1.4. Contexte socio- démographique
Le Bénin est caractérisé par une
population essentiellement jeune et à dominance féminine plus
marqué en milieu rural. Elle connait une forte croissance. En effet, de
3,33 millions en 1979, elle est passée à 4,92 millions
d'habitants en 1992 puis à 6,77 millions en 2002 dont 61,15% vit en
milieu rural contre 38,85% en milieu urbain (RGPH1 de 1979, RPGH2 de 1961 et
RGPH3 de 2002). De cette progression il se déduit que l'effectif de la
population a doublée en l'espace de vingt-trois ans avec un taux de
croissance intercensitaire de 2,84 sur la période 1979-1992 et 3,25
entre 1992 et 2002.
Ce doublement de l'effectif des béninois montre que
toutes les différentes couches de la population béninoise a
augmenté en particulier celle des femmes en âge de procréer
et des enfants de moins de cinq ans. En effet selon RGPH de 2002, le
Bénin comptait 1600430 femmes en âges de procréer et
1175249 enfants de moins cinq ans. Mais d'après les projections de
l'INSAE pour l'année 2006, on remarque le nombre femmes en âge de
procréer est passé à 3433158 alors que celui des enfants
de moins de cinq ans est de 1361000. De plus la taille des ménages aussi
connu une diminution. Elle s'établit en moyenne à 6 personnes en
1996 (EDS1) et a évolué passant de 5,2 personnes en 2001 (EDS2)
à 5 personnes en moyenne
14 | P age
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
en 2006 (EDS3). Malgré la réduction de la taille
moyenne des ménages entre 1996 et 2006, aucune amélioration de
l'état nutritionnel des enfants n'a été
enregistrée. En effet l'enfant qui vit dans cet environnement est
confronté à un problème de répartition
inéquitable des rations alimentaires au sein de la famille. Ce qui rend
son apport protéino-énergétique insuffisant par rapport au
besoin journalier.
Cette croissance de la population vulnérable (femmes,
enfants de moins de cinq ans) nécessite des efforts substantiels en
matière de production alimentaire, de la fourniture des infrastructures
scolaires et de l'offre des services sanitaires. En effet, on remarque une
faible disponibilité des infrastructures communautaires notamment les
centres de santé maternelles et infantile, les établissements
scolaires et les centres d'alphabétisation.
Au niveau de l'offre des services sanitaires, les
résultats de l'EDS 1 de 1996 indiquent 61% des femmes parcourent une
distance de moins de 5 km pour atteindre le service de santé maternelle
et infantile (SMI) le plus proche. En 2001, on remarque une proportion
importante de femmes (64 % à moins de 5km) disposent d'un dispensaire ou
service de santé maternelle et infantile (EDS2, 2001). Cette proportion
a baissé en 2006. En effet selon l'EDS3 de 2006, on constate que
seulement 47 % des femmes parcourent une distance de moins 5km pour
accéder à un établissement offrant les services dans le
domaine de la suivi, accouchement, suivi des enfants vaccinations,
éducation en matière de santé et de nutrition. Ainsi sur
la période 2001-2006, les centres de santé maternelle et
infantile n'ont pas augmenté de façon proportionnelle à
l'augmentation de la proportion des femmes en âge de procréer. Ce
qui traduit une faible couverture en matière de service de santé
maternelle et infantile.
Par rapport aux établissements scolaires, pratiquement
toutes les femmes (95 %) vivent à proximité d'une école
primaire en 2001 puisque celle-ci est située à moins de 5
kilomètres (EDS2) contre 94% en 2006. Pourtant le niveau d'instruction
des femmes de 15-49ans décroit: la proportion des femmes sans niveau
d'instruction a chuté de 71,2 % en 1996 (EDS1, 1996) à 64 % en
2001 (EDS2, 2001). Cette proportion est restée stable entre 2001 et
2006. Quant aux femmes âgées de 15-49ans qui ont atteint le niveau
primaire, leur proportion a légèrement diminuée passant de
22,4 % en 1996 à 22 % en 2001 et puis à 20 % en 2006 soit une
baisse de 2,4 points de pourcentage (EDS1, 2 et 3). Mais au niveau de celle
ayant atteint le niveau secondaire, on remarque une augmentation de leur
nombre. En effet, la proportion des femmes de niveau secondaire est
passée de 5,3 % en 1996 à 15 % en 2006 soit une
15 | P age
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
augmentation de 9,7 points de pourcentage (Graphique1.4). Pour
les femmes âgées de 15-49ans, leur proportion est restée
stable sur toute la période.
Il existe également des variations importantes d'un
département à l'autre. Du côté des femmes, le
département du Borgou a la plus forte proportion de personnes sans
instruction avec (81 %). Viennent ensuite, le Mono (80 %), Atacora (79 %), le
Zou (73 %) en 1996. Si dans la ville de Cotonou, moins du tiers (31 %) des
femmes est sans instruction en 2001, dans les autres départements, la
grande majorité de la population féminine est sans instruction
(avec des niveaux variant de 79 % dans l'Atacora à 59 % dans
l'Ouémé).
Graphique 1.4: Evolution du niveau d'instruction
des femmes en âge de procréer entre 1996 et 2006
Proportion
|
72,1
64 64
Aucun niveau
|
70,0 60,0
50,0 40,0 30,0 ,00 2 ,00
1 0,0 22,4 22 20
13 15
5,3
Primaire Secondaire Niveau d'instruction
|
0,2 1 1
Supérieur
|
1996
2001
2006
|
Source : exploitation de rapports des EDS I, II et III
Par ailleurs, au niveau national, l'amélioration du
niveau d'alphabétisation est remarquable: le taux passe de 30 % en 1990
à 60,5 % en 2007(DSCRP, 2011); soit une progression de 2 points de
pourcentage par an. Pourtant cette progression demeure très modeste par
rapport au rythme compatible avec le sentier des OMD. En outre, on note que les
activités d'alphabétisation sont en baisse car le nombre de
centres d'alphabétisation est passé de 1391 en 2002 à 1177
en 2003, soit une baisse de 15,4%.
Signalons que le fort taux d'analphabétisme
observé au Bénin influence significativement l'Indice de
Développement Humain même si ce dernier s'améliore
d'année en année. En effet, selon le classement du PNUD (2007),
le Bénin a occupé le 163ième rang sur 177 pays
dans le classement. Selon le Rapport sur le Développement Humain de
2010, l'IDH du Bénin est
16 | P age
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
estimé à 0,347 en 1995 et évolué
en passant de 0,386 en 2000 puis à 0,418 en 2005.Cette évolution
de l'Indice de Développement Humain (IDH) montre que des efforts
considérables restent encore à effectuer quant à
l'alphabétisation notamment des femmes, de la croissance du PIB par
tête et l'espérance de vie. En effet ces statistiques montrent
d'une part les conditions de vie des ménages et d'autre part
reflètent l'insuffisance des infrastructures de santé et
d'assainissement, d'éducation ainsi que l'inadéquate offre de
service sanitaire8.
Eu égard à ce tableau de l'évolution de
la population notamment celle des femmes en âge de procréer et
celle des enfants de moins cinq ans et de la disponibilité des services
communautaires, il en ressort que l'éloignement des
établissements de santé maternelle et infantile semble avoir un
impact direct sur l'état de santé de la mère et de
l'enfant. De plus l'éloignement des établissements scolaires et
le faible nombre de centres d'alphabétisation jouent également un
rôle négatif en matière d'acquisition des connaissances par
les femmes en âge de procréer .Ces éléments peuvent
contribuer largement à l''augmentation de la malnutrition parmi les
enfants de moins de cinq ans.
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