I.2- Modèle d'analyse
Il s'agit de définir les concepts principaux de
l'hypothèse conceptuelle. Ainsi les concepts du développement
local, des rapports sociaux et de participation ont été
explicités tout en exposant leurs indicateurs.
I.2.1- Définition des concepts clés
I.2.1.1- Développement local
Concept qui a émergé ces dernières
années dans les pays du Sud notamment en Afrique de l'Ouest et surtout
avec l'avènement de la décentralisation, le développement
local se veut une démarche d'impulsion de développement par le
bas. Ce qui suppose que les communautés locales (groupes et individus)
s'impliquent davantage au processus de développement de leur territoire
(Neya SIHE, 2008).C'est un processus qui prend naissance à travers les
initiatives des habitants des terroirs organisés pour opérer des
choix, pour créer une dynamique d'amélioration des conditions
locales de vie, et pour défendre leurs intérêts face au
pouvoir public (MERCOIRET, 1994). Le développement local est un
processus qui consiste à mobiliser les énergies de tous les
acteurs locaux en vue de la promotion économique, sociale et culturelle
d'un territoire (Sebahara PAMPHILE, 2000).
Autrement dit, c'est un processus qui vise la participation
des acteurs avec pour finalité, l'amélioration des conditions de
vie des habitants d'une zone déterminée. Ce concept renvoie ainsi
de façon générale, à la participation des
différents acteurs à la libération des initiatives; en
particulier celles locales et communautaires (Sadio DIALLO,
2006 cité par Neya SIHE, 2008 : 19).
Le développement local a certes de multiples
définitions, mais il faut reconnaître qu'il est avant tout une
dynamique économique et sociale, voire culturelle plus ou moins
concertée, impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur
un territoire donné (Dominique GENTIL, et Bernard HUSSON, 1996 : 67).
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Ce territoire (espace économique et social construit)
n'est pas isolé mais articulé à des espaces plus
vastes.
Le concept de développement local appelle un esprit de
cohésion, de mise en synergie des forces d'une population locale pour le
développement territorial.
Autrement dit, c'est un développement basé sur
la participation des populations à travers les rapports sociaux qui se
développent.
Le développement local est selon Grigori LAZAREV et
Mouloud ARAB: « un cadre d'action politique et programmatique
où convergent, dans une aire régionale cohérente, des
stratégies de développement rural s'adressant principalement aux
communautés rurales, des stratégies de promotion de
l'urbanisation intermédiaire et de diversification des emplois offerts
aux ruraux, enfin des stratégies de gestion des ressources naturelles
»30.
Le développement local est fondé selon Grigori
LAZAREV et Mouloud ARAB (2002 : 37 à 40) sur quatre principes, à
savoir que :
- Le développement local se définit tout
d'abord à partir d'une base territoriale.
Pour déterminer la base géographique des
unités socio-territoriales pouvant servir de base à une approche
de développement, on part du constat qu'il existe, presque toujours, un
niveau d'organisation territoriale où s'établissent les relations
entre d'une part, le tissu social constitué par les communautés
rurales, et, d'autre part, les fonctions administratives primaires, les
fonctions économiques et les services de base (marché,
hôpital, collèges, banque, poste, commerces, activités,...)
qui se localisent dans les bourgs ruraux et centres urbains31.
- Le développement local suppose une
pluralité des niveaux d'actions.
La pluralité des niveaux d'action constitue l'une des
caractéristiques essentielles du développement local. Ainsi, les
actions sur le milieu naturel
30Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002),
Développement local et communautés rurales: approches et
instruments pour une dynamique de concertation, Paris, Karthala, page
15.
31Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002),
Op.cit, page 37.
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doivent être en priorité, décidées
et réalisées avec la participation des usagers directs de ces
ressources. Ce qui conduit à privilégier des niveaux d'actions
tels que les communautés rurales de base, les « terroirs villageois
», les « aires pastorales ».
Il en résulte que les programmes de
développement local doivent être conçus de telle sorte
qu'ils puissent être élaborés et articulés en tenant
compte de plusieurs niveaux de décisions, et plus
particulièrement celui des communautés de base, celui des
institutions de la région, celui enfin du tissu associatif de la
société civile32.
- Les rôles respectifs sont définis selon un
principe de « subsidiarité ».
Le rôle et la fonction de chaque niveau de
décision sont déterminés selon un principe de
subsidiarité. On entend par là que le système
socio-politique dans son ensemble reconnaît que les
responsabilités s'exercent du bas vers le haut. Ainsi, une
communauté rurale doit être reconnue responsable pour tout ce qui
peut entrer dans son domaine de compétence ou dans ses
possibilités matérielles d'exécution. On ne passe au
niveau supérieur de décision et de responsabilité que
lorsque l'on a épuisé les possibilités du niveau
d'organisation socio-politique immédiatement inférieur.
L'application de ce principe au développement local
donne une importance toute particulière au niveau le plus proche du
gouvernement local.
Ce principe définit notamment les rapports entre les
composantes organisées du tissu social local, les communautés de
base et associations diverses, et les institutions du gouvernement
local33.
- Le développement local se fonde sur la notion de
participation, de partenariat et de contractualisation.
Le développement local se fonde en dernier lieu sur une
responsabilisation des communautés rurales en matière de
programmation de gestion des
32 Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002), op.cit., page
39.
33 Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002), op.cit., page
40.
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ressources financières affectées au
développement, d'exécution et de suivi des programmes
d'actions34.
Ces quatre principes articulés et suivis permettront
d'atteindre les objectifs du développement local dont l'enjeu est de
mettre en évidence une dynamique qui relève l'efficacité
des relations non exclusivement marchandes entre les hommes pour valoriser les
richesses dont ils disposent (Bernard PECQUEUR, 2000 : 26).
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