VII.1.3- Usage de la communication
Tableau n°23 : Canaux de
communication utilisés
Sexes
Canaux de
communications utilisés
|
Femmes
|
Hommes
|
Total
|
Total
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Communication de proximité
|
35
|
18,42
|
65
|
34,21
|
100
|
52,63
|
Radio communautaire
|
25
|
13,16
|
27
|
14,21
|
52
|
27, 37
|
Par le biais des représentants de la population
|
18
|
9,47
|
20
|
10,53
|
38
|
20, 00
|
Total
|
78
|
41,05
|
112
|
58,95
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain 2010-2012.
Les données du tableau n°23, ci-dessus ont
révélé que trois canaux de communication sont
utilisés pour informer et sensibiliser la population de Dimbokro sur le
développement local.
Le canal de communication et d'information le plus
utilisé selon les enquêtés est celle dite de
proximité qui représente 52,63% des répondants.
Il s'agit des différentes rencontres d'informations et
de sensibilisation des agents de la structure décentralisée avec
la population locale dans le cadre du développement local.
215
Ensuite, vient la communication à travers la radio
communautaire (la voix du N'Zi) avec un pourcentage de 27, 37%.
Enfin, des informations reçues par
l'intermédiaire des représentants de la population locale,
à savoir les chefs de villages, les responsables d'associations
représentent un pourcentage de 20% des enquêtés.
A Dimbokro, la communication traditionnelle et celle dite
moderne sont utilisées de manière concomitante.
« Nous continuons de faire passer les informations
à travers des
acteurs (griot ou crieur public, ...), dans les espaces
sociaux (arbre à palabre, relais des chefs de villages, des responsables
d'associations). L'information de bouches à oreilles dans les
marchés ou autres lieux publics est aussi utilisée. Cela existe
depuis longtemps et nous sert toujours. Aussi, passons-nous de temps en temps
par les radios de proximité et le téléphone mobile pour
d'autres informations », propos d'un des chefs de villages »
(Entretien collectif, chef de villages).
Un autre enquêté souligne que « les deux
types de communication sont complémentaires mais il faut savoir les
utiliser, surtout qu'ils structurent nos rapports sociaux ».
D'ailleurs, poursuit-il, « quand les chefs des
villages, ou responsables des jeunes ou associations reçoivent les
informations à la radio ou lors des séances de formation, ils
réunissent les concernés ou la population pour partager
l'information » (Entretien collectif, chef de villages).
Partir vers les populations pour connaître leurs besoins
et chercher à les aider dans le cadre de l'amélioration de leurs
conditions de vie est une des stratégies pouvant capter l'attention de
celles-ci sur le développement.
Mais, cette stratégie doit tendre à la
définition des attentes des populations en les associant à tout
processus de développement.
216
Dans les zones rurales, la radio communautaire est
utilisée comme
moyen de communication pour diffuser vers des auditoires
vastes et éloignés, des informations essentielles sur la
météo, la santé, la production agricole et animale, la
commercialisation des produits, ainsi que sur la protection et la conservation
des ressources naturelles.
Comme le souligne un des enquêtés, responsable
d'une association de développement « nos autorités
continuent, comme à leur habitude, de nous donner des informations sur
le développement en fonction de leur moyen. Dans nos villages, les
griots continuent de véhiculer les informations premières pour
réunir la population afin de diffuser les informations
reçues» (Entretien collectif, responsables d'associations et
mutuelles de développement).
« Oui, à ce niveau, il n'y a pas de
problème », argumente un autre enquêté,
« je peux dire que l'information reçue par l'intermédiaire
de nos responsables (chefs de villages, présidents d'associations) joue
son rôle dans le développement de Dimbokro puisque nous ne
manquons pas de mieux informer nos membres ».
Mais, poursuit-il, « il faut que les experts ou
développeurs nous fassent confiance et nous associent aux
différentes étapes de réalisation des projets de
développement en nous formant par exemple ».
« Depuis l'installation de la radio « la voix de
N'Zi », nous écoutons des émissions sur l'agriculture. Nous
recevons surtout en baoulé ou en dioula des conseils sur les techniques
culturales et sur les nouvelles opportunités du développement de
notre localité » (Entretien collectif, responsables
d'associations et mutuelles de développement).
L'apport de la radio communautaire dans le champ du
développement à Dimbokro est perceptible à travers des
émissions animées par le responsable du développement
agricole qui se tiennent tous les Mercredis de11 heures à 12 heures.
217
Cette émission dénommée «
le monde agricole », qui se tient en
français est bien répertoriée dans le tableau
ci-après montrant quelques émissions que cette radio propose
à ces auditeurs.
