VII.2.2-De la consultation au partenariat
Tableau n°27 : Types de relations
souhaités par les enquêtés
Sexes
Types de relations souhaitées
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Partenariat
|
52
|
27,37
|
87
|
45,79
|
139
|
73, 16
|
Franche collaboration
|
26
|
13,68
|
25
|
13,16
|
51
|
26,84
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2010-2012.
Il ressort des données du tableau n°27 ci-dessus
que 73,16% des enquêtés souhaitent qu'un rapport de partenariat
puisse exister entre eux et les structures décentralisées. Alors
que pour 26,84% des enquêtés, une franche collaboration doit
être privilégiée.
« Nous attendons que les structures
décentralisées travaillent en étroite collaboration avec
la population puisqu'elle est bénéficiaire des actions de
développement. Nous sommes disposés à cela, dans la mesure
où nous luttons pour notre développement » (Entretien
collectif, responsables d'associations et mutuelles de
développement).
« Nous sommes tous là pour aider la population
donc c'est la collaboration qui convient pour cela. Ensemble, "main dans la
main", nous pouvons mieux faire » (Entretien collectif, chefs des
villages).
227
Ce souhait de la population se perçoit dans l'effort du
responsable du développement agricole d'aider les apiculteurs dans leur
activité.
Ceci est justifié par les propos des apiculteurs.
« Le responsable du développement agricole
nous apporte son expertise par rapport à notre activité. Cette
activité réserve un avenir meilleur pour le département de
Dimbokro ; c'est pour cela que nous voulons sensibiliser nos frères pour
qu'ensemble nous nous attelons à cela pour l'amélioration de nos
conditions de vie ».
En tout cas les associations les mieux organisées
sont soutenues par le Conseil Général de Dimbokro (Entretien
collectif, Association des apiculteurs de Soungassou).
Au demeurant, le souhait de la population est qu'elle puisse
jouer un
rôle dans son développement. C'est pour cela
qu'elle évoque le partenariat et/ou la franche collaboration.
C'est aussi pour l'acteur social de mettre en jeu sa
stratégie de développement. L'acteur social est défini par
la nature du rapport social dans lequel il est engagé. Cet acteur peut
être individuel ou collectif.
Dans tous les cas, un rapport social se présente comme
une coopération conflictuelle d'acteurs qui coopèrent à
une production mais qui entrent inévitablement en conflit en raison de
leurs positions inégales dans la coopération ou, ce qui revient
au même, de leur emprise inégale sur les enjeux de leur
coopération (Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT, 1995).
Cette coopération ou partenariat doit se faire dans la
mesure où les différents acteurs souhaitent jouer au moins des
rôles bien définis à partir de leur dotation en
capitaux.
En outre, le développement territorial, en suscitant
l'émergence d'un projet collectif, place les acteurs au coeur de la
gouvernance des territoires.
228
Il exprime la volonté de prendre en compte les besoins
des populations locales et de répondre à leurs aspirations. Les
intérêts des communautés locales s'expriment à
travers la formalisation d'un projet territorial qui prend forme au sein d'une
architecture institutionnelle particulière.
Ainsi, les nouvelles formes de recomposition territoriale
doivent être des lieux d'établissement de relations entre acteurs
locaux, ce qui leur vaut d'être assimilés à des espaces de
solidarité et de proximité en vue d'un développement
territorial durable.
Cela suppose des coordinations locales dans la mesure
où les dynamiques d'évolution différenciées que
connaissent les territoires sont liées aux comportements des acteurs. Le
faisceau de relations qu'entretiennent ces derniers, les réseaux qu'ils
mobilisent, le poids du temps long avec ses implications en termes
d'apprentissage collectif, importent dans l'analyse des trajectoires des
territoires (Valérie ANGEON, Patrick CARON et Sylvie LARDON, 2006).
En ce sens, le territoire est le résultat de jeux
d'acteurs en relation les uns avec les autres.
