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La gestion de la migration de transit en Mauritanie : défi et perspective.

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par Mohamed Mohamed DJIGO
Université de Nouakchott - Master 1 Droit 2010
  

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A- Les rapports UE/Maroc

Le Maroc entretient avec l'UE des relations de coopération fortes ; dans le cadre du Partenariat euro-méditerranéen (conclusion d'une étude menée par Christophe Bertossi «l'immigration clandestine dans l'espace Schengen»), approfondi et complété en 2003 avec la politique européenne de voisinage (initiée par le processus de Barcelone 1995), le Maroc bénéficie d'une aide au développement particulièrement élevée. A travers cet instrument le Maroc bénéficie depuis le 1er janvier 2007, d'une enveloppe budgétaire de 654 millions d'euros pour la période 2007-2010, ce qui fait du Maroc le premier bénéficiaire des fonds européens dans la région. Mais en échange, comme désormais chacun le sait, les autorités européennes exigent de la part du Maroc une plus grande maîtrise des flux migratoires, c'est-à-dire d'empêcher la venue en Europe des flux migratoires irréguliers, qu'ils soient marocains ou issus des pays subsahariens.

Cette politique n'est pas à démontrer : la conséquence est bien de faire supporter au Maroc, comme à d'autres pays du Maghreb (Algérie, Tunisie), les problèmes inhérents à la fermeture drastique des frontières européennes.

Même si le Maroc ne souhaite pas admettre sur son territoire des camps comme ceux de Sangatte par exemple, même si certaines voix s'élèvent pour refuser le rôle de gendarme que veut lui assigner l'Union européenne, il n'empêche que le pays s'est doté, en 2003, d'une loi en matière d'entrée des étrangers sur son territoire des plus répressives qui soient. ( voir " Bulletin officiel " n° 5160 du 18 ramadan 1424 ---13 novembre 2003).

Par ailleurs, il faut noter que les Marocains Résidents à l'Etrangers (MRE) sont nombreux et, comme ils transfèrent des liquidités très importantes (la première ressource en devises provient de ces fonds des migrants), le Maroc a bien évidemment tout intérêt à ne pas empêcher les départs de migrants marocains vers l'Europe ; la position est donc complexe, et ces relations (mi)donnant (mi)donnant entre le Maroc et l'Union européenne font partie intégrante du problème.

B - les accords bilatéraux de migration

Il existe également des accords bilatéraux parmi lesquels on peut citer :

· Les accords bilatéraux avec l'Espagne en 2003 sur la réadmission en territoire mauritanien d'étrangers et l'accord portant sur la gestion des flux migratoires de main d'oeuvre entre les

deux Etats. Cet accord a permis à 40 jeunes mauritaniens de bénéficier de contrats saisonniers en 2008.

· La convention avec le Sénégal en 1992 suite à la normalisation des relations entre les deux pays ;

· Plusieurs conventions relatives à la migration de main d'oeuvre de travail ont été signées avec des pays de la sous région comme la Libye (1995), le Sénégal et le Mali, dans le cadre des accords de l'OMVS en 1980 ;

· L'accord bilatéral en 1992 avec la France sur la migration. Celui-ci est venu à terme et n'a pas encore été renouvelé.

En plus de l'absence de politique de gestion de la migration, le cadre institutionnel de coordination est également insuffisant et on trouve plusieurs acteurs intervenant dans la gestion de la migration interne et externe. Plusieurs accords bilatéraux lient la Mauritanie à ses voisins en matière de main d'oeuvre, leur évaluation mettra en exergue les apports nécessaires pour renforcer leur efficacité.

Les conventions bilatérales de sécurité sociale ont pour objectif de faciliter le séjour des Mauritaniens émigrés à l'étranger et réciproquement des étrangers en Mauritanie et de leur procurer les soins médicaux nécessaires.

La Mauritanie a en revanche conclu plusieurs conventions bilatérales d'établissement avec un certain nombre de pays qui fixent les conditions d'établissement de leurs ressortissants en Mauritanie, protègent leurs biens dans le pays et réglementent leurs transferts. L'exemple le plus marquant est celui de la convention d'établissement signée entre la Mauritanie et le Mali le 25 juillet 1963. Cette convention accorde plusieurs avantages aux nationaux des deux pays signataires. Ils accèdent aux emplois publics et aux libertés publiques dans les mêmes conditions que les nationaux selon la législation du pays d'accueil. Ils sont également assimilés aux nationaux en matière d'exercice de profession libérale.

De manière générale, les dispositions des conventions et traités internationaux prévalent devant le juge mauritanien sur les textes nationaux et ce, en vertu de l'article 80 de la Constitution du 20 juillet 1991. De même, le Conseil constitutionnel mauritanien a introduit dans le bloc de constitutionnalité les pactes de l'Organisation des Nations Unies, de l'Union africaine, de la Ligue arabe et la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Nous constatons que ces accords bilatéraux entre la Mauritanie et les autres Etats souverains ont permis d'accorder aux migrants une relative protection en vue de faciliter leur intégration.

Paragraphe 2 : Facteurs facilitant l'intégration des migrants

Divers facteurs contribuent à la facilitation de l'intégration des migrants comme les instruments internationaux (conventions, pactes et accords) qui peuvent être considérés comme leur «bouclier» de protection. La Mauritanie est signataire de plusieurs conventions et accords qui sont des facteurs décisifs de lutte contre toute forme de discrimination à

l'égard des étrangers qui résident sur son territoire. A titre d'exemple les dispositions du code du travail mauritanien s'appliquent à tous les travailleurs exerçant leur activité professionnelle sur le territoire national nonobstant leur race, couleur, religion ou origine et dans tous les secteurs d'activités. Le code garantit aux migrants se trouvant sur le sol national les mêmes droits qu'aux nationaux (salaires, avantages, droit d'ester en justice, de se syndiquer et même d'appartenir au directoire des syndicats, etc.). En plus de la réglementation peu contraignante de la migration et les divers points communs existant entre ces migrants et les mauritaniens, on assiste de plus en plus à l'établissement d'une sorte de concorde. Pour expliquer ce fait, nous tenterons de voir d'abord la réglementation laxiste sur la migration (A) et ensuite les liens culturels, linguistiques et religieux (B).

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