qui les soutienne.
La finalité est d'instaurer des partenariats entre les
divers segments de la population, entre les structures
décentralisées et la population, et d'engager un débat
public sur les questions de développement économique et
social.
Il est question de mettre en valeur la perception
d'intérêts communs entre les pauvres et les non-pauvres.
L'objectif est d'introduire, au sein du débat public,
l'idée que la réduction de la pauvreté est un bien public
et qu'elle peut favoriser le mieux-être des non-pauvres. L'essor de la
société civile doit permettre, à terme, de tisser une
alliance stratégique avec l'Etat102.
Les organisations de la société civile et de
l'Etat doivent poser les bases institutionnelles de la coopération pour
le bien commun.
100 Banque Mondiale (1999), Rapport sur le
développement dans le monde : le développement au seuil du
XXème siècle, BM, Paris, Page 129
101 PNUD (2000a), Vaincre la pauvreté humaine,
Paris, Economica, Page 87.
102 PNUD (2000a), Op.cit., Page 74.
260
Les institutions doivent être participatives,
crédibles, comptables, afin que les populations puissent voir les
avantages de la coopération.
Cet appel doit être saisi par tous les associations et
mutuelles de développement, ONG et tout autre groupement de la
population agissant sur le territoire départemental de Dimbokro.
C'est donc le lieu de mieux structurer les différents
groupements de la population autour d'un objectif commun qui est celui de
l'amélioration des conditions de vie. Ainsi, les associations de la
population de Dimbokro telles TABITHA, BEKANSSI, BEKANTI, les soeurs unies de
Belleville et le groupement des apiculteurs de Soungassou, qui oeuvrent pour le
mieux-être de leurs membres et donc de la population, doivent agencer
leurs différentes actions sur la base du partenariat.
C'est à juste titre que la Présidente de
l'Association BEKANSSI, parlant de l'importance des groupements, souligne que
« les bailleurs de fonds font plus confiance aux groupements
qu'à l'individu ; j'encourage donc mes soeurs à nous rejoindre
».
Dans cette perspective, l'on doit savoir que le
développement n'a pas de bord politique. Il faut pouvoir donc faire fi
de son appartenance politique et accepter de s'unir avec d'autres personnes
pour réaliser des activités génératrices de
revenus.
Par ailleurs, l'état traditionnel des associations
n'est plus à l'ordre du jour. Il s'agit d'évoluer et quitter cet
état qui consistait à faire des cotisations pour juste
s'entraider en cas de malheur (décès) et
d'évènements heureux (mariage, naissance) et atteindre un
regroupement avec des projets de développement bien définis
à réaliser.
261
A cet effet, les cadres du département de Dimbokro
doivent s'investir dans son développement à travers les mutuelles
de développement, qui bien structurées et des objectifs
définis, pourront faire intervenir les organismes internationaux
à relever le défi du redémarrage socio-économique
de la région jadis prospère.
Ces cadres, qui dans l'exercice de leur tâche
professionnelle, ont acquis des expériences de gestion, de management
des hommes et des projets, et ont eu l'occasion de connaître d'autres
pays, d'autres modes de développement, doivent se mettre au service de
leur localité.
Ceux-ci ont donc la capacité d'analyser la situation de
développement, de comprendre, de proposer des solutions, de mettre en
oeuvre et d'encadrer les autres. Il leur suffit de prendre leur
responsabilité et d'avoir le souci du développement
économique et social de leur région.
« Seules la sensibilisation, la culture de
l'écoute et de la formation peuvent permettre d'atteindre cet
état de fait. Car nous sommes en face d'une population
désespérée, qui pense que rien ne peut la faire sortir de
la situation qu'elle vit; elle qui, jadis était prospère »
(Entretien individuel, responsable du développement humain du
Conseil Général de Dimbokro).
Or, comme l'a si bien souligné l'agent de l'ANADER de
Dimbokro, « l'espoir est permis à travers la production de
l'anacarde, des produits vivriers et maraîchers » (Entretien
individuel, agent de l'ANADER, zone de Dimbokro).
Il appartient donc à la population de saisir cette
nouvelle opportunité et avoir des idées positives.
Par ailleurs, le partenariat doit s'étendre
au-delà du local pour atteindre l'international non pas en terme de
transposition de modèle de développement mais dans le sens des
acteurs de développement échangeant des expertises.
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