Section 2 : Transit durable
Outre la menace pour la sécurité nationale,
l'autre conséquence de la migration de transit irrégulier est la
durabilité de ce transit. Les migrants qui tentent l'aventure de
manière irrégulière usent de leur habileté avec des
moyens frauduleux pour traverser le pays tels que la falsification des
documents (passeport, carte d'identité, carte de séjour...) pour
tromper les agents de contrôles. Malgré les manoeuvres
scrupuleuses, ces migrants se heurtent de plus en plus à des
aléas qui rendent ainsi leur traversée incertaine.
On le sait, les migrations irrégulières sont
devenues une préoccupation majeure pour les pays européens dans
leurs relations avec ceux de l'Afrique du Nord. En externalisant vers la rive
Sud de la Méditerranée sa politique de gestion des flux
migratoires, l'Europe a fait du Maghreb une zone tampon ou se joue le sort de
milliers de migrants subsahariens.
Nous évoquerons d'abord le durcissement des
contrôles frontaliers méridionaux (paragraphe 1er) et
ensuite les facteurs facilitant l'intégration des migrants de transit
(paragraphe 2ème).
Paragraphe 1er : Durcissement des contrôles
frontaliers méridionaux
L'Union Européenne fait face à ces migrations en
intensifiant la sécurisation et la surveillance des frontières.
Ce qui ne met pas fin à la question elle-même ou au
phénomène migratoire en général mais oblige ses
acteurs à mettre en place des stratégies de contournement. Les
politiques mises en place à l'échelle européenne ou entre
les Etats ne traitent pas tant de la résolution globale du
problème que de sa mise sous tutelle et de son strict encadrement par
l'augmentation des contrôles.
C'est ainsi qu'Armelle Choplin dans «L'immigré, le
migrant et l'autochtone» écrit : «Sous la pression de
l'opinion publique, l'Union européenne est intervenue dès avril
2006, en mettant en place un dispositif de surveillance dans le cadre de
Frontex, l'agence de gestion des frontières extérieures de l'UE :
un hélicoptère et des vedettes de surveillance ont
été dépêchés pour former les policiers
mauritaniens au contrôle frontalier».
Selon des estimations, plus de 100 000 migrants subsahariens
vivraient actuellement en Mauritanie. On relève qu'en 2006, il y'aurait
eu une croissance remarquable du nombre de tentatives d'atteindre l'Europe.
«Entre janvier et septembre 2006, quelques 24 000 migrants arrivaient sur
les Iles Canaries, comparé à 4 772 en 2005 et 9 900 en 2002.
Pendant les premiers sept mois de 2006, 10 400 migrants on été
appréhendés sur l'ile italienne de Lampedusa au sud de la Sicile,
comparé à 6 900 durant la même période en
2005»3. Face à cet «assaut» des migrants, la
réplique de l'Europe fut immédiate, c'est ainsi qu'on note un
durcissement des contrôles aux frontières méridionales ;
les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla (Nord du Maroc) se transforment en
obstacle infranchissable
3 Sources : Piyasiri Wickramasekra «les jeunes,
travail décent et la Migration irrégulière en provenance
de l'Afrique de l'Ouest, Problématiques et Stratégie »
pour les migrants, l'ile de Fuerteventura est placée
sous la surveillance du système espagnol SIVE (radars et caméras)
au profit de Tenerife ou Gran Canaria.
Le durcissement des contrôles frontaliers se manifeste
également à travers des accords de partenariat dans la sous
région. C'est ainsi que nous verrons successivement les rapports
entre l'UE et Maroc (A) et les accords entre l'UE et la Mauritanie
(B).
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