Tableau n°24 : Emissions de la radio
« la voix du N'Zi »
Jours
|
Heures
|
Intitulés des émissions
|
Mercredi
|
11h -12h
|
Le monde agricole
|
Jeudi
|
10h 30 - 11h
|
Insertion professionnelle
|
11h -12h
|
La santé au quotidien
|
Vendredi
|
10h - 11h
|
La vie des communautés
|
11h -12h
|
Espace Education
|
Par ailleurs, les informations reçues par
l'intermédiaire des représentants de la population locale,
à savoir les chefs de villages, les responsables d'associations
représentent la communication de base dont se sert les populations dans
leur habitude d'échanges sur la vie sociétale.
Ainsi, la capacité organisationnelle et
communicationnelle des communautés, nous permet de parler des types de
communication traditionnelle tels que la communication sonore, par les acteurs
(griot ou crieur public, ...), dans les espaces sociaux (arbre à
palabre, relais des chefs de village, des responsables d'associations, de
bouche à oreilles dans les marchés ou autres lieux publics), par
les chants et musique, la communication sacrée de l'initiation, la
parenté à plaisanterie. Cette communication de base, dans sa
diversité abondante possède une dimension humaine qui constitue
et devra constituer encore pour l'avenir un moyen efficace de cohésion
sociale (Rachel ZONGO, 2013 : 465).
218
Avec les avancées technologiques dans le champ de la
communication et l'information, ces trois canaux d'informations nous semblent
acceptables pour donner des informations sur le développement local.
En somme, quel que soit le canal de communication
utilisée, il est important que la population puisse avoir les
informations nécessaires à son développement afin de
savoir comment elle pourrait y participer.
Ainsi, dans le but d'accroître leur participation, la
population a exposé les canaux de communication à travers
lesquels elle souhaite avoir des informations sur son développement.
Tableau n°25 : Canaux de
communication souhaités par les enquêtés
Sexes
Canaux de
communications souhaités
|
Femmes
|
Hommes
|
Total VA
|
Total VR
|
VA
|
VR
|
VA
|
VR
|
Radio
|
18
|
09,48
|
30
|
15,78
|
48
|
25, 26
|
Ateliers de formation
|
50
|
26,32
|
65
|
34,21
|
115
|
60, 53
|
Echanges lors des sessions publiques
|
05
|
02,63
|
07
|
03,69
|
12
|
6, 32
|
Distribution de brochures
|
05
|
02,63
|
10
|
05,26
|
15
|
7, 89
|
|
Total
|
78
|
41,06
|
112
|
58,94
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2010-2012.
Il ressort des données du tableau n°25 ci-dessus
que 60,53% des enquêtés souhaitent avoir des informations sur le
développement local à travers des ateliers de formation.
Les émissions à la radio de proximité
sont la préférence de 25,26% des enquêtés. 07, 89%
optent pour la distribution des brochures.
Enfin, seulement 06,32% des enquêtés
préfèrent les échanges lors des sessions publiques.
219
« Recevoir les informations sur le
développement à travers des ateliers de formations est plus
bénéfique que les autres canaux de communication dans la mesure
où non seulement nous recevons concomitamment les informations et la
formation » (Entretien collectif, responsables des associations et
mutuelles de développement).
« Nous souhaitons jouer notre rôle de relais
des informations reçues de nos autorités à notre
population. Mais, les canaux tels que la radio et les ateliers de formation
sont très importants et nécessaires pour notre
développement » (Entretien collectif, chefs de villages).
La réception des informations sur le
développement local lors des ateliers de formation est le souhait de la
majorité des enquêtés, à savoir 60,53% des personnes
interrogées. Cela joue ici deux rôles: ces ateliers de formation
seront non seulement des cadres de diffusion des informations sur le
développement local, les actions entreprises par les structures
décentralisées et les perspectives à venir mais aussi et
surtout des moments de formation aux différentes phases de
réalisation des projets de développement et voire aux techniques
culturales.
Pour Abdoulaye NIANG «l'information ne permet pas
seulement une acquisition de connaissance sur les faits de la
réalité, mais elle est une source de pouvoir pour les membres de
l'association qui maîtrisent sa circulation, car permettant (...) de
réduire le pouvoir d'influence sur l'organisation de certains membres
rivaux »89.
Parmi les moyens de communication qui doivent être
privilégiés dans le cadre de ces stratégies, on peut citer
la radio rurale, qui est amenée à se développer
rapidement, et les supports de communication traditionnelle et communautaire,
proches des populations et maîtrisés par elles.
89 Abdoulaye NIANG (Janvier 2001), «L'implication
associative au développement local et ses enjeux sociaux», in
revue sénégalaise de Sociologie, N° 04/5, page 96.
220
Très populaire, la radio rurale présente
l'intérêt d'être à la fois un instrument
d'enquête et d'investigation, un outil d'information souple, rapide et
efficace (car utilisant les langues parlées par ses auditeurs), un
vecteur d'expression et de témoignage pour les populations et un support
capable de relayer certaines formes traditionnelles de communication.
Le développement local va de paire avec la
communication participative qui consiste à l'utilisation des
techniques et des médias de communication pour aider les gens à
prendre conscience de leur situation et des options à leur disposition
pour toute action de changement.
