VIII.2-Obstacles internes
Il y a aussi des obstacles internes à la
société locale dont l'organisation sociale préexistante et
la culture freinent parfois les initiatives qui sont toujours au départ
portées par quelques individus.
Ces obstacles rendent difficiles l'émancipation de
certains groupes sociaux. L'accès réduit à l'information,
à la formation, l'affaiblissement de références sociales
et culturelles peut aussi empêcher ou ralentir une réaction
organisée des sociétés locales.
Les limites intrinsèques à la population du
département de Dimbokro sont perceptibles à trois niveaux,
à savoir l'absence de cadre d'expression, l'analphabétisme et le
manque de compétences adéquates.
Tableau n°28: Raisons limitant la
participation de la population aux différentes phases de
réalisation des projets de développement.
Sexes Raisons
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VA
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Absence de cadre d'expression
|
27
|
14,21
|
40
|
21,05
|
67
|
35, 26
|
Analphabétisme
|
18
|
9,48
|
34
|
17,89
|
52
|
27, 37
|
Manque de compétences adéquates
|
25
|
13,16
|
26
|
13,68
|
51
|
26, 84
|
Sans raison
|
8
|
4,21
|
12
|
6,32
|
20
|
10, 53
|
Total
|
78
|
41,06
|
112
|
58,94
|
190
|
100%
|
235
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
236
Il ressort des données du tableau n°28, ci-dessus
que 35,26% enquêtés ont affirmé qu'ils ne participent pas
à la conception, à la planification, à la mise en oeuvre
et au suivi et évaluation des projets de développement à
cause de l'absence du cadre d'expression.
Pour 27, 37% des enquêtés, cela est dû
à l'analphabétisme de la population. Quant à 26,84% des
enquêtés, cela est dû au manque de compétences
adéquates. Tandis que 10,53% des enquêtés n'ont
évoqué aucune raison de leur non participation.
VIII.2.1- Absence de cadre d'expression
Les enquêtés (35,26%) ont mentionné
l'absence du cadre d'expression comme la première raison limitant la
participation de la population de Dimbokro à son
développement.
Il s'agit d'un cadre d'échange où chaque acteur
(sans distinction de classe sociale, d'appartenance ethnique, religieuse et
politique) pourra librement donner son avis sur le développement local.
Il est question de l'opportunité donnée à chaque acteur
social d'opiner sur les actions menées et les perspectives de
développement socio-économique et culturel de sa localité.
Ceux-ci évoquent l'inexistence d'un cadre de discussion permettant
à la population de s'exprimer sur les actions de développement et
de faire des propositions.
Le cadre de concertation officiellement institué
où puissent se rencontrer les différents acteurs (administration,
services techniques, intervenants extérieurs mais aussi les producteurs,
les opérateurs économiques privés, etc...) fait le plus
souvent défaut.
En effet, en dehors des sessions publiques et parfois pendant
les consultations sporadiques offertes aux populations, les échanges
autour du développement sont rares.
Par ailleurs, lorsque les opportunités leur sont
offertes, l'existence des pesanteurs politiques freinent la participation de
tous aux échanges.
Dans nos sociétés en général et
à Dimbokro en particulier, l'on a parfois du mal à dissocier la
politique du développement.
Dans ces conditions, c'est soit l'absentéisme, soit le
manque d'intérêt qui est entretenu, freinant ainsi la
participation de tous au développement du territoire local.
« La politique a tendance d'influencer
négativement le développement en question, puisque certains
conseillers refusent de participer aux réunions convoquées par le
Conseil Général de Dimbokro en prenant comme argument le fait de
ne pas être du même bord politique que le Président ou tout
autre membre » (Entretien individuel, le Secrétaire
Général I de la Préfecture de Dimbokro).
Ainsi, une frange de la population a-t-elle tendance à
politiser les actions et opérations de développement
menées par le Conseil Général de Dimbokro. C'est ce que
souligne le Secrétaire Général I de la Préfecture
de Dimbokro en ses propos: « les membres du Conseil
Général de Dimbokro qui sont dans l'opposition ne participent pas
aux réunions pour apporter les contradictions nécessaires
»93.
L'analphabétisme de la population est une des limites
à sa participation à toutes les phases de réalisation d'un
projet de développement.
237
93 Extrait de l'entretien du 10 Août 2010 avec le
Secrétaire Général I de la Préfecture de
Dimbokro.
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