A- Description du phénomène
De par sa situation géographique dans le nord-ouest de
l'Afrique et à proximité de l'Europe, la Mauritanie, trait
d'union entre le reste du Maghreb et l'Afrique sub-saharienne est devenue
depuis quelques années la destination de prédilection des
migrants voulant rallier l'Europe.
Cette nouvelle donne ne cesse pas d'inquiéter les
autorités en ce sens qu'elle développe différentes formes
de migration susceptibles à moyen terme de troubler la quiétude
des populations et de menacer les institutions en place.
Les migrants qui transitent par la Mauritanie proviennent en
général de différents pays, parmi lesquels on peut citer
le Sénégal, le Mali, la Gambie, la Côte d'Ivoire...
Le coût du voyage est généralement
supporté par plusieurs membres de la famille voire de la
communauté d'origine. S'il s'agit de projets personnels, la dimension
collective reste toutefois importante. En plus, lorsque les migrants sont
amenés à rester des mois voire des années en Mauritanie,
du fait de leur situation extrêmement précaire de migrants
irréguliers, ils se regroupent et vivent en communauté.
Les migrants quittent aussi leur pays à cause d'une
crainte de persécution ou de violence, d'un manque général
d'opportunités, ou de la combinaison des deux. D'ailleurs l'un des
problèmes auxquels se trouve confrontée une organisation comme le
Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) tient à ce
«mélange» des types de migrants, dans ce que l'on appelle les
«flux migratoires mixtes» ; parmi les personnes arrivant en
Mauritanie, en effet, il se révèle difficile de distinguer les
demandeurs d'asile et les réfugiés d'une part, des migrants
purement «économiques» d'autre part.
Cependant on peut noter qu'un nombre croissant de migrants
ouest-africains évitent les routes centrales du Sahara en naviguant
à partir des côtes mauritaniennes, du Cap Vert, du
Sénégal et d'autres côtes ouest-africaines vers les Iles
Canaries. Ceux qui ont la chance d'atteindre Nouadhibou font face à un
«mur de fer» leur empêchant d'atteindre le territoire
marocain.
La majorité des migrants à Nouadhibou (ville
située à la frontière avec le Maroc) nourrissent
l'ambition d'un départ prochain vers l'Europe, la Mauritanie
n'étant qu'un pays de transit pour eux. Ainsi, dès que l'occasion
se présente, des dizaines de personnes s'embarquent dans des pirogues,
très souvent la nuit, pour tenter leur chance. Celles et ceux qui sont
interceptés se retrouvent au camp de rétention en attendant
d'être rapatriés dans leur pays d'origine. Les autres ne
reviennent pas, soit parce qu'ils ont pu regagner les côtes espagnoles et
font face à d'autres réalités qu'ils ignoraient, soit ils
ont eu moins de chance et ont perdu la vie en mer.
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