1.3. Evolution de la pauvreté
La pauvreté ayant un caractère
multidimensionnel, est analysée suivant une approche monétaire
(c'est à dire en fonction du revenu ou de la dépense par
tête) ou suivant une approche non monétaire qui est fondée
sur les conditions de vie et du patrimoine des ménages. La
pauvreté monétaire est souvent appréhendée par les
indicateurs habituels d'incidence (P0), de profondeur (P1) et de
sévérité (P2). Elle a été
évaluée en référence à des seuils annuels de
pauvreté qui s'établissent respectivement à 74.886 FCFA
par tête en 2002 et à 82.224 FCFA en 2006 (DSCRP, 2007).
Au Bénin, on note une augmentation de la
pauvreté depuis 2002. En effet, l'incidence de pauvreté se serait
accrue par rapport à 2002, passant de 28,5 % à 36,8 % (EMICoV,
2006). On remarque une disparité dans la manifestation de la
pauvreté. En effet, le phénomène semble s'être
aggravé en milieu rural qu'en milieu urbain. En milieu rural, on y
compte plus de pauvres: l'incidence de pauvreté y est passée de
31,6 % en 2002 à 40,6 % en 2006 alors qu'en milieu urbain la progression
est relativement plus faible (l'incidence de pauvreté est passée
de 23,6 % à 27,2 % en 2006 (voir graphique 1.2). De même, la
profondeur de la pauvreté (P1) se serait accrue sensiblement au cours de
la période, passant de 11 % en 2002 à près de 14 % en 2006
avec un écart plus marqué en milieu rural.
Graphique 1.2 : Incidence de la pauvreté(%) de
2002 à 2006
Incidence de pauvreté
40
50
30
20
10
0
23,6
Urbain Rural Ensemble
Années
27,2
31,6
40,6
36,8
28,5
2002
2006
Source : exploitation des données de QUIBB 2002 et des
résultats provisoires et partiels à partir du premier passage
EMICOV 2006.
Par ailleurs la pauvreté d'existence (non
monétaire) connait un recul qui contraste avec la pauvreté
monétaire. On note sur la base des données du RGPH3 que le
phénomène a touché
13 | P a g e
Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et
tendances de la malnutrition des enfants de moins de
cinq ans au Bénin
près de 43 % de la population en 2002 dont trois fois
plus d'individus en milieu rural qu'en milieu urbain (59,1 % contre 17,7%).
Mais en 2006, cette pauvreté est globalement en recul. En effet, 41,1 %
de la population sont pauvres contre 43 % en 2002 (DSCRP, 2007).
Au regard de l'environnement économique entre 2002 et
2006, l'augmentation de la pauvreté entre 2002 et 2006 peut provenir
d'une faible croissance de la dépense moyenne (« effet croissance
») ou d'une aggravation des inégalités (DSCRP, 2007)
La décomposition de l'évolution de la
pauvreté montre que son aggravation est due essentiellement à la
faible croissance de l'économie, atténuée cependant par la
baisse sensible des inégalités, notamment en milieu urbain
(DSCRP, 2007). Le milieu rural a enregistré la plus forte hausse de
l'incidence de la pauvreté. Elle y a augmenté de 9 points contre
3,6 en milieu urbain. Cette détérioration constatée en
milieu rural est due aux effets défavorables de la faible croissance des
dépenses moyennes de consommation des ménages ruraux et de
l'accentuation des disparités dans la distribution de ces
dépenses. Ceci a pour corollaire la réduction du pouvoir d'achat
de la population et la dégradation des conditions de la population.
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