L'analyse montre que les relations entre acteurs,
au-delà des systèmes d'intérêt et des jeux
d'alliance et de concurrence qui en résultent, sont conditionnées
par des systèmes de valeurs. Ces règles (entendues ici au sens
large) normalisent leurs comportements. Elles ne sont pas nécessairement
formalisées, elles peuvent être tacites.
Ces règles partagées correspondent à un
ensemble d'« institutions invisibles » qui facilitent les
capacités d'anticipation des agents (ils éclairent les autres sur
leurs intentions d'actions) et régulent leur liberté de conduite
et d'action.
Favorisant une meilleure compréhension entre les
agents, encourageant la transparence et la circulation d'informations, ces
règles facilitent la coopération.
229
Elles permettent, par ailleurs, de déboucher sur des
régularités de comportement et préviennent les
défections ou les comportements opportunistes.
Elles contribuent ainsi à stabiliser ou à
renforcer les liens entre les agents en favorisant le développement de
signes qui limitent les problèmes d'asymétrie, d'information,
d'incertitude et les dissensions.
Les rapports sociaux doivent être structurés
autour de l'enjeu du développement local par la participation de tous,
en sachant que « toute opération de développement est
ipso facto processus de structuration d'un champ politique spécifique,
la situation du développement constituant une arène induisant ou
ravivant des luttes d'influence et des jeux de pouvoir entre groupes sociaux
préexistant à l'intervention et entre groupes statiques se
cristallisant à cette occasion ».90
Tout changement programmé pour améliorer les
conditions d'existence d'un milieu social donné et favoriser l'autonomie
des agents économiques et sociaux (définition de l'action de
développement proprement dite) induit des enjeux spécifiques
économiques, financiers, institutionnels, culturels, politiques qui sont
l'objet de stratégies diverses, souvent concurrentes, de la part des
différentes catégories d'acteurs concernés.
L'arène politique spécifiquement
constituée par la configuration développementiste (le champ des
relations interactives entre « développeurs » et «
développés ») se trouve immergée et imbriquée
dans le champ politique préexistant localement.
De ce point de vue, l'analyse socio-anthropologique de la
société locale concernée apparait comme l'une des
conditions sine-qua-non d'une intervention adaptée, porteuse d'une
dynamique durable.
Elle apporte une certaine connaissance utile des structures et
des enjeux locaux de pouvoir et met en évidence un second niveau,
caché, de complexité
90 Alain MARIE (2005), La coopération
décentralisée et ses paradoxes, Paris, Karthala, Page
205.
politique, celui des interférences et des hybridations
entre le politique « moderne» (représenté par
l'administration, les leaders politiques locaux, les militants les plus actifs,
les élites citadines, les hommes d'affaires, les dignitaires religieux,
les fondateurs de quartiers urbains) et le politique (détenteurs de
chefferies, notables « traditionnels », chefs de quartiers, chefs de
terre autochtones, chefs de cultes, propriétaires coutumiers du sol,
leaders de communautés, allogènes).91
C'est par l'implication de toutes ces catégories de
personnes aux différents projets de développement que les
objectifs du développement local seront durablement atteints.
Le constat est qu'après plusieurs décennies
d'expérimentation, la volonté politique reste en
deçà des voeux de donner aux collectivités locales les
possibilités de « dessiner» les contours de leur
destin92.
La deuxième hypothèse opérationnelle
qui soulignait que les relations de partenariat existantes entre les structures
décentralisées et la population de Dimbokro constituaient un
facteur influençant du développement local a été
partiellement vérifiée dans la mesure où c'est la
consultation qui est plus perceptible dans les relations entre ces deux
entités.
Dès lors, quels sont les obstacles à la
participation de la population de Dimbokro à son
développement?
230
91 Alain MARIE, Op cit, page 206.
92 Amadou DIOP (2008), développement local,
gouvernance territoriale: enjeux et perspectives, Paris, Karthala, page
8.
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