Ce type de communication permet de résoudre le
conflit social et de travailler vers un consensus, de planifier l'action de
changement et du développement durable, d'aider les populations à
saisir les connaissances et les qualifications en vue d'améliorer leurs
conditions de vie et celles de leur communauté et améliorer
l'efficacité des établissements publics (FAO, 2002). Elle
consiste en l'utilisation de façon planifiée et
organisée des techniques et des moyens de communication
(médiatiques ou non médiatiques) pour promouvoir le
développement, à travers un changement d'attitudes et/ou de
comportements, en diffusant l'information nécessaire et en suscitant la
participation active et consciente de tous les acteurs y compris des
bénéficiaires au processus.
La communication locale qui est donc la caractéristique
de la spécificité des groupes cibles. Ainsi, de façon
générale, deux niveaux de communication sont à
considérer, à savoir la communication interne et la communication
externe.
La communication interne est celle qui concerne l'institution
elle-même, ses agents et ses services (personnels) ainsi que les
élus.
La logique de cette communication est de motiver les agents,
par l'information, l'écoute, le travail en commun, l'esprit
d'équipe.
221
Elle est devenue une discipline managériale qui
implique la nécessaire mise en place d'une stratégie avec des
objectifs, des cibles, des moyens et un contrôle. Elle a besoin
d'être pensée et organisée.
En dehors de sa sphère de compétence interne, la
structure décentralisée doit développer une politique de
communication avec l'ensemble de ses partenaires tant au niveau national
qu'international.
La communication externe est la plus complexe car l'habitant
est tout à la fois usager, électeur, contribuable, "être
social", acteur local, citoyen.
La communication externe s'occupe également de la
« promotion » ou du
« marketing territorial » qui intéresse
investisseurs et touristes.
Elle concerne l'attractivité et l'image du territoire
et vend la collectivité à l'extérieur.
Renforcée, professionnalisée, prête
à s'adapter aux bouleversements économiques et techniques et aux
réformes institutionnelles lancées, la communication des
collectivités locales joue un rôle croissant non seulement en
informant sur les services locaux et en valorisant les territoires mais aussi
en construisant un espace de citoyenneté porteur des débats et
acteurs de l'évolution que connaît la société.
Il est important de rappeler ici que, même si elle rend
compte de l'activité d'une administration, et que les structures
décentralisées sont des relais d'informations de l'Etat, la
communication locale n'est ni une communication gouvernementale, ni un
système de propagande électorale dans la mesure où le
contrôle du réel est en permanence exercé par les
citoyens.
Cela permettra à la population d'accroître ses
potentialités et d'être acteur de son développement.
Au total, les trois canaux d'informations (les ateliers de
formation, l'utilisation de la radio de proximité, la distribution des
brochures), souhaités par les enquêtés sont tous importants
dans la mesure où l'on pourra les utiliser concomitamment.
222
Mais, il serait nécessaire de traduire si possible les
brochures en langues locales ou de les imager pour une compréhension de
la population locale.
Ces canaux d'information doivent permettre à la
population d'être mieux informée sur son développement et
de savoir quelle attitude adoptée face au défi du
développement.
En effet, dans les projets de territoire, le principe de
gouvernance locale rend compte d'une certaine efficience collective.
Les agents, associés à la prise de
décision, s'organisent sur le mode de la coopération.
Amenés à partager des informations de diverses
natures, ils détiennent une meilleure connaissance des individus et de
leurs intentions ainsi que de leur environnement socio-économique. Par
ce biais, ils améliorent la qualité de leurs choix, ce qui leur
permet de prendre véritablement part au dispositif d'actions et
d'augmenter leur degré de maîtrise du territoire.
Au-delà de la seule transmission de l'information, les
processus de construction territoriale relèvent du partage
d'informations.
Ils s'inscrivent dans une dynamique collective d'apprentissage
visant à l'élaboration d'un socle commun de connaissances, d'une
culture commune. Cette accumulation de connaissances, résultat d'un
construit social, facilite et renforce les stratégies d'actions
collectives, au coeur des logiques de développement territorial
(Valérie ANGEON, Patrick CARON et Sylvie LARDON, 2006).
Au surplus, les structures décentralisées
doivent être dotées de système de communication. Ce
système doit être structuré de telle sorte que la
population puisse être représentée et jouer un rôle
de relais des informations. Car, la population locale a toujours eu ses propres
moyens de communication qui doivent être utilisés dans la mesure
où elle se reconnaît dans ceux-ci et permettent une diffusion
commune des informations.
223
Il s'agit entre autre des crieurs publics, des échanges
avec les représentants de la population sur convocation des chefs de
village, des chefs de quartiers ou des responsables d'associations.
A ce stade, la première hypothèse
opérationnelle qui stipulait que le regroupement de la population et la
communication sont des mécanismes qui impactent l'atteinte des objectifs
de la gestion du territoire local a été
vérifiée.
Cela nous permet d'analyser les rapports entre Conseil
Général de Dimbokro et sa population.
224
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