B- Existence d'opportunités d'emplois
1 Source : Bensaad : « les migrations
transsaharienne, une mondialisation par la marge » Marges et
Mondialisation, Maghreb- Machrek, 2005, n°185, Paris : Choiseul,
pp.13-36
Le choix de la Mauritanie comme pays de transit est au
delà de sa proximité avec l'Europe, motivé par l'existence
d'une offre d'emplois, surtout dans le secteur informel, répondant aux
critères des migrants.
L'explosion urbaine et le passage brutal et massif d'une
société nomade à une société urbaine,
multipliant la demande sur ce terrain, ont fait de ce pays pauvre une niche
d'opportunités de survie pour les migrants sahéliens.
A son indépendance (1960), pays le moins
urbanisé d'Afrique de l'Ouest avec à peine 3% de sa population
vivant dans des villes dont aucune ne dépassait les 10.000 habitants, la
Mauritanie est aujourd'hui majoritairement urbaine et le quart de sa population
vit dans la seule ville de Nouakchott, la capitale qui est passée de
8.000 à 700.000 habitants en 40 ans multipliant ses effectifs par
presque cent !
On retrouve le plus souvent les migrants dans des domaines divers
tels que :
-le secteur des services (le travail de domestique, le
transport, la restauration et l'hôtellerie...),
-le secteur du BTP (Bâtiment et travaux publics), -le
secteur de la pêche.
En plus de la pêche, les migrants occupent des
activités dans l'industrie, l'agropastoral et les divers métiers
urbains dont les besoins augmentent sous l'effet d'une intense urbanisation.
La venue des nouveaux migrants se faisant par le biais des
membres de la communauté déjà installés, une forme
d'autorégulation s'exerce en fonction des capacités d'emplois et
d'accueil. Dans ce pays pauvre avec une concentration de la pauvreté en
milieu rural, les migrants, tous urbains et ayant soit des qualifications soit
des savoir-faire dans les métiers peu qualifiés, ont en
général un niveau de revenus qui se situe au niveau de la moyenne
voire légèrement en dessus, infirmant donc la perception de la
migration comme une concurrence avec la main d'oeuvre locale et une pression
sur le niveau des salaires. Du fait qu'elle répond à des besoins
de main d'oeuvre, la migration est bien tolérée par les
populations locales d'autant qu'elle est le pendant de la présence d'une
diaspora de commerçants mauritaniens dans certains pays d'origine de ces
migrants.
Section 2 : Dimensions socio-économiques de la
migration
Le caractère social de la migration est l'ensemble des
éléments permettant l'amélioration du séjour des
migrants dans les pays hôtes.
La migration vers la Mauritanie est un phénomène
très ancien. En provenance des pays voisins, les flux de migrants ne
peuvent être compris qu'à la lueur des efforts de construction
puis de consolidation de l'Etat entrepris par les élites mauritaniennes
après l'indépendance. La pénurie de main-d'oeuvre dans les
secteurs en forte croissance de la construction et des infrastructures a
considérablement alimenté la demande de travailleurs
étrangers. Dans les années 1990, la migration était
principalement le fait des nombreux
réfugiés et demandeurs d'asile fuyant les
conflits civils qui sévissaient dans des pays voisins comme le
Libéria, la Côte d'Ivoire et la Sierra Leone. Enfin, dans les
années 2000, la Mauritanie s'est progressivement convertie en un pays de
transit, attirant de nombreux migrants irréguliers espérant
rejoindre l'Europe par les Iles Canaries.
Dans cette section, nous tenterons d'analyser l'impact
de la migration de transit sur le développement en Mauritanie
(paragraphe 1), et de voir les catégories des flux migratoires
(paragraphe 2).
Paragraphe 1er : Impact de la migration de transit sur
le développement en
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