II.2- Délimitation du champ de
l'étude
« Définir la population, c'est sélectionner
les catégories de personnes que l'on veut interroger (...), c'est
déterminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en mesure de donner
des réponses aux questions que l'on pose »47. Ainsi,
compte tenu de la spécificité du thème et surtout de la
nature des informations recherchées ; deux aspects du champ
d'étude ont été retenus. Ce sont le champ social et le
champ géographique.
II.2.1-Champ social
Afin de mieux appréhender le champ social de notre
étude, nous nous inscrivons dans la perspective bourdieusienne.
Contrairement à Emile DURKHEIM pour qui la
société est un « tout», Pierre BOURDIEU48
insiste sur la division en groupes sociaux et estime que l'espace social est
partagé en une multitude de champs sociaux (l'école, la
politique, la religion, la culture, etc).
47 Alain BLANCHET et Anne GOTMAN (1992),
L'enquête et ses méthodes : l'entretien, Paris, Nathan,
pp. 50-52
48Marc MONTOUSSE et Gilles RENOUARD (1997), « la
Sociologie de l'habitus de Bourdieu », in 100 fiches pour comprendre
la Sociologie, Paris, Bréal, pp. 62-63.
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Les capitaux détenus par chaque groupe social en
proportion inégale constituent des atouts pour se positionner dans un
champ social.
Mais les atouts nécessaires varient en fonction des
champs.
En effet, chacun des champs possède ses propres
règles et ses propres critères de réussite. Ainsi, les
qualités requises pour réussir à l'école ne sont
pas identiques à celles exigées dans le domaine de la politique
ou du sport.
Enfin de compte, BOURDIEU assimile un champ social à un
marché sur lequel s'échangent des biens spécifiques.
Le champ est « un espace de jeu, un champ de relations
objectives entre des individus ou des institutions en compétition pour
un enjeu identique »49.
Le développement local participatif s'inscrit dans un
champ social global où l'on identifie le champ économique et le
champ culturel.
En effet, afin d'aboutir à un développement en
terme de progrès social, il est incontournable de tenir compte des
valeurs culturelles ou encore des aspirations des populations. Ainsi, le champ
social du développement local participatif est le marché du
développement. Ici, les structures décentralisées du
département de Dimbokro, dans leur rôle d'aide au
développement tendent de maintenir leur pouvoir de décision en
s'appuyant sur leur dotation en capital économique et social.
Par contre, la population, qui, certes, est moins dotée
en capital économique et social s'appuie sur sa dotation en capital
culturel et cherche à faire partager sa propre conception de l'ordre
social afin de rendre légitime les positions privilégiées
qu'elle occupe en définissant les atouts exigés dans le champ
social et en les monopolisant.
Ceci s'inscrit dans la période de 2003
à 2010, à partir des différents
rapports entre le Conseil Général de Dimbokro et sa
population.
49Pierre BOURDIEU (1980), Question de
Sociologie, Paris, Editions de Minuit, Page 196.
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Par ailleurs, partant de notre préoccupation qui est de
déterminer les mécanismes de construction des rapports sociaux
autour de la participation de la population de Dimbokro au développement
local. Il était important de s'intéresser aux groupes sociaux
suivants qui interviennent dans le champ social de notre étude et y
échangent des biens spécifiques.
Les responsables du Conseil Général de Dimbokro
(le Bureau du Conseil, les différents Directions et Services, le
Secrétariat Général) ont été
approchés afin de saisir l'organisation et le fonctionnement de cette
structure et analyser ses actions envers la population.
Les échanges avec des partenaires au
développement, à savoir le Maire de Dimbokro, Chef de zone
ANADER, responsable du centre d'alphabétisation ont permis d'avoir des
informations données géographiques et humaines de la
localité. Ils ont aidé à avoir des informations sur les
données économiques et les actions réalisées et
précisément la place occupée par les populations dans le
processus de développement.
Pour les responsables des associations ou mutuelles de
développement, la notabilité de certains villages, les planteurs,
commerçants et artisans, il a été question d'avoir leurs
opinions sur les actions de développement réalisées. Cela
a concerné leur participation au développement de leur
localité et l'analyse des interactions qui existent entre les
populations et le Conseil Général Dimbokro.
En somme, le choix de ces catégories de personnes se
justifie par le fait que chacune d'elle est impliquée dans le processus
de développement économique et social du département de
Dimbokro.
Notre intérêt pour ces groupes sociaux est que
ceux-ci interviennent sur le marché du développement à
partir de leur dotation en capitaux.
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